Exportation d'armes: les volumes sont en augmentation cette année

AWP

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Les entreprises suisses ont exporté entre janvier et septembre 2018 du matériel de guerre pour un montant de 299,2 millions de francs, dans 61 pays.

Durant les neuf premiers mois de cette année, la Suisse a exporté nettement plus de matériel d'armement que durant la même période l'an passé. Cette hausse de près de 18% pourrait animer le débat sur les exportations d'armes. Mais le Seco relativise ces chiffres.

Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a attiré l'attention jeudi sur les derniers chiffres concernant l'exportation d'armes. Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) a publié les chiffres des trois premiers trimestres mardi sur internet. Ces données se basent sur les indications des intéressés dans leurs déclarations d'exportation.

Selon ces déclarations, les entreprises suisses ont exporté entre janvier et septembre 2018 du matériel de guerre pour un montant de 299,2 millions de francs, dans 61 pays. Ce montant est en hausse de 44,7 millions, soit 17,6%, par rapport à l'année passée. «Les derniers chiffres ne donnent pas l'impression que l'industrie suisse d'armement connaît des problèmes économiques, comme le lobby de l'armement voudrait nous le faire croire», fait-on remarquer du côté du GSsA.

Pas de quoi s'alarmer

Le Seco met en garde contre le risque de surinterprétation. Les relevés trimestriels ne reflètent que la situation à un moment précis. Ils ne disent rien de l'évolution des exportations à long terme, a déclaré le porte-parole du Seco, Fabian Maienfisch à Keystone-ATS. Observé sur plusieurs années, le flux d'exportations serait plutôt en recul, affirme le porte-parole.

Il faut aussi prendre en compte le fait que les résultats intermédiaires peuvent présenter d'énormes variations. Seul le rapport annuel permettra d'établir une vraie comparaison avec l'année dernière, indique Fabian Maienfisch.

Un commerce ambivalent

Le GSsA désapprouve en particulier les exportations vers les pays en situation de conflit. Il relève notamment une transaction réalisée avec des pays impliqués dans le conflit au Yémen, qui s'élevait à 15 millions de francs.

Le Seco a effectivement autorisé depuis janvier des livraisons dans des pays impliqués dans de graves conflits armés. En font notamment partie l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Or ces deux pays soutiennent le gouvernement yéménite dans le conflit qui l'oppose aux rebelles houthis.

Armes «défensives»

Le porte-parole du Seco relativise toutefois les exportations vers l'Arabie saoudite, s'élevant à 2,2 millions de francs. Il s'agit en l'occurrence de pièces de rechange pour un système de défense antiaérienne, soit de matériel de guerre à caractère défensif, précise-t-il.

Il n'y a «aucune raison» selon lui, d'envisager que ce matériel soit utilisé en lien avec le conflit yéménite. Il indique que le Conseil fédéral a refusé des commandes de matériel, quand il a estimé qu'il y avait un risque que celui-ci soit utilisé dans le conflit yéménite.

Le Parlement doit pouvoir décider

Plusieurs articles de presse durant ces dernières semaines et mois ont déclenché de vives discussions en ce qui concerne le matériel de guerre produit en Suisse. Une information a notamment été rendue publique, selon laquelle des grenades à main produites par Ruag auraient pu être utilisées en Syrie et en Libye.

Le Conseil national souhaite par conséquent examiner de plus près les exportations à l'avenir. Il veut que le Parlement se prononce désormais sur les critères d'autorisation des exportations d'armes. Si le Conseil des Etats se range à cet avis, le Conseil fédéral perdra alors cette compétence.

Le gouvernement fédéral aimerait au contraire assouplir les règles: pouvoir autoriser les exportations dans les pays en guerre quand il n'a aucune raison de penser que ce matériel puisse être utilisé dans les conflits

 

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