Wall-Street joue à se faire peur pour finalement rendre un peu de terrain à la cloche…mais pas trop. On se croirait presque dans «tout ça pour ça» de Claude Lelouch. La séance de l’indice S&P500 (SPX) démarre au plus bas, légèrement en-dessous des 2900 points, pour se conclure au plus haut et bien loin des 2900 points…La volatilité bondit, l’indice VIX en hausse de 19,97% à 15,44 mais nettement plus bas que le top de 18,80 en séance. Tout ça pour un tweet, une piqure de rappel surtout, que Donald Trump ne change pas. On avait un peu oublié cela dans le marché, tout le monde croyait que les négociations sino-américaines étaient un «done deal». Et bien non, à l’approche du sprint final, Trump menace de relever les droits de douane sur les produits chinois et cela réveille de vieux démons. D’ailleurs le président des Etats-Unis enfonce le clou hier avec un nouveau message dans lequel il dénonce le déficit commercial américain avec la Chine, disant vouloir mettre un terme à cette situation. Notons que Pékin n’a pas réagi directement aux provocations de Donald Trump, le ministère chinois des affaires étrangères se contentant de préciser que les préparatifs du déplacement d’une délégation à Washington se poursuivaient, sans préciser si le premier ministre serait du voyage.

Au final les marchés américains des actions ne reculent que légèrement (les petites capitalisations se permettent même le luxe de terminer dans le vert) et l’Europe rend un peu plus de 1%. La Suisse limite les dégâts, merci à Novartis et Nestlé. Shanghai se prend les pieds dans le tapis hier mais se stabilise déjà ce matin. On garde son calme dans les salles de marchés, les principales valeurs refuges ne faisant pas l’objet d’une demande extraordinaire. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule certes quelque peu, à 2,48%, l’or remonte très légèrement à 1283 dollars par once alors que le pétrole repart vers le nord, le WTI Light Crude à 62,42 dollars le baril ce matin, probablement inspiré par l’affaiblissement du dollar, le Dollar Index DXY en recul à 97,40. L’euro en profite pour repasser au-dessus des 1,12 contre le billet vert.

On se demandait hier matin si le marché allait se mettre en mode «buy the dips», «acheter la faiblesse». Hier ce fut le cas, le marché considérant probablement que la communication de Donald Trump relève de l’intox. Ce matin les futures repartent à la baisse (Monsieur Lighthizer indique hier soir que les tarifs seront relevés ce vendredi), cette semaine sera certainement marquée par un regain de volatilité.

La saison des publications de résultats du Q1 2019 tire à sa fin aux Etats-Unis, et le bilan s'avère meilleur que prévu. Alors que les profits des sociétés du S&P 500 étaient attendus fin mars en recul de 4%, ils ne sont désormais plus attendus qu'en baisse de 0,8%, selon le dernier point hebdomadaire du cabinet Factset publié vendredi. En d'autres termes, si la tendance actuelle se poursuit, les profits pourraient en fin de parcours s'afficher une nouvelle fois en progression, même modeste. Rappelons que les bénéfices du S&P 500 n'ont pas connu de recul en glissement annuel depuis près de trois ans, au Q2 2016. Les profits avaient alors chuté de 3,2% par rapport au Q2 2015. Le PER du S&P 500 est ainsi remonté à 16,8x les bénéfices attendus sur les 12 prochains mois, ce qui est supérieur à la moyenne sur 5 ans (16,4x) et à celle sur 10 ans (14,7x).

Occidental Petroleum (OXY +1,43%) annonce hier avoir augmenté la portion cash de son offre de 38 milliards de dollars sur Anadarko (APC +3,85%). Le groupe entend convaincre ainsi Anadarko de dénoncer l'accord de 33 milliards de dollars conclu avec Chevron. Total a par ailleurs annoncé de son côté un accord avec Occidental, afin d'acquérir pour 8,8 milliards de dollars d'actifs africains d'Anadarko en cas de succès de l'offre d'Occidental. Occidental a par ailleurs annoncé que Berkshire allait investir 10 milliards de dollars afin de soutenir le financement du rachat d'Anadarko. Occidental offre 76 dollars par titre Anadarko, dont 78% en numéraire. Walt Disney (DIS +0,54%) après un démarrage canon, le film 'Avengers: Endgame' affole les compteurs partout dans le monde. Dernier exploit, le nouveau Marvel a dépassé les recettes engendrées par Titanic. Selon les infos de la société Exhibitor Relations, le film sorti le 24 avril dernier a dépassé ce week-end, après seulement 11 jours en salle, 2,19 milliards de recettes.

À suivre aujourd’hui: les commandes d'usines allemandes (8h00) et la balance commerciale française (8h30) précéderont ce matin les nouvelles prévisions économiques de l'Union européenne (11h00). Aux Etats-Unis, l'étude JOLTS sur les créations de postes (16h00) et les chiffres du crédit à la consommation (21h00) encadreront une intervention publique du gouverneur de la Fed Randal Quarles à Yale (17h35). Hier soir, la banque centrale américaine a attiré une fois encore l'attention sur le risque que représente le marché de la dette d'entreprise à risque aux Etats-Unis. Ce matin, l'indice PMI manufacturier japonais a montré de beaux signes de résistance, tandis que la banque centrale australienne a maintenu son taux directeur à 1,5% (source: Zonebourse.com).

Les résultats de sociétés à suivre aujourd’hui : Adecco, Alstom, Anheuser Busch Inbev, Arkema, Axel Springer, BMW, Davide Campari, Endesa, EssilorLuxottica, Ferrari, Henkel, Intesa, Pandora, Solvay en Europe. Petrobras, Ambev, Allergan, Emerson, Regeneron, CLP Holdings.