Allemagne: les menaces sur la croissance se précisent

AWP

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Pour 2020, le gouvernement allemand n’attend plus qu’un modeste 1,1% de croissance, au lieu des 1,5% encore espérés au printemps dernier.

Le gouvernement allemand devrait jeudi revoir ses prévisions de croissance en baisse pour l’an prochain, au moment où il est sous pression croissante de ses partenaires pour enclencher des mesures de relances.

Les nouvelles estimations du ministère de l’Economie sont attendus en début d’après-midi.

Pour 2020, il n’attend plus qu’un modeste 1,1% de croissance, au lieu des 1,5% encore espérés au printemps dernier, affirme l’hebdomadaire Del Spiegel.

Pour l’année en cours 2019, d’après le journal, les experts du ministère s’en tiennent à leur prévision déjà très basse de 0,5% de croissance, un chiffre historiquement faible comparé aux 2,2% de 2017 et 1,4% l’an dernier.

Récession?

Cette année, la première économie de la zone euro se rapproche pour la première fois en neuf ans d’une récession, à savoir deux trimestres consécutifs de baisse du PIB.

Le recul déjà observé de 0,1% observé au deuxième trimestre devrait être suivi par une nouvelle contraction au troisième trimestre, selon la Bundesbank.

Ce coup de frein marque la fin d’une décennie dorée pour la pays suite à la crise de 2008, marquée par une forte croissance nourrie par les exportations et une solide demande intérieure.

Mais les conflits commerciaux divers engagés par Washington, les difficultés du secteur automobile allemand suite au scandale des moteurs diesel, comme les incertitudes sur le Brexit, sont en train de transformer le pilier de la croissance allemande – les exportations – en talon d’Achille.

En Allemagne, les plans de licenciement se multiplient depuis plusieurs mois, le rythme des créations d’emploi ralentit et tous les signaux économiques sont au rouge.

Ce contexte morose nourrit depuis plusieurs mois un débat sur un possible arrêt de la rigueur budgétaire allemande, que symbolise la politique du gouvernement Angela Merkel du «zéro endettement» - et l’opportunité pour le pays de dépenser plus pour stimuler la conjoncture. D’autant que les caisses publiques sont pleines avec des excédents budgétaires depuis des années.

Appels de la France et du FMI

«Nous devons discuter intensivement du +zéro endettement+ avec nos partenaires allemands», a mis en garde il y a une semaine le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, dans une interview au quotidien allemand Die Welt.

«Je reste convaincu qu’il est possible d’investir davantage (...) les pays qui peuvent se le permettre devraient investir davantage et utiliser leur marge de manoeuvre budgétaire pour alimenter la croissance dans l’ensemble de la zone euro», a-t-il plaidé.

Même son de cloche mardi de la part du Fonds monétaire international (FMI). Il a recommandé mardi une fois de plus à l’Allemagne d’investir davantage, étant «donné ses marges de manoeuvre budgétaires».

Le FMI ne s’attend plus lui aussi qu’à 0,5% de croissance dans le pays cette année et 1,2% l’an prochain. Toute la zone euro est du coup tirée vers le bas.

Le sujet devrait être discuté à partir de jeudi à Washington lors du G20 des ministres des Finances et de l’économie.

Mais pour Berlin, ce ralentissement n’a pas encore le profil d’une crise et le gouvernement résiste jusqu’ici aux appels de ses partenaires. Il préfère conserver ses excédents pour financer ses retraites à venir.

Dans le même temps, le gouvernement communique de plus en plus ouvertement sur ses marges de manoeuvre si la situation devait encore se dégrader.

«L’Allemagne a la puissance de frappe nécessaire en cas de véritable crise», confiait mardi à la presse un responsable du ministère des Finances. Il a notamment évoqué des aides ponctuelles à des secteurs en difficulté, comme celui des machines outils.

L’aile gauche du parti social-démocrate allemand, celui du ministre des Finances Olaf Scholz, réclame aussi un assouplissement de la politique de l’équilibre budgétaire à tout prix.

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