L’appétit au risque est de retour à Wall-Street, big time! La levée des incertitudes sur les élections de mi-mandat galvanise la Bourse de New York. Le scrutin n'a pas réservé de surprises par rapport aux sondages, mais la levée des incertitudes est saluée. Ainsi, les Républicains ont perdu la majorité à la Chambre des représentants mais Donald Trump conserve son ascendant sur son camp via une majorité accrue au Sénat et semble déjà orienté vers une candidature pour la présidentielle de 2020. On peut dès lors envisager un soutien budgétaire moins important dans les deux prochaines années que celui souhaité par la Maison blanche. Et le marché réfléchit ainsi: cette nouvelle donne pourrait en effet peser sur les perspectives de croissance de l'économie et des profits et du coup potentiellement freiner le cycle de hausses des taux de la Fed si l’inflation ralentit. Or, toute perspective de voir bientôt la fin du cycle de relèvement des taux est un élément favorable pour les marchés d'actions.

C’est une session de rêve que vivent les taureaux (les bulls) hier. Les indices S&P500 (SPX), Nasdaq 100 (NDX) et Dow Jones (INDU) clôturent tous au plus haut absolu du jour et ont tous trois récupéré leur importante moyenne mobile à 200 jours. Les volumes d’échanges sont soutenus, on peut donc penser que les acheteurs n’avaient pas terminé leur travail à la cloche. Les indices des Transports (TRAN) et Russell 2000 (RTY, les 2000 plus petites capitalisations boursières des Etats-Unis) sont également fort recherchés et se rapprochent tous deux à grand pas de leur moyenne mobile à 200 jours. Ces deux-là s’en étaient éloignés dangereusement et constituent des indicateurs avancés pour le marché, à suivre de près. La volatilité s’effondre de 18%, le VIX revenant à 16,36. L’or rend logiquement du terrain, l’once revenant à 1225 dollars ce matin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 3,22%, il faudra le suivre de très près celui-ci, va-t-il effectuer un «double top» ou casser à la hausse? Le marché des actions en sera forcément impacté. Le pétrole baisse encore et se pose à 62 dollars le baril (WTI Light Crude). L’or noir est tout proche d’atteindre un état de «sell exhaustion» et on peut s’attendre à ce que les Saoudiens et les Russes réduisent leur production l’an prochain. J’achèterais (just my view).

Au registre des secteurs, les FAANGs (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) sont recherchées à nouveau: Amazon (+6,8%), Netflix (+5,3%), Apple (+3%), Alphabet (+3,5%) et Facebook (+1%). Ces valeurs ont non seulement été attaquées agressivement ces derniers temps mais sont également moins impactées que d’autres par les hausses de taux, elles sont en croissance. De plus la décision de l’Union Européenne de repousser la taxation des géants du Web à 2020 a aussi eu un impact. A propos des taux d’intérêts, on peut aussi se positionner dans le secteur bancaire, qui adore les hausses de taux lui. Dans l’ensemble, les TMT (Telecom, Media, Tech) sont très bien entourées hier, les valeurs défensives sont délaissées et le secteur de la vente au détail souffre de quelques résultats décevants.

Des murmures de fusions et acquisitions se font à nouveau entendre dans les salles de marché, cela va souvent de pair avec la reprise de pouvoir du sentiment de cupidité dans le marché. Notons par ailleurs que les Etats-Unis et la Chine vont organiser une rencontre à Washington demain, rencontre qui devrait donner le ton du G20 à venir.

Maintenant que le suspense des «midterms» est passé, le marché va se concentrer sur les fondamentaux, à commencer par l'évolution des taux d'intérêts et les effets sur l'économie des barrières douanières de Donald Trump. La Fed pourrait donner des indication à ce sujet ce soir, à l'issue de sa réunion entamée hier. Les économistes attendent dans leur immense majorité un statu quo de la Fed sur les taux directeurs, actuellement fixés entre 2% et 2,25%, mais ils scruteront en détail le communiqué de la banque centrale américaine, à défaut d'entendre son président, Jerome Powell. Cette réunion ne sera pas suivie d'une conférence de presse du patron de la Fed, qui s'exprimera en public à l'issue de la prochaine réunion des 18 et 19 décembre. Les marchés s'attendent à cette occasion à un nouveau tour de vis monétaire d'un quart de point, qui serait le quatrième cette année.

Une séance de bourse globalement dans le vert en Asie cette nuit, à l’exception de Shanghai, qui recule légèrement. Ce matin les places financières européennes ouvrent en légère hausse (0,4%). L’Eurostoxx avait bien progressé hier et on recherche surtout le secteur technologique et, dans une moindre mesure, les valeurs industrielles. Siemens publie des résultats mitigés et annonce un rachat d’actions pour 3 milliards d’euros ainsi qu’un relèvement de son dividende à 3,8 eur, ce qui était attendu. L’action Siemens en hausse de 1,6%. Unicredit annonce provisionner 850 millions d’euros pour ses affaires en Turquie et en Iran, l’action rend 1%. Deutsche Telekom relève ses perspectives grâce à la bonne marche de ses affaires aux Etats-Unis, l’action en hausse de 0,4%. UBS est informée par le DoJ (Department of Justice) américain d’une plainte civile à son encontre en lien avec la crise des subprimes. Notre analyste n’y voit pas un problème majeur pour la grande banque, qui n’a pas été un acteur significatif de cette débâcle, l’action UBS en hausse de 1,1%.

L’appétit semble donc également de retour en Europe et en Suisse. On peut s’en réjouir tout en restant attentif à l’évolution de l’inflation aux Etats-Unis, qui donnera le La à la Fed quant au cycle de hausses de taux. Il faudra également garder un œil sur l’Italie et avant tout sur l’évolution de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Et s’il fallait sortir un nom, et bien regardez du côté de Big Blue, cette bonne veille IBM. Personne n’en parle alors qu’elle a rarement été aussi «sexy».