La BoE ouvre la porte à une hausse des taux en cas de soft Brexit

AWP

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La Banque d’Angleterre de Mark Carney a relevé ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre a ouvert jeudi la porte à un resserrement monétaire consistant en cas de Brexit doux, prenant acte de la relative bonne santé de l’économie du Royaume-Uni malgré les incertitudes.

Si le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne se conclut par un «arrangement» avec une période de transition, alors l’accélération de la croissance et de l’inflation pourrait rendre nécessaires «des hausses de taux d’intérêt plus fréquentes que ce à quoi s’attend le marché actuellement», a expliqué le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Mark Carney, dont le mandat arrive à échéance début 2020.

M. Carney s’exprimait lors d’une conférence de presse consécutive à la publication du rapport trimestriel de la BoE sur l’inflation, dans lequel l’institut d’émission a relevé ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020. Cette année, la Banque centrale s’attend désormais à une croissance du produit intérieur brut de 1,5%, soit 0,3 point de plus que dans le rapport de février, et table sur 1,6% (+0,1 point) l’année prochaine.

Pour expliquer ce changement de ton après l’abaissement brutal accompli en février, la Banque d’Angleterre a souligné la bonne performance de l’économie britannique. Le PIB pourrait avoir crû de 0,5% au premier trimestre, un rythme dynamique qui pourrait toutefois s’expliquer en partie par un facteur «temporaire», à savoir la constitution de stocks dans la perspective du divorce avec l’Union européenne.

«Contrairement à la Banque centrale européenne et à la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre n’a pas renoncé à son projet de relever ses taux», a commenté Ian Stewart, analyste pour Deloitte.

«La Banque n’est pas pressée, mais le message pour les marchés est de ne pas sous-estimer la possibilité d’une future hausse», a-t-il ajouté alors que le Comité de politique monétaire (MPC) a indiqué avoir opté à l’unanimité pour le maintien du taux directeur de l’institution à 0,75% et pour la poursuite du programme de rachat d’actifs.

A l’inverse, pour David Lamb de Fexco, M. Carney «est resté étonnamment vague», ce qui explique le peu de réaction de la livre britannique sur le marché des devises.

Inflation sous contrôle

Les membres du MPC ont par ailleurs souligné dans leur compte-rendu que la bonne tenue de l’activité au premier trimestre contrastait avec le ton des enquêtes réalisées auprès des entreprises. Ils ont évoqué la possibilité que les participants aient «surestimé les récents développements» autour du Brexit, engendrant «un biais pessimiste».

Le mois de mars et le début du mois d’avril ont en effet été marqués par les rebondissements politiques incessants autour du Brexit, qui se sont conclus par deux reports successifs.

La sortie du Royaume-Uni est désormais prévue pour le 31 octobre 2019. La BoE estime que les craintes d’un Brexit sans accord et sans transition ont diminué chez les investisseurs. Elle souligne aussi toutefois que les entreprises britanniques jugent, dans leur majorité, qu’une incertitude nuisible à l’investissement se poursuivra jusqu’en 2020.

En dehors du Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a jugé sinon que «la croissance mondiale a montré des signes de stabilisation, et a été un peu meilleure que prévu» depuis la précédente réunion en mars.

Selon elle, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine se sont apaisées et la croissance des deux pays, ainsi que celle de la zone euro, a été supérieure aux attentes.

Concernant l’inflation au Royaume-Uni, qui s’est maintenue à 1,9% sur un an en mars, la BoE table sur un ralentissement au second trimestre, dû à la chute des prix du gaz et de l’électricité.

Dorénavant, les responsables de la Banque centrale s’attendent à ce que la hausse des prix tombe à 1,6% sur un an à la fin de l’année, contre 2% dans le rapport de février. Pour fin 2020, l’inflation est attendue à 2%, niveau jugé idéal par la BoE.

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