Givaudan «dans les clous» malgré une rentabilité érodée

AWP

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La rentabilité du groupe dirigé par Gilles Andrier a souffert de la hausse du prix des matières premières, mais le groupe genevois a enregistré un bond de son chiffre d'affaires.

Le numéro 1 mondial des arômes et parfums profite notamment de la tendance en faveur de produits «plus sains» avec des ingrédients naturels, secteur où il est bien positionné.

Le chiffre d'affaires a atteint 2,7 milliards de francs (+5,6% sur une base comparable et +7,7% en francs). Le résultat d'exploitation brut (Ebitda) s'est monté 601 millions, une légère progression de 4 millions.

Mais le bénéfice net recule de 3,4% à 371 millions de francs, une contraction attendue, mais plus forte que prévu. Dans l'ensemble cependant, les chiffres - notamment les ventes - sont légèrement supérieurs aux attentes des analystes.

Le directeur Gilles Andrier a indiqué à AWP être très content de l'évolution des ventes dans les zones à forte croissance (pays émergents), comme l'Amérique latine, la Chine ou l'Inde. La hausse y a été deux fois plus importante que dans les «pays matures» (Europe de l'Ouest, Etats-Unis), une tendance inverse à celle observée auparavant. Ce retour en force des pays à forte croissance offre un intéressant potentiel de développement.

Du reste, le groupe a confirmé ses objectifs pour le cycle 2016-2020. A savoir «faire mieux que le marché» grâce notamment à une croissance du chiffre d'affaires de 4 à 5%.

Problèmes d'approvisionnement

En attendant, pour éclairer les chiffres des six premiers mois de l'année, il faut rappeler l'incendie d'une usine BASF en Allemagne, qui fournit les deux tiers du marché mondial des ingrédients en parfumerie. Cet accident «a provoqué une énorme rupture d'approvisionnement pendant huit mois», souligne Gilles Andrier. «Cela a eu un impact sur la rentabilité opérationnelle au 1er semestre et continuera à affecter le second», a ajouté le CEO.

Un deuxième aspect, moins ponctuel, concerne la hausse générale du prix des matières premières utilisées en parfumerie et arômes. Or, il se produit généralement un décalage de quatre à six mois avant qu'une telle hausse puisse être répercutée sur les prix à la clientèle.

D'une façon générale, Gilles Andrier se réjouit du positionnement fort du groupe dans les extraits naturels, un domaine très porteur, en ligne avec la tendance de la recherche du bien-être. Il s'agit par exemple d'extraits naturels pour le goût ou de solutions de remplacement de conservateurs non naturels par des agents naturels, comme des extraits de romarin, ou d'arômes naturels pour les modulateurs de goûts.

L'acquisition de la société française Naturex s'inscrit dans cette tendance. Du reste, depuis 2014, Givaudan a racheté huit entreprises pour un total de 2,4 milliards de francs. Elles génèrent un chiffre d'affaires additionnel d'un milliard.

Le programme d'optimisation Givaudan Business Solutions (GBS) se trouve en bonne voie. Comme prévu, la société dépensera 170 millions de francs jusqu'à mi-2020 pour améliorer son organisation, ce qui devra ensuite dégager des économies annuelles de 60 millions. Ces gains en efficacité auront un impact "modeste" sur les effectifs dans le monde, avec une "baisse très limitée" sur le site de Vernier où le groupe emploie 860 personnes.

Les analystes de Baader Helvea ont applaudi la progression des ventes et la solidité de la rentabilité. Les prévisions à long terme semblent intactes et l'action attrayante au vu des incertitudes géopolitiques.

Pour UBS, la croissance organique a été solide au deuxième trimestre. La majorité des hausses de prix des matières premières, notamment pour les agrumes, est passée, ce qui devrait s'avérer positif pour l'action.

A la clôture, le titre a cédé 3,7% dans un marché SMI qui a fini proche de l'équilibre (-0,05%).

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