Huawei va se fournir en Europe pour 40 milliards de dollars

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C’est la conséquence directe de la décision de l’administration Trump d’interdire aux entreprises américaines de vendre des technologies au groupe chinois.

Le géant chinois des télécoms Huawei espère atteindre la barre de 40 milliards de dollars (presque autant en francs) d’approvisionnement en Europe sur les cinq prochaines années, afin de compenser l’accès désormais interdit aux produits américains, a annoncé lundi le groupe à l’AFP.

«Dans les années à venir, nous allons nous fournir de plus en plus en Europe, dans les cinq ans cela représentera 40 milliards de dollars d’approvisionnement. C’est une opportunité merveilleuse pour les entreprises européennes», a déclaré lors d’un entretien Ernest Lin Zhang, président pour l’Europe de l’Ouest des activités entreprises chez Huawei.

C’est la conséquence directe de la décision de la Maison Blanche d’interdire aux entreprises américaines de vendre des technologies au groupe, qu’elle soupçonne d’espionnage potentiel au profil de Pékin.

La décision n’est pas non plus sans conséquence pour des groupes tels que Qualcomm, Intel, Micron ou Google, puisque Huawei dépensait jusqu’alors plus de 10 milliards de dollars annuellement en semi-conducteurs, pièces détachées et services divers pour ses smartphones ou équipements réseaux.

«Nous ne pouvons plus nous fournir aux Etats-Unis, nous accroissons donc notre approvisionnement en Chine, au Japon et en Europe afin de nous assurer que nos chaînes de production ne sont pas interrompues», a ajouté M. Zhang.

L’interdiction n’a eu que peu d’impact sur la fourniture des équipements 5G, dans lesquels le groupe assure ne «plus avoir aucun produit américain».

Huawei a par ailleurs expliqué vouloir travailler à la mise en place d’un 'cloud' souverain européen (qui permettrait le stockage et le traitement de données en ligne sans passer par les géants technologiques américains), expliquant fournir les équipements aux opérateurs proposant ce type de services, à l’image du français Orange ou de l’espagnol Telefonica.

«Hors d’Europe, nous fournissons notre propre service mais sur le continent notre stratégie s’appuie sur le développement en commun avec nos partenaires, nous leur apportons un soutien afin qu’ils développent leurs propres services de cloud», a détaillé Ernest Lin Zhang.

«Si les clients passent chez ces opérateurs, c’est bien un acteur européen qu’ils choisissent, les données sont stockées en Europe, nous n’y avons absolument pas accès, elles sont totalement gérées par nos partenaires», a-t-il souligné.

Une manière, selon lui, de répondre aux préoccupations soulevées par les gouvernements et la Commission européenne en la matière, alors que «le marché est largement contrôlé par les entreprises américaines».

Huawei a annoncé mi-octobre avoir livré plus de 400’000 antennes 5G dans le monde, auprès d’une soixantaine de clients, plus de la moitié en Europe.

Malgré les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser de plus de 24% sur les neuf premiers mois de l’année, à 610,8 milliards de yuans (près de 86 milliards de francs).

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