La Banque nationale n'aura pas le monopole de la création d'argent

AWP

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 L'initiative Monnaie pleine devrait être balayée  par 74% des votants, selon les estimations de l'institut gfs.bern.

Le «non» devrait s'élever à 73,8% à Zurich. Les premiers résultats donnent un rejet à 60% à Genève et à 70,7% à Bâle-Ville. Un refus clair et net se profile dans le canton de Vaud. Nidwald repousse l'initiative à 81,9%, Schwyz à 81%, Lucerne à 78,8%, Argovie repousse l'initiative à 78,4%, Glaris à 78% et Appenzell Rhodes-Extérieures à 72,3%, selon des résultats définitifs.

L'éventualité d'une nouvelle crise financière et ses conséquences étaient en toile de fond du débat. L'initiative «Pour une monnaie à l'abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale!» affirmait pouvoir mieux lutter contre les bulles financières et les faillites bancaires.

Les comptes en banque seraient aussi sûrs que des espèces dans un coffre-fort. Et l'Etat n'aurait plus à sauver des banques à coups de milliards versés par les contribuables. Durant la campagne, seule une petite partie du monde politique, essentiellement dans les rangs roses-verts, a été séduite par ses promesses.

Beaucoup ont craint que la Suisse ne joue les apprentis sorciers en se lançant dans une réforme radicale, jamais expérimentée. L'opération était risquée: affaiblissement du secteur bancaire, coûts supplémentaires se répercutant sur la clientèle, indépendance de la Banque nationale remise en cause.

Pour éviter les crises, mieux vaut miser sur des instruments tels que ceux que l'on connaît déjà (minima de liquidités et de fonds propres à respecter, couverture de l'argent déposé à la banque).

Succès malgré tout?

Malgré le net échec de l'initiative, le coordinateur de la campagne romande Jean-Marc Heim, interrogé par l'ats, n'hésite pas à parler d'un succès, car le texte a «réveillé une conscience au sein de la population». Selon lui, une part importante des citoyens se rend compte que la création de monnaie par les banques privées pose un problème.

La rejet de l'initiative n'est pas «une acceptation de la privatisation du franc suisse ni de la situation actuelle», a estimé M. Heim, . «Les problèmes ne sont pas résolus, la prochaine crise financière va arriver», martèle-t-il. Les initiants exigent donc des mesures concrètes de la part du monde politique pour garantir la sécurité du système financier.

«Nous n'abandonnerons pas le combat», assure Jean-Marc Heim. Selon lui, le système bancaire devra être réformé, notamment pour intégrer la numérisation et réglementer les crypto-monnaies. «Notre initiative proposait une solution. De nombreuses questions restent ouvertes».

M. Heim a aussi critiqué la campagne de «peur» menée par les opposants et les contre-vérités qu'ils auraient proférées durant la campagne. Il pointe aussi du doigt les partis politiques qui se sont barricadés pour défendre les lobbies bancaires.

Pas voulu prendre de risque

Le résultat clair a montré que la population ne voulait pas prendre de risque, a dit à l'ats le conseiller national Olivier Feller (PLR/VD), co-président du comité contre l'initiative. «Le peuple n'a pas voulu d'un laboratoire d'expérimentation en matière de politique monétaire et de cette solution hasardeuse».

Pour le libéral-radical, les citoyens aspirent plutôt à davantage de stabilité. Ils estiment qu'il y a d'autres préoccupations, comme les relations avec l'UE, la fiscalité ou les assurances sociales.

Pour Olivier Feller, il n'y a pas d'urgence à agir. De son point de vue, les mesures prises après la crise de 2008 pour accroître la surveillance du système bancaire sont suffisantes. Il évoque notamment la définition de banques systémiques ou la hausse des fonds propres.

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