La croissance de Nestlé déçoit en 2019, la rentabilité rassure

AWP

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Les actionnaires pourront compter sur une rémunération agrémentée de 25 centimes à 2,70 francs par titre.

Nestlé a généré l’an dernier une maigre croissance de 1,2%, pour engranger un chiffre d’affaires de 92,57 milliards de francs, au terme d’un exercice marqué par d’importants remaniements dans le portefeuille de la multinationale alimentaire, qui a notamment cédé ses activités dermatologiques (Skin health) pour plus de 10 milliards à l’automne dernier.

Le mastodonte alimentaire revendique néanmoins une croissance organique de 3,5% sur l’exercice et une progression des volumes (croissance interne réelle) de 2,9%.

La subdivision Nestlé Waters, sur la sellette et pour laquelle la direction promet de présenter des alternatives dans un avenir proche, a essuyé une nouvelle contraction de ses recettes à 7,8 milliards de francs, contre 7,9 milliards un an plus tôt. Tous les autres secteurs d’activités ont progressé, assure le compte-rendu publié jeudi.

Au niveau opérationnel, l’excédent d’exploitation (Ebit) courant récurrent a gagné près de 5% à 16,3 milliards, moyennant une extension de la marge afférente de six points de base à 17,6%. Le bénéfice net de son côté s’est enrobé de plus d’un quart à 12,90 milliards de francs.

Les actionnaires pourront compter sur une rémunération agrémentée de 25 centimes à 2,70 francs par titre.

Croissance ralentie

Les recettes s’inscrivent quelque peu en deçà des projections les moins optimistes des analystes consultés par AWP, tout comme l’Ebit ajusté dont la marge était attendue à 17,7%. Le bénéfice net en revanche n’était attendu qu’à 12,61 milliards. A deux centimes près, la rémunération des actionnaires correspond aux expectatives.

Croissance organique comme réelle interne manquent le coche pour un dixième de point de pourcentage dans les deux cas.

«Si je devais avoir des regrets pour 2019, ce serait au sujet de l’accent mis sur les externalisations plutôt que sur les rachats dans le cadre de notre gestion de portefeuille», a reconnu en conférence de bilan le directeur général Mark Schneider. Le patron allemand a promis de reprendre les choses en main dès l’année en cours.

Nestlé anticipe une nouvelle poussée de croissance organique modeste sur l’exercice entamé, avant une accélération autour de 5% à compter de 2021 ou 2022, soit avec un ou deux ans de retard sur la feuille de route initiale.

Les frais de restructuration en 2020 doivent représenter un demi-milliard de francs, mais la direction entend étoffer le bénéfice récurrent par action - hors effets de changes - ainsi que la rentabilité de son capital.

Le paquebot alimentaire veveysan souligne qu’il est encore prématuré de tenter d’établir un bilan financier de l’impact de l’épidémie de coronavirus. La multinationale n’a pas été épargnée par les fermetures d’usines imposées par Pékin dans l’Empire du Milieu, en raison de l’épidémie de coronavirus. Nestlé y dispose d’une trentaine de sites de production, dont la plupart ont pu reprendre du service mais à voilure réduite.

Légère déception, grosse réaction

Si les investisseurs risquent aujourd’hui de concentrer leur attention sur les points faibles que représentent la croissance et la rentabilité opérationnelle, Vontobel de son côté tient à souligner les progrès sous-jacents et durables réalisés au cours de l’an dernier. Les nombreux projets de transformation de la multinationale sont tous sur de bons rails, assure la banque de gestion zurichoise.

Les récentes performances affichées par la concurrence laissaient augurer celle aujourd’hui de Nestlé, relève pour sa part Baader Helvea. Le courtier genevois ne tient subséquemment pas rigueur au géant veveysan mais se demande si la reformulation des objectifs à court terme implique ou non une marge opérationnelle moins ambitieuse. L’action Nestlé demeure une valeur défensive diversifiée précieuse en ces temps troublés, poursuit l’établissement.

Plus critique, la Royal Bank of Scotland (RBS) déplore que les perspectives de croissance affichées excluent l’impact encore non quantifiable de l’épidémie de coronavirus en Chine et que l’Empire du Milieu représente à lui seul 8% de l’ensemble des revenus du groupe.

A 11h00, la nominative Nestlé abandonnait 2,3% à 104,62 francs, creusant les pertes d’un SMI en recul de 0,40%.

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