ABB cède le contrôle de sa division Réseaux à Hitachi

AWP

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La transaction, dont la finalisation est attendue au premier semestre 2020 est basée sur une valeur d’entreprise de 11 milliards de dollars. Le titre recule.

Le conglomérat ABB va bel et bien vendre sa division d’équipements pour réseaux électriques (Power Grids) à son homologue japonais Hitachi. Dans la foulée, l’entreprise revoit à la hausse ses objectifs à moyen terme et réorganise ses unités d’affaires.

Moins d’une semaine après les premières rumeurs, le groupe zurichois a donc confirmé lundi dans un communiqué le rachat par Hitachi de 80,1% de Power Grids pour 9,1 milliards de dollars (presque autant en francs). La transaction, dont la finalisation est attendue au premier semestre 2020 - sous réserve des autorisations réglementaires d’usage - est basée sur une valeur d’entreprise de 11 milliards.

Ajustée des coûts de transaction (500-600 millions) et fiscaux (800-900 millions), elle devrait générer un produit net de 7,6 à 7,8 milliards de dollars, dont la totalité sera allouée «rapidement et efficacement» au retour de valeur aux actionnaires «moyennant un rachat d’actions ou un mécanisme similaire».

Dans un premier temps, ABB conserve 19,9% de ses parts dans Power Grids, afin «d’assurer la transition». Le groupe pourra exercer ses droits de cession trois ans après la finalisation de la transaction, à un prix «correspondant à la juste valeur de marché à ce moment, mais d’au moins 90% de la valeur d’entreprise convenue», précise le communiqué.

Le numérique dans le viseur

Au 1er avril 2019, le conglomérat technologique zurichois simplifiera sa structure. Parmi les quatre futures divisions du groupe, deux sont les existantes Electrification et Mobilité, alors que celle d’Automation a été scindée en deux unités, industrielle et robotique.

«L’annonce d’aujourd’hui ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire d’ABB», s’est réjoui le président du conseil d’administration Peter Voser, soulignant son intention de s’orienter encore plus sur l’industrie numérique, tout en assurant un «retour compétitif pour les actionnaires, y compris une politique de dividende engagée».

Dans la foulée, la direction a revu ses objectifs à moyen terme. ABB vise désormais une croissance annuelle comprise entre 3-6% à périmètre constant, ainsi qu’une marge opérationnelle (Ebita) de 13-16%. Dans les dernières ambitions formulées en septembre, la barre avait été fixée à 3-5% pour la croissance et 11-16% pour la marge Ebita.

Transaction longue et complexe

Interpelé en téléconférence sur la durée de la transaction, le directeur général (CEO) Ulrich Spiesshofer a rappelé que la division est présente dans plus d’une centaine de pays. En particulier en Chine et en Inde, elle est impliquée dans un grand nombre de coentreprises, qui devront être réorganisées.

Le patron d’ABB ne s’attend pas à des obstacles réglementaires d’envergure, dans la mesure où les activités vendues ne se recoupent pas avec celles correspondantes de Hitachi.

Interrogé sur d’éventuels ajustements en termes d’effectifs, M. Spiesshofer a affirmé que l’entreprise «concentre ses efforts sur l’embauche de collaborateurs et pas la suppression de postes», sans plus de détails. Il a confirmé en revanche que le siège de Hitachi-ABB Power Grids resterait en Suisse.

Prenant le contrepied des prévisions conjoncturelles moroses, le CEO a justifié son optimisme par la bonne dynamique des entrées de commandes, ainsi que par la volatilité réduite suite à la transaction.

La rentabilité va dans un premier temps se contracter, a indiqué le directeur financier (CFO) Timo Ihamuotila, en raison des charges non récurrentes liées à la transaction. Elle devrait se redresser dès le premier semestre 2020 pour atteindre la nouvelle fourchette visée.

Activistes et analystes satisfaits

Dans un communiqué, l’actionnaire activiste Cevian, détenteur de 5% d’ABB - qui avait longtemps prêché en faveur d’un désinvestissement de Power Grids - a fait part de sa satisfaction. «Nous soutenons pleinement et entièrement la direction stratégique prise par le conseil d’administration et la direction», a fait savoir Lars Förberg, co-fondateur de Cevian.

Les annonces d’ABB n’ont en revanche pas suscité l’enthousiasme des organisations de défense des travailleurs. Le syndicat Unia et la faîtière Employés Suisse y voient une décision motivée par le profit et au bénéfice des actionnaires, mais se montrent optimistes pour ce qui est du maintien des emplois.

Du côté des analystes, les avis sont dans l’ensemble positifs, même si la formulation des nouveaux objectifs fait froncer quelques sourcils à la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui rappelle que la vente répond aux exigences de plusieurs groupes d’actionnaires.

Largement anticipée par le marché, la confirmation de l’opération n’a pas ému les investisseurs outre mesure. A la Bourse, l’action ABB a fini en recul de 1,8% à 19,25 francs, dans un SMI en baisse de 1,27%.

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