Bruxelles exhorte Rome à assainir ses finances publiques

AWP

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La Commission européenne insiste sur «l’urgence» d’une telle mesure en raison des «perspectives économiques qui s’assombrissent» dans ce pays.

La Commission européenne a exhorté mercredi la coalition populiste au pouvoir en Italie à assainir les finances publiques du pays et a insisté sur «l’urgence» d’une telle mesure en raison des «perspectives économiques qui s’assombrissent».

L’Italie «doit prendre des mesures pour améliorer la qualité de ses finances publiques», a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors de la présentation à Bruxelles d’un rapport sur l’évolution économique et sociale des pays de l’UE.

Le commissaire français a également appelé Rome à «accroître l’efficacité de son administration publique et de son système judiciaire; améliorer l’environnement pour les entreprises et renforcer son marché du travail et le système financier».

«L’urgence de le faire est d’autant plus grande que les perspectives économiques de l’Italie s’assombrissent», a-t-il insisté.

M. Moscovici a listé les défis auxquels l’Italie est confrontée: «une dette publique élevée, la faible croissance de la productivité, due également à la lenteur de la reprise des investissements, un chômage structurel élevé et la part décroissante, mais encore élevée, des créances douteuses dans le secteur bancaire».

L’Italie, affectée par le ralentissement de l’économie européenne et les tensions commerciales au niveau mondial, est entrée en récession fin 2018, compliquant encore plus l’équation budgétaire de son gouvernement.

La péninsule, dont le Produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,2% au 4e trimestre, après -0,1% au précédent, est le seul pays de la zone euro dans cette situation.

Prévision beaucoup trop optimiste

Pour faire face à ce ralentissement, le gouvernement italien, formé par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (antisystème), estime nécessaire de mettre en oeuvre un budget expansionniste, et a donc exclu de revoir sa loi de finances, qui table sur un déficit à 2,4% du PIB en 2019, en prévoyant une croissance de 1%.

Une prévision jugée beaucoup trop optimiste par les experts et les institutions internationales. Or, si la croissance est moindre, le déficit risque de se creuser davantage et de créer un nouveau bras de fer avec la Commission européenne, après celui survenu fin 2018, qui s’était achevé par un compromis.

La Banque centrale italienne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance du PIB italien de 0,6% en 2019 et Bruxelles sur 0,2%.

«La Commission européenne restera vigilante et suivra de près l’évolution de la situation en Italie», a insisté le vice-président de l’institution, Valdis Dombrovskis.

Au printemps, «nous évaluerons les mesures politiques et les engagements pris pour corriger les déséquilibres macroéconomiques, en particulier le niveau d’ambition du programme national de réforme», a-t-il ajouté.

Bruxelles doit publier ses recommandations sur les politiques économiques et les budgets des Etats membres le 29 mai prochain, c’est-à-dire après les élections européennes, une décision qui permettra de ne pas parasiter les derniers jours de campagne avec ce sujet controversé, en particulier en Italie, mais aussi en France.

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