La BNS maintient ses taux en territoire négatif

AWP

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Concernant l’évolution du franc, l’institut d’émission a estimé que la devise nationale se situait «toujours à un niveau élevé».

La Banque nationale suisse (BNS) a, sans grande surprise, maintenu jeudi ses principaux taux directeurs en territoire négatif. Concernant l’évolution du franc, l’institut d’émission a estimé que la devise nationale se situait «toujours à un niveau élevé». Les prévisions de croissance pour l’année en cours ont été reconduites, mais celles concernant l’inflation ont été rabotées.

Le taux d’intérêt appliqué aux avoirs à vue est resté en zone négative à -0,75%. La marge de fluctuation du Libor à trois mois a pour sa part été maintenue dans la fourchette de -1,25% à -0,25%, a indiqué la banque centrale dans un communiqué. La BNS va continuer à intervenir «au besoin» sur le marché des changes, «en tenant compte de la situation pour l’ensemble des monnaies», employant les mêmes mots que lors de la précédente évaluation en décembre 2017.

Le franc se situe «toujours à un niveau élevé» et «la situation demeure fragile sur le marché des changes», a averti la BNS dans le cadre de l’examen périodique de sa politique monétaire.

L’évolution sur le marché des devises et les éventuels développements sur le front monétaire font que «le taux d’intérêt négatif et la disposition de la Banque nationale à intervenir au besoin sur le marché des changes restent nécessaires».

Ces annonces étaient largement attendues par les analystes, d’autant plus que la Banque centrale européenne (BCE) n’a également pas bougé jeudi dernier sur ses principaux taux directeurs.

PRÉVISIONS D’INFLATION RABOTÉES

Au chapitre des prévisions, la BNS table désormais sur un taux d’inflation conditionnelle de 0,6% pour l’année en cours, contre 0,7% lors du dernier point de situation. Pour 2019, elle anticipe un taux de 0,9%, après 1,1% et pour 2020 une inflation de 1,9%. Ces projections reposent sur l’hypothèse d’un Libor à trois mois maintenu constant à -0,75% pendant les trois prochaines années.

La banque centrale juge la conjoncture internationale «favorable», soulignant la croissance vigoureuse de l’économie mondiale au 4e trimestre 2017. «Le commerce international est demeuré dynamique, et l’emploi a continué de progresser dans les pays industrialisés, ce qui soutient en outre la demande intérieure», relève la BNS.

Selon elle, la croissance de l’économie mondiale sera également supérieure à son potentiel durant les prochains trimestres. Dans ce contexte, l’institut rappelle que la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) prévoit de poursuivre progressivement la normalisation de sa politique monétaire, alors que celles de la zone euro et du Japon devraient demeurer «très expansionnistes».

Revenant sur l’exercice écoulé, la BNS souligne que le produit intérieur brut (PIB) a connu une croissance de 2,4% au 4e trimestre, en termes annualisés, une croissance à mettre au crédit notamment de l’industrie manufacturière.

Au vu de l’amélioration de l’utilisation des capacités de production et du léger recul du chômage jusqu’en février, la projection de croissance pour 2018 est maintenue à «environ 2%».

La BNS constate par ailleurs que les déséquilibres persistent sur les marchés hypothécaire et immobilier, pointant du doigt l’augmentation du prix des maisons individuelles et des appartements en propriété par étage (PPE), malgré la croissance «relativement faible» des prêts hypothécaires en 2017.

PAS DE HAUSSE EN VUE AVANT FIN 2019

Le président de la BNS Thomas Jordan peut être content du dynamisme de l’économie helvétique et des taux d’inflation clairement ancrés dans le vert, estime dans une note Thomas Gitzel, de VP Bank.

«L’appréciation du franc par rapport au billet vert est une épine dans le pied du garant de la stabilité monétaire», selon l’économiste, qui souligne à quel point la politique monétaire de la BNS est tributaire de l’évolution du marché des devises.

Les regards se tournent désormais vers Francfort: si la BCE devait effectivement mettre un terme aux rachats d’emprunts d’ici la fin de l’année, elle pourrait resserrer sa politique monétaire au 2e semestre 2019. «Cela redonnerait également un bol d’air à la BNS», prédit M. Gitzel, qui n’envisage pas de relèvement de taux en Suisse avant fin 2019.

Les marchés n’ont quasiment pas réagi au statu quo attendu de la BNS. Vers 11h10, la paire EUR/CHF s’établissait à 1,1687, contre 1,1685 juste avant les annonces, alors que la paire USD/CHF se situait à 0,9458 après 0,9451. Le SMI accusait un recul de 0,34% par rapport au cours de clôture de mercredi, à 8840 points, contre 8847 points avant les annonces.