La Bourse de Shanghai s’est effondrée de plus de 4% vendredi tandis que celle de Hong Kong perdait près de 2%, dans des marchés inquiets de l’assombrissement des perspectives économiques en Europe et de la chute du commerce extérieur chinois en février.

Le principal indice de la place hongkongaise, le Hang Seng, a clôturé sur une baisse de 1,91% (soit 551,03 points) à 28.228,42 points.

En Chine continentale, l’indice composite de Bourse de Shanghai a plongé de 4,40% à 2.969,86 points, et l’indice de référence de la Bourse de Shenzhen de 3,79% à 1.605,28 points.

Cette chute brutale a des airs de douche froide en Chine après deux mois d’euphorie boursière: la place de Shanghai s’est envolée d’environ 20% entre début janvier et fin février, dopée par l’optimisme sur un accord commercial avec les Etats-Unis.

Mais cet enthousiasme s’est fissuré vendredi, avec l’amoncellement de nuages sur la conjoncture mondiale.

Ainsi, la Banque centrale européenne (BCE) a sabré jeudi ses prévisions pour la croissance en zone euro, tout en renforçant son soutien à l’économie: une décision inattendue qui traduit ses inquiétudes.

Dans la foulée, les places mondiales ont trébuché, Wall Street en tête, avant que les Bourses asiatiques ne lui emboîtent le pas.

Des statistiques décevantes sur le commerce extérieur chinois ont encore assombri le tableau vendredi: les exportations se sont effondrées de 20,7% sur un an en février, quatre fois plus qu’attendu, tandis que les importations aggravaient leur repli -- avivant les craintes sur la santé économique du géant asiatique.

«Toutes ces variables, prises ensemble, commencent à dépeindre des perspectives beaucoup plus moroses de la conjoncture planétaire», a observé Lindsey Piegza, économiste du cabinet Stifel Nicolaus & Co, interrogée sur Bloomberg TV.

Et ce au moment où la contre-attaque du géant chinois des télécoms Huawei, qui a lancé une procédure judiciaire contre les Etats-Unis, semble par ailleurs compromettre l’avancée des pourparlers commerciaux sino-américains.

A Hong Kong, les groupes pétroliers ont bu la tasse, lestés par les craintes sur la demande énergétique mondiale, à l’image de Sinopec (-3,01% à 6,44 dollars hongkongais) et PetroChina (-1,95% à 5,03 dollars).

Le géant technologique Tencent a perdu 2,31% à 347 dollars, le spécialiste russe de l’aluminium Rusal s’est effondré de 5,33% à 3,55 dollars, tandis que l’assureur AIA cédait 2,09% à 75,00 dollars.

En Chine continentale, la chute boursière a été intensifiée par un avis de la puissante maison de courtage Citic incitant à vendre l’action de l’assureur PICC, estimant que le titre «largement surévalué» pourrait fondre de moitié sur l’année. Il avait bondi de 10% quotidiennement sur cinq séances consécutives.

Un autre courtier a lui appelé à vendre les actions de la firme financière CSC Financial.

Réputés avoir reçu l’approbation des autorités, «ces avis ont douché la fièvre des investisseurs» en alimentant une débâcle des valeurs financières, a observé dans une note le courtier Guangzhou Wanlong.

Selon lui, Shanghai et Shenzhen «ont subi des ajustements face aux mauvaises nouvelles en Chine et au plongeon des Bourses mondiales après les récents gains».

PICC comme CSC Financial ont plongé de 10% (la baisse maximale autorisée quotidiennement), à 11,55 yuans et 28,04 yuans respectivement. L’assureur China Life a lâché 7,22% à 28,16 yuans.

Le géant des spiritueux Kweichow Moutai s’est replié de 1,48% à 737,50 yuans.

«Les marchés chinois n’arrivent pas à se stabiliser d’eux-mêmes. Soit ils s’envolent au zénith, soit ils dégringolent», observe Dong Baozhen, du gérant d’actifs Beijing Lingtongshengtai, cité par Bloomberg. Et si le gouvernement n’intervient pas, «les risques s’accumulent», note-t-il.

Nommé en janvier, le nouveau président du gendarme des marchés financiers (CSRC), Yi Huiman, a martelé son ambition de rendre plus transparentes et efficaces des Bourses chinoises dominées par des investisseurs individuels impulsifs et imprévisibles.