L’Arc jurassien veut capter davantage de revenus

AWP

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La région veut développer l’économie présentielle et prendre des mesures pour inciter les personnes à s’y domicilier.

L’Arc jurassien souffre de fuite de ses revenus. Pour capter les ressources produites sur son territoire, la région veut développer l’économie présentielle (services, restauration, hébergement) et prendre des mesures pour inciter les personnes à s’y domicilier.

«L’Arc jurassien souffre d’un paradoxe. Son économie productive et exportatrice est très performante mais la région s’appauvrit avec le temps», a déclaré lundi à La Chaux-de-Fonds Nicolas Babey, professeur à la Haute Ecole de gestion Arc. Il a posé ce constat devant 160 personnalités présentes pour les 10 ans de l’organisme de développement territorial arcjurassien.ch.

Si la région est davantage développée que la moyenne suisse en termes d’économie productive, elle est sous-développée en termes d’économie présentielle. Pour 1000 habitants, l’Arc jurassien compte 125 emplois dans ce dernier secteur, contre 165 en moyenne helvétique.

Limiter la pendularité

La région veut agir sur plusieurs axes pour améliorer l’importance de l’économie présentielle. Elle veut notamment favoriser la domiciliation et limiter la pendularité grâce à des allocations de résidence ou à la promotion du coworking.

«On ne peut pas construire un mur pour retenir nos habitants, comme dans l’ex-RDA», a déclaré Erich Fehr, maire de Bienne (BE). Selon lui, comme on ne peut pas développer des infrastructures de transport à l’infini pour les pendulaires, il faut leur donner envie de s’établir sur place par une qualité de vie et une offre culturelle importante.

A la fin années 90, Bienne a perdu beaucoup d’habitants et a mis en place une allocation de résidence pour ses fonctionnaires communaux, a expliqué Erich Fehr. Pour le maire, il faut désormais aussi faire valoir d’autres atouts que «l’argent», même s’il a rappelé que pour de nombreux ménages, le revenu disponible est plus élevé dans sa ville qu’à Zurich, les impôts plus élevés étant largement compensés par des loyers plus bas.

David Eray, président du gouvernement jurassien, a relevé que réduire le flux de pendulaires permet aussi de réduire le flux de trafic dans des tunnels surchargés comme celui de La Vue-des-Alpes (NE) ou des Rangiers (JU). Et au final de faire diminuer les émissions de CO2 et de protéger l’environnement.

Maintenir des écoles

L’Arc jurassien veut aussi attirer davantage de touristes. «Le passeport transports publics gratuits, qui leur est offert, est un bel outil favorisant l’économie présentielle car il permet d’éviter que les touristes ne s’éloignent trop loin un jour de pluie par exemple», a expliqué le ministre jurassien.

Le conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis a rappelé qu’il est important de soutenir certaines régions en y maintenant des écoles par exemple. «A l’issue de sa formation, l’étudiant va sûrement trouver un emploi dans l’industrie locale et construire le reste de sa vie sur place», a ajouté Erich Fehr.

Pascal Broulis estime aussi qu’il faudrait revoir la clé de répartition de la fiscalité en faveur des communes et réfléchir en terme de prestations aux usagers. «La centralisation de la fiscalité pose problème», a-t-il ajouté.

Le territoire de l’Arc jurassien compte 240 communes réparties entre les cantons de Neuchâtel, de Vaud, de Berne et du Jura, «La région souffre d’une situation de morcellement incroyable», a expliqué Nicolas Babey qui milite pour des actions transversales et davantage de coopération pour éviter le «silotage» administratif».

Une app prometteuse

Actuellement, la Chambre d’économie publique du Jura bernois est en train de développer un projet pour améliorer la part locale des dépenses de l’industrie en matière de services. «Il y a un puissant levier de développement pour la région», a précisé son directeur Patrick Linder. «Une app, qui sera un croisement entre Tinder et Tripadvisor, est en train d’être créée» pour mettre en relation les prestataires de services avec l’industrie, a-t-il ajouté.

La journée de lundi a été également l’occasion pour le conseiller d’Etat neuchâtelois Jean-Nathanaël Karakash de remettre la présidence d’arcjurassien.ch à son homologue bernois Pierre Alain Schnegg.