Chine: fermeté des prix sur fond de guerre commerciale

AWP

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Baromètre des dépenses des ménages, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,3% en août sur un an, après une hausse de 2,1% en juillet.

Les prix à la consommation comme à la production sont restés fermes le mois dernier en Chine, sur fond d’inondations dévastatrices pour les cultures, d’épidémie de peste porcine mais aussi d’escalade de la guerre commerciale avec les Etats-Unis.

Baromètre des dépenses des ménages, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,3% en août sur un an, après une hausse de 2,1% en juillet, a annoncé lundi le Bureau national des statistiques (BNS). Il s’établit au plus haut depuis février.

Cette progression est plus marquée que ce qu’attendaient les analystes sondés par l’agence Bloomberg, qui tablaient en moyenne sur une stabilisation (+2,1%). Le chiffre reste cependant inférieur au niveau-cible de 3% que s’est fixé Pékin pour 2018.

«Ce sursaut des prix s’explique par les difficultés d’approvisionnement de légumes frais et de porc après des inondations» dévastatrices dans un district de la province du Shandong (est) surnommé «le potager de la Chine», décrypte Ting Lu, analyste de la banque Nomura.

De fait, les prix de l’alimentation ont particulièrement grimpé en août, se renchérissant de 12% sur un mois pour les oeufs, de 9% pour les légumes et de 6,5% pour le porc, selon le BNS.

Les prix du porc devraient par ailleurs continuer d’augmenter, le cheptel chinois étant confronté à une épidémie de peste porcine qui entraîne l’abattage de dizaines de milliers de bêtes.

L’inflation des prix à la consommation est aussi alimentée par des facteurs comme «l’envolée des loyers à Pékin, la dépréciation du yuan, et l’escalade des tensions commerciales sino-américaines», insiste Ting Lu.

De fait, cette fermeté des prix coïncide avec l’engrenage de la guerre commerciale entre Pékin et Washington, les deux puissances s’imposant mutuellement depuis juillet des droits de douane punitifs sur plusieurs dizaines de milliards de dollars d’importations.

Pékin a ainsi lourdement taxé le soja américain, alors que les Etats-Unis sont de loin le premier fournisseur de la Chine, de quoi faire grimper dans le pays les prix de ce produit crucial de l’alimentation animale.

Faiblesse du yuan

De leur côté, les prix à la production ont augmenté de 4,1% sur un an le mois dernier, en repli par rapport aux 4,6% enregistrés en juillet, mais toujours en hausse par rapport aux prédictions des analystes (+4%).

«Ils devraient rester fermes, étant donné la robustesse des prix des matières premières», libellées en dollars et dont le prix en yuans augmente drastiquement en raison de l’affaiblissement de la monnaie chinoise, observe David Qu, de la banque ANZ.

La récente et forte dépréciation du yuan, intensifiée par la guerre commerciale, «tire vers le haut les prix des matériaux importés comme le pétrole brut, le minerai de fer, et autres», dont le géant asiatique est un consommateur vorace, note-t-il.

Ces tensions inflationnistes avivent le spectre d’une envolée des prix qui réduirait significativement les marges de manoeuvre de la banque centrale chinoise et du gouvernement pour stimuler l’activité, au moment où celle-ci s’essouffle.

«Mais le renchérissement temporaire des prix alimentaires et des loyers, dû à un manque d’offre, devrait être temporaire», tempère Ting Lu, de Nomura, estimant que Pékin accroîtra de toute façon ses mesures d’assouplissement (sur le crédit) et de relance pour soutenir l’économie.

David Qu se montre plus prudent: «La banque centrale devrait rester prudente sur l’assouplissement monétaire, étant donné les craintes sur la glissade du yuan, et la récente tendance de l’inflation devrait limiter d’autant ses options d’assouplissement», estime-t-il.