Bilan trimestriel en demi-teinte pour les banques de Wall Street

AWP

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Les performances de JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Citigroup et Wells Fargo constituent une bonne surprise face à la pression des taux d’intérêt bas.

Quatre des six grandes banques américaines ont publié mardi un bulletin de santé trimestriel contrasté, le niveau élevé de leurs bénéfices ne levant pas toutes les interrogations sur une possible récession de l’économie, menacée par les tensions commerciales et géopolitiques.

JPMorgan Chase, Goldman Sachs, Citigroup et Wells Fargo, quatre des six grandes firmes du pays, ont dégagé un total de 19,6 milliards de dollars de bénéfices au troisième trimestre, dont 9 milliards pour la seule JP Morgan Chase.

Bank of America et Morgan Stanley publient leurs résultats dans le courant de la semaine.

Leur performance d’ensemble est une bonne surprise pour les milieux financiers, qui anticipaient le pire en raison d’une cascade de facteurs négatifs pour le secteur bancaire, à commencer par les taux d’intérêt bas.

Face au ralentissement de l’économie mondiale, la Réserve fédérale (Fed) a abaissé son taux directeur, le 18 septembre, dans une fourchette comprise entre 1,75% et 2%. En clair, emprunter de l’argent devrait devenir de moins en moins cher, au grand dam des banques qui devraient voir baisser leurs revenus tirés de leur activité de prêt.

Les revenus nets d’intérêts, c’est-à-dire les recettes générées par les activités exposées aux taux d’intérêts, n’ont ainsi augmenté que de 2% chez JPMorgan Chase, et diminué de 3,9% chez Wells Fargo.

Les traders sourient

Les provisions liées aux impayés des ménages ont bondi de 67% chez Goldman Sachs, tandis que les recettes de Citi, la banque de détail de Citigroup, ont stagné.

Malgré ces indicateurs contrastés, les dirigeants des établissements ont mis en avant le fait que le nombre d’emprunteurs ne remboursant pas leur emprunt était stable dans l’ensemble, que la consommation demeurait au beau fixe, comme l’illustre l’augmentation de 11% des revenus générés par les crédits à la consommation chez Citigroup.

«Les consommateurs sont en bonne forme», s’est félicité Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

Il a écarté l’idée d’une récession à court terme aussi bien de l’économie mondiale qu’américaine, même s’il a observé un «léger ralentissement» aux Etats-Unis: «l’immobilier et les salaires demeurent solides», a-t-il dit.

Le dirigeant a néanmoins fait remarquer que la confiance des milieux d’affaires et les investissements avaient faibli à cause des risques géopolitiques et des tensions commerciales.

Les entreprises et les investisseurs ont opté pour la prudence en raison des incertitudes entourant par exemple la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, les deux premières économies mondiales.

Ils scrutent également la situation à Hong Kong, les tensions au Moyen-Orient et les négociations liées au Brexit en Europe.

Cet attentisme a notamment affecté la performance de Goldman Sachs, dont les recettes générées par les banquiers d’affaires ont chuté de 15%, conséquence d’une relative accalmie sur le front des fusions-acquisitions et des déconvenues des entreprises conseillées par la banque lors de leur entrée à Wall Street.

Le sourire est en revanche revenu dans la plupart des salles de marché: les recettes des traders des produits financiers liés aux matières premières, devises, obligations (Fixed income) chez JPMorgan Chase se sont envolées de 25%, un niveau plus vu depuis de nombreux trimestres.

A Wall Street,le KBW, l’indice du secteur bancaire prenait 0,95% vers 15H35 GMT, tandis que JPMorgan Chase gagnait 2,67, Citigroup 1,01% et Wells Fargo 0,83%. L’action Goldman sachs reculait de 2,17%.

Si la série de mesures annoncées récemment par la Fed pour éviter une crise de liquidités a alarmé certains observateurs, elle s’explique, selon les grandes institutions de Wall Street, par la volonté de la banque centrale d’encourager les banques à se prêter davantage entre elles plutôt qu’à puiser dans leurs réserves. En effet, «les réserves de certaines banques ont diminué et se trouvent sous les niveaux fixés par l’institut», selon Jamie Dimon.

La Fed va acheter des bons du Trésor au moins jusqu’au deuxième trimestre 2020 tout en poursuivant des opérations «repo» (rachat des prises de fonds en pension) au moins jusqu’à la fin janvier 2020.

Ces opérations de «repo» sont essentielles pour permettre aux acteurs financiers de trouver, au jour le jour, les liquidités nécessaires à leur activité. Les taux de repo avaient brusquement bondi à 10% en septembre.

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