La chronique des marchés de Vontobel au 8 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Dow -0,78%, S&P 500 -0,81%, Nasdaq -1,13%, Russell 2000 -0,86%, Eurostoxx -0,48%, SMI -0,84%.

 

10 ans! 10 ans que l’indice S&P500 (SPX) a entamé son rebond après le krash d’octobre 2008. Je m’en souviens comme si c’était hier, le SPX traitait à 666 points, cela ne s’invente pas. C’est en séance, le 6 mars 2009, que ce niveau a été atteint. Le SPX a tergiversé quelques sessions puis a relevé la tête, pour ne plus regarder en arrière (ou presque) durant dix années. Un humoriste français que j’affectionne aime à ponctuer ses sketches par «pourvu que ça dure»… La performance du SPX, depuis le 6 mars 2009, est de +359%...bon anniversaire au «bull market» donc.

Wall-Street clôture en recul à nouveau, les indices SPX et NDX (Nasdaq 100) repassent en-dessous de leur moyenne mobile à 200 jours, à suivre. Le marché est en train de digérer ces deux mois de forte hausse, qui ont amené bien des indices en territoire suracheté, quoi que bon nombre d’entre eux n’y soient déjà plus. Les résistances majeures (par exemple 2800 points sur le SPX) n’ont pu être franchies et tout un chacun continue d’attendre des nouvelles des négociations sur le commerce entre Pékin et Washington. A ce propos, je ne serais pas étonné que le marché ait déjà intégré tout ou partie d’un accord commercial entre les deux pays (just my view). La Réserve Fédérale reste accommodante ce qui est probablement également déjà intégré. La saison des résultats de sociétés au premier trimestre va débuter d’ici quelques semaines et l’on s’attend à une légère contraction des bénéfices, après cinq trimestres de croissance à deux chiffres. Et hier, la Banque Central Européenne (BCE) n’a pas vraiment réjouit les intervenants en réduisant ses perspectives de croissance de 1,7% à 1,1% pour 2019 et en revoyant également ses prévisions d’inflation en zone euro à la baisse, ce qui a envoyé l’euro au tapis. La monnaie unique européenne perd 0,9% contre le billet vert et traite à 1,1208 ce matin. Et un dollar fort n’est pas bon pour la bourse américaine. Cerise sur le gâteau, la publication cette nuit des exportations chinoises en février, qui chutent (-16,6% contre +6,6% attendus). On l’aura compris, même si aujourd’hui c’est vendredi, aujourd’hui le marché européen se réveille surtout inquiet quant à la croissance mondiale.

Pour en revenir à Wall-Street, on assiste sans grande surprise à des désengagements de valeurs cycliques, les intervenants se réfugiant dans les actions défensives. Les secteurs bancaire, de la vente au détail, FAANG, les compagnies aériennes et les industrielles souffrent alors que les actions de constructeurs immobiliers profitent des taux à la baisse et de notes positives d’analystes. En parlant des taux, le rendement du 10 ans US redescend à 2,63%. Le pétrole traite à 56 dollars le baril (WTI Light Crude) et l’or remonte légèrement, à 1294 dollars par once. La volatilité rebondit quelque peu, l’indice VIX progressant de 5,4% à 16,59.

On le savait, le cru 2019 restera plus volatil que la moyenne. Les excès à la baisse de la fin 2018 ont été corrigés en janvier et février et le marché a désormais besoin de carburant pour poursuivre sa hausse. Des avancées au niveau du Brexit et des négociations commerciales auraient le mérite d’apporter un peu de visibilité. En attendant le sentiment du marché est (momentanément) morose. Rappelons cependant qu’il suffira probablement d’une statistique économique encourageante, par exemple en Chine, pour faire dire au plus grand nombre que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Dans ce contexte, un investisseur détenant des actions peut envisager de vendre une partie de ces dernières, afin de protéger une partie de ses bénéfices de cette année. On peut aussi acheter un put pour protéger environ 50% de son exposition en actions. La volatilité reste à des niveaux raisonnables. Bien sûr, ce serait merveilleux de la voir redescendre à 10 (VIX) mais il faudra probablement patienter pour cela.

Ce matin en Asie, tous les indices sont en baisse. Shanghai abandonne 4,4% et est repassée en-dessous des 3'000 points, la statistique des exportations est passée par là.

Les temps forts du jour: en Europe, les commandes d'usines allemandes (sorties en nette baisse et en-dessous des attentes), la production industrielle et la balance commerciale françaises (excellents chiffres!) et la production industrielle italienne (10h00) animeront la matinée. Aux Etats-Unis, ce sont les chiffres de l'emploi du mois de février qui seront sur le devant de la scène à 14h30, avec un taux de chômage attendu à 3,9%, un accroissement de l'emploi agricole de 180'000 postes et un salaire horaire en hausse de 0,3%. Les mises en chantier et les permis de construire mensuels sont aussi attendus à 14h30. À 16h00, le patron de la Fed, Jerome Powell, doit prononcer une allocution publique.

A lire aussi...