Brexit: largesses budgétaires contre l’accord des députés

AWP

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Le ministre des Finances Philip Hammond va dévoiler ses orientations budgétaires mercredi au milieu d’une série de votes cruciaux pour l’avenir du pays.

Le gouvernement britannique va présenter mercredi les comptes de la nation et conditionnera un relâchement de l’austérité budgétaire à l’approbation, la veille, de l’accord sur le Brexit par les députés.

Le ministre des Finances Philip Hammond ne pouvait pas choisir un moment plus crucial pour dévoiler ses orientations budgétaires devant la Chambre des Communes au milieu d’une série de votes cruciaux pour l’avenir du pays.

Quand il prendra la parole mercredi à la mi-journée de longs mois de tractations sur le Brexit seront sur le point de se dénouer et les députés se seront prononcés le jour la veille sur l’accord négocié entre Londres et Bruxelles.

L’austère chancelier a mis tout son poids pour rallier des soutiens dans son camp conservateur à l’accord porté par sa Première ministre Theresa May. Il promet depuis plusieurs mois que s’il y a un accord sur la sortie de l’UE, le pays pourra profiter d’un «dividende du Brexit».

Autrement dit, le Trésor est disposé à offrir une récompense en augmentant les dépenses publiques, ce qu’il pourra faire d’autant plus facilement que des finances du pays en meilleur état que prévu le lui permettent.

Mais en cas de Brexit sans accord, ce matelas devrait être en grande partie consacré à soutenir une économie qui risque un sévère choc dans ce scénario honni des milieux d’affaires.

«Nous disposons des ressources budgétaires nécessaires, mais nous les tenons en réserve en raison de la possibilité d’une sortie de l’UE sans accord pour soutenir l’économie», a rappelé M. Hammond sur la BBC.

Dans ce cas «cela signifierait que l’argent ne pourrait pas être dépensé par exemple pour la police ou le service de santé», a ajouté le ministre. Deux postes particulièrement sensibles au moment où une série d’attaques au couteau suscite l’émoi et que les services d’urgence des hôpitaux sont au bord de l’asphyxie.

Prévisions économiques délicates

Le statu quo budgétaire n’est toutefois pas à exclure car, dans le cas où l’accord sur le Brexit était rejeté mardi, les députés seraient alors appelés dès mercredi soir à se prononcer sur l’opportunité de quitter l’UE sans accord dès le 29 mars. Si cette option était écartée, les députés voteraient à nouveau jeudi, cette fois sur un report du Brexit.

D’ici là, l’enjeu pour M. Hammond sera de savoir si sa promesse de largesses budgétaires après une décennie d’austérité suffira à convaincre les parlementaires les plus réticents.

La semaine dernière, l’annonce par le gouvernement du lancement d’un fonds de 1,6 milliard de livres destiné à des régions sinistrées a déjà fait grincer des dents. Le Labour avait alors accusé l’exécutif conservateur d’»acheter» le soutien des députés.

Malgré une croissance ralentie par le brouillard du Brexit, le Trésor bénéficie paradoxalement de vents favorables pour ses finances avec des rentrées fiscales plus élevées que prévu, sur fond de taux de chômage au plus bas et de salaires en nette hausse. De quoi pouvoir dépenser un peu plus sans menacer l’objectif de réduction du déficit.

Sa marge de manoeuvre dépendra en outre des nouvelles prévisions économiques pour les années à venir présentées par l’organisme public OBR, qui devrait nettement abaisser son estimation de croissance pour 2019 dans le contexte de flou autour du Brexit.

Mais M. Hammond l’a toutefois assuré au Financial Times ce week-end: «les prévisions sur lesquelles nous travaillons ne reflètent pas le potentiel de rebond de l’économie britannique cette année si nous avons un accord et une sortie en douceur».

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