La chronique des marchés de Vontobel au 31 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +2,2%, SPX +1,6%, Dow +1,77%, Russell +1,05%, SOX +2,87%, Eurostoxx +0,26%, SMI +0,28%.

 

Wall-Street clôture bien, très bien même. L’indice S&P500 (SPX) traite à 2690 points au plus haut du jour pour terminer la séance à 2681,05 et regarde désormais 2700 dans les yeux. Le Dow Jones se hisse au-dessus des 25’000 points en séance pour reculer légèrement en-dessous à la cloche. Les volumes d’échanges sont soutenus, la volatilité recule, le VIX à 17,66 et le rendement de l’emprunt US à 10 ans chute à 2,67%. Le pétrole est soutenu par les inventaires hebdomadaires, le WTI Light Crude à 54,63 dollars le baril et l’or profite de l’affaiblissement progressif du dollar pour se hisser à 1319 dollars par once. La courbe des taux se détend significativement, il s’est clairement passé quelque chose et c’est du côté de la Fed qu’il faut regarder.

C’est soir d’annonce sur les taux hier et la Réserve Fédérale Américaine annonce laisser ses taux directeurs inchangés (entre 2,25% et 2,5%), ce qui était très largement attendu. Mais dans son communiqué, la banque centrale se montre plus «colombe» que prévu, affirmant qu’elle serait «patiente» en matière de politique monétaire et retirant toute mention à de nouvelles hausses de taux. Elle abandonne même la phrase sur les «hausse graduelles», qui figurait dans ses précédents communiqués. (réunion des 17 et 18 décembre 2018). L’absence de référence à la moindre hausse, cette fois, laisse penser que la Fed se réserve même la possibilité d’abaisser ses taux directeurs, si la situation économique se dégradait nettement cette année. Elle n’émet pourtant pas de diagnostic pessimiste pour la croissance américaine. «Le marché de l’emploi a continué de se renforcer et l’activité économique a progressé à un rythme solide». L’inflation «reste proche» de l’objectif de 2% de la Fed, tandis que les dépenses des ménages ont «continué de croître fortement», relève la banque centrale. Le seul bémol est signalé du côté des investissements des entreprises, dont la croissance «a ralenti par rapport à son rythme rapide du début de l’année dernière», signale la banque centrale américaine. Lors de sa conférence de presse, le patron de la Fed, Jerome Powell, estime que les arguments en vue de nouvelles hausses de taux «ont diminué» en raison d’une inflation raisonnable et d’une croissance un peu plus faible. Il ajoute que le «shutdown» qui a privé le Fed d’un certain nombre de rapports avait rendu plus difficile la tâche de la Fed pour évaluer l’état de l’économie. L’institut d’émission lance un autre signal accommodant hier soir en publiant un second communiqué consacré à la réduction de son bilan, qui se déroule au rythme de 50 milliards de dollars par mois, constituant un autre facteur de resserrement monétaire. Or, la Fed indique qu’elle est «prête à ajuster le montant de la réduction du bilan», laissant entendre qu’elle pourrait même envisager de cesser complètement ces ajustements en cas de dégradation de la conjoncture.

Une véritable symphonie aux oreilles des marchés actions…

Et ce n’est pas tout. Hier soir le marché est également soutenu par Apple, qui bondit de 6,8% après ses résultats et emmène tout le secteur de la Tech avec elle. Boeing fait de même avec le secteur industriel, l’avionneur américain décollant de 6,3% suite à ses chiffres. Dans le monde des semi-conducteurs, on célèbre AMD, qui s’adjuge 20% sur la seule séance d’hier. L’appétit au risque est général et le fait que la courbe des taux se détende illustre que les investisseurs ne s’attendent plus du tout à une hausse de taux cette année.

Après la clôture, c’est au tour de Facebook de publier ses résultats et ceux-ci sont excellents. Non seulement la firme de Mark Zuckerberg bat les attentes mais elle relève ses prévisions au-dessus du consensus actuel. L’action bondit de 11,8% dans le marché après-bourse. Notons que le nombre d’utilisateurs quotidiens augmente de 9% à 1,52 milliards d’individus alors que si l’on additionne les utilisateurs de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, on obtient 2,7 milliards de personnes…Twitter gagne 3,1% et Snap 1,5% en sympathie.

Tesla est également en mode publication et rate les attentes, le titre recule de 2,6% dans le marché après-bourse.

Cette nuit et ce matin, presque toutes les places de bourse asiatiques sont en hausse alors que le future Eurostoxx indique une ouverture en progression d’un demi pourcent environ. Une bonne nouvelle arrive de Chine, où l’indice PMI (directeurs d’achats, un indicateur avancé) bat les attentes et remonte quelque peu. Le premier ministre italien Conte admet que l’économie de son pays est probablement en récession et l’Union Européenne semble prête à mettre Theresa May KO lorsqu’elle tentera de renégocier le deal. Swatch publie des résultats annuels décevants, l’action est indiquée en baisse de 6% dans le pré-marché (à prendre avec des pincettes). Les résultats de Roche sont en ligne, le titre progresse de 1% dans le marché avant-bourse.

Aujourd’hui nous suivrons 39 résultats de sociétés du SPX dont notamment Intl Paper, COP, CELG, MA, MSCI, GE, DWDP, UPS, MO, MCK et AMZN. Au chapitre des statistiques économiques, nous regarderons les demandes hebdomadaires d’allocations chômage ainsi que les revenus et les dépenses des ménages aux Etats-Unis. En zone euro, nous attendons le PIB et le taux de chômage, à 11h heure de Genève.

Il est rare que le marché réagisse bien à une annonce de la Fed. On peut s’attendre à une consolidation dans les niveaux actuels en cette fin de semaine (et de mois d’ailleurs).

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