BCE: l’inflation diminue, l’heure d’une pause pour les taux sans doute venue

AWP

2 minutes de lecture

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a laissé entendre que l’institution de Francfort allait entrer dans une phase de stabilisation.

La Banque centrale européenne (BCE) pourrait laisser ses taux inchangés jeudi, après dix hausses d’affilée, une pause nécessaire pour évaluer l’impact du resserrement monétaire au moment où l’inflation marque un net recul en zone euro.

En septembre, la BCE avait de nouveau relevé tous ses taux directeurs au terme d’une discussion serrée jusqu’au bout, marquée par un dilemme entre lutte contre l’inflation encore tenace et signes de contraction de l’activité économique.

Le principal taux directeur rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, a été porté à son niveau historiquement haut de 4,00%.

Mais les responsables de la BCE, qui se retrouvent à Athènes pour cette réunion hors-les-murs, vont cette fois choisir le statu quo sur leur arme principale de lutte contre l’inflation, selon les économistes.

La présidente de la BCE Christine Lagarde a laissé entendre ces dernières semaines que la trajectoire de hausse des taux sans précédent, amorcée en juillet 2022, touchait à sa fin et que l’institution de Francfort allait entrer dans une phase de stabilisation.

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a lui jugé «approprié» le niveau actuel des taux directeurs, se disant confiant quant à un repli de l’inflation autour de l’objectif de 2% de la BCE, d’ici 2025.

Le risque Proche-Orient

Les données économiques publiées ces dernières semaines plaident pour laisser les taux inchangés, avec une activité faible qui pointe vers une contraction du produit intérieur brut de la zone euro au troisième trimestre.

L’inflation a de son côté surpris à la baisse, passant de 5,2% en août à 4,3% en septembre, en glissement annuel, pour revenir à son niveau d’octobre 2021.

La progression de l’indice a été plus que divisée par plus de deux depuis le record de 10,6% sur un an en octobre 2022, quand les effets de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz et du pétrole se faisaient sentir à plein.

La croissance des crédits accordés au secteur privé en zone euro a de nouveau fortement ralenti en septembre, preuve que les hausses de taux, qui renchérissent le coût du crédit pour les ménages et les entreprises, continuent de produire leur effet.

Cependant, «les risques de regain d’inflation demeurent et ont augmenté» en raison de la crise au Proche-Orient qui poussent déjà les prix du pétrole et du gaz à la hausse, note Fritzi Köhler-Geib, cheffe économiste à la KfW.

«La crise au Proche-Orient ravive les risques d’un choc d’offre lié à la hausse du prix du pétrole», relève aussi Franck Dixmier, d’Allianz Global Investors.

La question des hausses futures de salaires susceptibles d’alimenter l’inflation est aussi primordiale.

Parmi les raisons de ne pas en rajouter sur les taux figure la forte hausse des rendements obligataires qui participe au durcissement des conditions financières pour l’économie.

Mme Lagarde pourrait profiter de la réunion pour exhorter les Etats à adopter une politique budgétaire plus stricte, afin d’aider à la baisse des taux d’intérêt et alléger les tensions sur les rendements des obligations souveraines, notamment sur l’emprunt italien.

De la pause au plateau

Avec toutes les nouvelles incertitudes sur la table, «il n’y a pas eu de meilleur moment au cours des seize derniers mois pour que la BCE marque une pause» jeudi, résume Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Mais ce répit «ne préjuge en rien de la suite», souligne M. Dixmier.

Cela signifie que Mme Lagarde laissera «ouverte l’option de futures nouvelles hausses de taux», croit Jack Allen-Reynolds, de Capital Economics.

L’institution monétaire pourra préciser ses intentions lors de sa réunion de décembre, en fonction des derniers chiffres d’inflation et d’un nouveau jeu de projections économiques prolongé à l’horizon 2026.

Si l’inflation poursuit lentement son recul, la «pause» pourrait alors se transformer en «plateau», selon l’expression qui commence à être employée par des économistes, avec une première baisse des taux attendue au plus tôt dans la seconde moitié de 2024.

A lire aussi...