La durabilité, nouvelle pierre d’achoppement de la finance

AWP

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«Le public s’attend à une importante contribution du marché des capitaux», a affirmé le CEO de la Sfama Markus Fuchs à l’occasion du Lantern Fund Forum à Lugano.

La dimension environnementale et sociale s’impose progressivement comme un aspect indissociable des activités d’investissement. D’une lubie portée par une poignée d’idéalistes il y a près d’un demi-siècle, la durabilité est devenue un aspect incontournable pour l’industrie financière, pour laquelle elle ouvre aussi de nouvelles opportunités.

Cependant, les objectifs en matière de gouvernance environnementale, sociale et d’entreprise (ESG) fixés par l’Organisation des nations unies (ONU) à l’horizon 2030, ne peuvent pas être financés par les gouvernements.

«Le public s’attend à une importante contribution du marché des capitaux», a affirmé Markus Fuchs, directeur général (CEO) de la Swiss Funds & Assets Management Association (Sfama) à l’occasion du Lantern Fund Forum qui s’est tenu lundi à Lugano.

Les électeurs, au même titre que les clients des institutions financières, poussent leurs dirigeants à prendre en compte les aspects liés à la durabilité, a fait remarquer Viviane Reding.

Selon l’ex-vice-présidente de la Commission européenne, s’il sagit d’un phénomène qui s’observe à l’échelle globale, le Vieux Continent est actuellement à l’avant-garde dans la mise en oeuvre de ce concept, alors que «les autres jusqu’ici n’ont fait qu’en parler».

«Dans un premier temps, une pression réglementaire est nécessaire pour faire changer les comportements», assure l’eurodéputée luxembourgeoise, citant l’interdiction des sacs en plastique dans les supermarchés ou des sodas dans les cantines d’écoles.

Par le haut et par le bas

Pour le patron de la Sfama, la pression en termes d’ESG provient non seulement des régulateurs (top-down), mais aussi des marchés (bottom-up), même si dans ce dernier cas, elle est plus le fait des investisseurs institutionnels - au premier rang desquels les caisses de pension - que des privés.

Au niveau réglementaire, la Suisse est «moins contraignante que d’autres pays» en matière de durabilité, mais elle est alignée sur les dispositions internationales, a souligné M. Fuchs.

L’approche «bottom-up» est beaucoup plus efficace que la «top-down», estime Peter Rosenstreich, responsable de la stratégie de marchés de la banque en ligne Swissquote. Selon lui, on a actuellement à faire à rien de moins qu’un «changement idéologique».

Considéré jusqu’à récemment comme un aspect relevant exclusivement de la gestion du risque, le développement durable doit être perçu comme une source de «formidables opportunités d’investissement».

Et pour atteindre cette «nouvelle frontière» et se démarquer, les acteurs du secteur financier doivent prendre les devants en identifiant «les entreprises qui mèneront la charge».

Une fois que la pression de la base s’est installée, il n’y a pas de retour possible, affirme Viviane Reding. Les critères de durabilité correspondent à une aspiration de la population mondiale, indépendamment de l’orientation politique.

«Avec l’augmentation de la pression du marché, celle des régulateurs devient obsolète», explique celle qui a officié comme commissaire sous Prodi, puis Barroso. Ainsi, la Commission européenne a aboli au cours des douze derniers mois pas moins de 120 dispositions réglementaires.

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