Fintech: Philipp Hildebrand vante les qualités de la Suisse

AWP

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Dans le cadre du Lugano Banking Day, l’ex-président de la BNS estime que la Suisse dispose d’un écosystème idéal pour l’essor des technologies financières.

©Keystone

La Suisse est un terreau fertile pour le développement des technologies financières (fintech), a affirmé mardi soir l’ex-président du directoire de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand lors d’une table ronde dans le cadre du premier Lugano Banking Day. Revenant sur l’engouement pour les monnaies virtuelles, il a assuré que si celles-ci ne remplaceront pas les monnaies traditionnelles, certains principes sur lesquels elles sont basées vont profondément changer le visage du secteur bancaire ces prochaines années.

Au nombre des avantages que la Suisse peut faire valoir pour le développement des fintech, celui qui est désormais vice-président auprès du géant de la gestion d’actifs BlackRock a cité un excellent système d’éducation, un secteur bancaire solide, l’esprit d’entreprise et la disponibilité de capitaux.

S’il se montre optimiste pour les actifs liés aux nouvelles technologies, appelées à générer «dans un futur proche» près de 30% des revenus de BlackRock, il reste plutôt sceptique face à l’engouement suscité par les cryptodevises. «Je ne pense pas qu’elles vont remplacer les monnaies traditionnelles» qui remplissent trois fonctions essentielles: stockage de valeur, moyen de transaction et unité comptable.

Du fait de leur fluctuation importante, les devises virtuelles ne sont pas des actifs dans lesquels investir. Revenant sur l’évolution du bitcoin ces derniers mois, l’ex-patron de la BNS a rappelé que la volatilité moyenne a été dix fois supérieure à celle de la livre sterling. «On se trouve dans un contexte de bulle caractéristique», a poursuivi le Londonien d’adoption.

RISQUE ÉLEVÉ ET ABERRATION ÉCOLOGIQUE

Les cryptodevises, qui ne génèrent ni bénéfices, ni liquidités, ni dividende, sont «au mieux des avoirs à haut risque, destinés aux investisseurs prêts à assumer une perte totale», c’est-à-dire pas aux institutionnels, a-t-il asséné.

M. Hildebrand a également soulevé le problème de la non-viabilité écologique liée aux besoins énergétiques colossaux des monnaies virtuelles, la plupart du temps simplement ignorés. «La consommation électrique engendrée par le bitcoin équivaut à deux fois celle de toute l’Ecosse».

Selon lui, il n’est pas souhaitable que les banques centrales deviennent des émetteurs de cryptodevises, insistant sur le fait que la masse monétaire doit être ajustable, de manière à répondre à la demande.

Le Bernois conçoit que les cryptodevises puissent fleurir dans des pays où les institutions financières souffrent d’un déficit de crédibilité, mais estime que les autorités helvétiques devraient considérer comme un risque tout excès d’enthousiasme visant à profiler le pays comme un refuge pour des actifs douteux, susceptibles de financer des activités illégales ou destinés à frauder le fisc.

 

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