Brexit: les députés britanniques votent sur le «no deal»

AWP

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Les députés britanniques se prononcent aujourd'hui sur la possibilité de sortir de l’UE sans aucun accord, alors qu’il reste seize jours avant la date prévue du divorce.

© Keystone

Immédiatement après avoir rejeté le Traité de Brexit, les députés britanniques se prononcent mercredi sur la possibilité de sortir de l’Union européenne sans aucun accord, alors qu’il reste seize jours avant la date prévue du divorce.

C’est l’option dite du «no deal», réclamée par une partie des Brexiters qui imaginent un Royaume-Uni florissant, capable de nouer des accords commerciaux ambitieux à travers le monde à compter du 29 mars.

Ce scénario, synonyme d’un retour des formalités douanières, inquiète en revanche les milieux économiques. Ils n’ont cessé de lancer des avertissements ces derniers mois, entre effondrement de la livre et flambée des prix des importations.

Quitter l’UE dans ces conditions provoquerait «un choc économique», a mis en garde la Première ministre conservatrice Theresa May.

Le vote résulte du rejet mardi soir par les parlementaires, par 391 voix contre 242, du Traité de retrait de l’UE, malgré d’ultimes modifications annoncées lundi par Theresa May à l’issue d’une rencontre à Strasbourg avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Il est prévu vers 19H00 GMT.

«L’impasse»

Conçu pour permettre une sortie en douceur du Royaume-Uni de l’Union européenne, négocié pendant de longs mois par Theresa May, le Traité avait déjà été massivement recalé une première fois le 15 janvier.

«Avec cette décision, nous nous rapprochons de plus en plus d’un scénario sans accord», a réagi mardi soir le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, reprochant au Royaume-Uni de «jouer négligemment avec le bien-être des citoyennes et citoyens et de l’économie».

Ce résultat constitue un désaveu cinglant pour Mme May et pose la question de sa survie à la tête de l’exécutif.

«Je regrette profondément la décision que cette chambre a prise», a-t-elle déclaré mardi soir, l’air fatigué, la voix enrouée, comme une métaphore des difficultés qu’elle rencontre dans ce processus d’une incroyable complexité, né du vote des Britanniques en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016.

Avant de demander à la Chambre des Communes ce qu’elle envisage désormais: «Révoquer l’article 50 (qui a lancé le processus de divorce, ndlr)? Organiser un deuxième référendum ? Ou partir avec un accord, mais pas cet accord?»

Mercredi, un groupe de députés devrait mettre sur la table un plan alternatif prévoyant de repousser le Brexit jusqu’au 22 mai, avec une série d’accords provisoires avec l’UE jusqu’en 2021.

Mais l’Union européenne a déjà fait «tout ce qu’elle a pu», a souligné le négociateur de l’UE pour le Brexit Michel Barnier. «L’impasse peut uniquement être surmontée par le Royaume-Uni», a-t-il tweeté, ajoutant que les préparatifs de l’UE en cas de divorce sans accord «étaient maintenant plus importants que jamais».

Si cette option du «no deal» est rejetée mercredi, le Parlement votera à nouveau jeudi, cette fois sur une proposition de report «limité» du Brexit. L’Union européenne serait «prête à considérer» cette solution si le Royaume-Uni devait en faire une demande «motivée», a déclaré une porte-parole de la Commission européenne.

May en plein bourbier

Mercredi, les journaux britanniques revenaient largement sur le rejet de l’accord: une défaite «humiliante» pour Theresa May, titrait le Daily Telegraph, le Guardian y voyant un nouveau «coup» porté à son autorité.

«Ce qui n’est pas clair, c’est la façon dont la Première ministre a l’intention de se sortir de ce bourbier», soulignait la journaliste politique de la BBC Laura Kuenssberg.

Les modifications obtenues lundi par la dirigeante, qui n’ont donc pas convaincu la Chambre des Communes, portaient sur le «backstop» («filet de sécurité»), la disposition la plus controversée de l’accord.

Il s’agit d’un dispositif de dernier recours qui vise à éviter le retour d’une frontière physique entre les deux Irlande afin de préserver les accords de paix de 1998 et l’intégrité du marché unique européen.

Ce «filet de sécurité» est devenu le principal point d’achoppement des négociations, une partie de la classe politique britannique y voyant un «piège» pour maintenir leur pays arrimé indéfiniment à l’UE.

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