Le marché de la dette peu sensible aux minutes de la Fed

AWP

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Le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne s’est détendu à 0,706%. Le rendement de même maturité de la France a pour sa part peu varié, terminant à 0,981%.

Les taux d’emprunt des pays de la zone euro ont évolué en ordre dispersé jeudi, restant peu sensibles à la tension des rendements américains la veille dans le sillage des minutes de la Fed tandis que celles de la BCE n’ont réservé aucune surprise.

«Ce qui était important était la digestion des minutes de la Fed car elles tombaient très mal, en plein milieu d’une semaine très dense en termes d’adjudications d’obligations du Trésor américain» avec quelque 243 milliards d’émissions aux Etats-Unis, a observé auprès de l’AFP Eric Vanraes, un gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza.

Dans son compte-rendu publié mercredi et portant sur sa réunion des 30 et 31 janvier, «la Fed ne s’est pas montrée préoccupée par l’inflation mais elle a l’air de dire en revanche que la croissance sera plus forte, tirée par la réforme fiscale américaine, ce qui pourrait entraîner quatre hausses de taux plutôt que trois cette année», a-t-il complété.

Ces commentaires ont entraîné une nette tension du rendement américain à dix ans, qui a signé mercredi un nouveau plus haut depuis 2014, avant de se raviser.

La contagion n’a toutefois pas gagné la zone euro, qui semblait plus sensible ce jeudi aux indicateurs publiés dans la matinée qu’à la tension des taux américains ou au compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale américaine (BCE).

Cette dernière est apparue divisée en janvier sur le moment d’amorcer un retrait de son soutien massif à l’économie. Certains membres du conseil des gouverneurs ont prôné l’abandon, dans le discours de l’institution, de la possibilité de renforcer «si nécessaire» les vastes rachats de dette pratiqués depuis 2015, note le compte-rendu.

Mais au terme de la discussion entre les 25 membres de l’instance de décision de la BCE, il a été conclu qu’un tel ajustement était «prématuré et pas encore justifié par le regain de confiance» dans la remontée de l’inflation.

Détente du Bund après un Ifo décevant

En revanche, le baromètre Ifo «très décevant» publié dans la matinée en Allemagne a eu une incidence certaine sur le taux d’emprunt du pays à dix ans (ou «Bund», qui sert de référence), selon M. Vanraes.

Le moral des entrepreneurs allemands a reculé plus qu’attendu en février pour s’établir à 115,4 points, avec un repli marqué des attentes pour les prochains mois, entraînant une détente du Bund, les investisseurs voyant dans ces chiffres une opportunité d’achat.

Ce dernier profitait également d’un affaiblissement de l’euro face au dollar dans le sillage des minutes de la Fed, même si la devise européenne repartait à la hausse ce jeudi.

En revanche, «le taux d’emprunt italien à dix ans est celui qui se tend le plus», a souligné M. Vanraes, un mouvement imputable à l’incertitude politique entourant le prochain scrutin électoral qui doit se tenir début mars dans le pays.

De son côté, le rendement britannique de même échéance s’est légèrement tendu, avant de se stabiliser, après que la croissance économique du pays a été révisée en légère baisse à 1,7% en 2017, soit un coup de frein par rapport au 1,9% de 2016 sur fond de Brexit, selon une deuxième estimation officielle publiée jeudi.

A 18h00 (17h00 GMT), le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne s’est détendu à 0,706% contre 0,721% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a pour sa part peu varié, terminant à 0,981% contre 0,988%.

Celui de l’Italie est monté en revanche à 2,075% contre 2,049% tandis que le taux à dix ans de l’Espagne a fini presque stable à 1,518% contre 1,513%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique a également peu bougé, terminant à 1,546% contre 1,555%.

A la fermeture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis repartait à la baisse à 2,913% contre 2,950% mercredi, tout comme celui à 30 ans qui s’établissait à 3,203% contre 3,220% tandis que celui à deux ans s’affichait à 2,254% contre 2,266%.

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