Wall-Street passe une sale journée, inquiète de la brusque détérioration du sentiment du consommateur américain en septembre. On sait que ce dernier participe à la croissance du pays à raison d’environ deux tiers. De plus, bon nombre d’économistes indiquaient ces derniers mois ne pas s’attendre à une récession en citant le fameux consommateur, toujours en forme. Cette notion est désormais remise en cause. Ambiance morose à Wall-Street donc hier, l’annonce d’une procédure de destitution du Président des Etats-Unis n’aidant pas vraiment les opérateurs à retrouver le sourire. Les démocrates soupçonnent Donald Trump d'avoir fait pression sur son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, au cours d'un entretien téléphonique ayant eu lieu en juillet dernier pour qu'il relance une enquête sur une société gazière qui comptait le fils de son rival démocrate Joe Biden au sein de son conseil d'administration. Ils croient que le président pourrait l'avoir menacé, directement ou implicitement, de bloquer l'aide financière de près de 400 millions de dollars destinée à la défense du pays dans son conflit avec des autonomistes soutenus par la Russie.

Le marché se remet du coup en mode «aversion au risque», le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à 1,65%, la volatilité remonte, l’indice VIX en progression de 14% à 17,05, le pétrole recule, le WTI Light Crude revenant à 56,93 dollars le baril et l’or reste soutenu, à 1528 dollars par once. Le dollar est à nouveau recherché, la paire eur/usd revient tester les 1,10. En termes de secteurs, c’est sans surprise que l’on retrouve les utilitaires et les denrées de base sur le podium alors que l’énergie et la tech souffrent. Au sein du secteur technologique, les semi-conducteurs sont particulièrement sous pression, l’indice SOX perdant 1,65%. Les FANGs sont fragilisés par la séance d’hier, l’indice NYFANG passe sous sa moyenne mobile à 200 jours, ce qui pourrait attirer les vendeurs à découvert, à suivre de près. L’indice S&P500 (SPX) est également à risque de casser à la baisse, il tente de sortir par le bas de sa fourchette récente de trading et va tester sa moyenne mobile à 50 jours.

Et pourtant la séance d’hier avait débuté de la meilleure des manières. Le SPX en hausse à l’ouverture, le dossier Chine – Etats-Unis reprenait des couleurs. Puis les statistiques économiques et l’annonce de la procédure de destitution ont sorti le marché de sa torpeur et rappelé à tout un chacun que le monde de la finance n’est pas un long fleuve tranquille. La réaction du marché hier nous le rappelle et devrait inciter plus d’un investisseur long en actions à protéger son exposition.

Deux interventions publiques de banquiers de la Fed sont attendues à 14h00 (Charles Evans) et 16h00 (Esther George), avant à 16h30 l'annonce des stocks pétroliers hebdomadaires.

Elon Musk annonce que Tesla est en train de constituer une importante équipe d'ingénieurs en Chine, «avec un accent particulier sur les logiciels et micrologiciels pour l'usine et les voitures». Les résultats de Nike dépassent les attentes, le titre progresse post-séance. Adam Neumann, le fondateur de WeWork, laisse deux codirigeants prendre les rênes de l'entreprise en vue de son entrée en bourse. Le cours d'IPO de TeamViewer sera de 26,25 euros, plutôt dans le haut de la fourchette initiale. Santander va prendre une charge comptable de 1,5 milliard d’euros sur sa filiale britannique. Netflix perd encore 4,26% et a chuté de 15% en quelques séances, darling d’un jour n’est pas darling de toujours…et le pire pourrait être à venir.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge avec Tokyo qui recule de 0,35% à la cloche. Notons Nintendo qui recule de 4%, les ventes de la console de jeux Switch déçoivent. Hong-Kong abandonne 1,06%, ça lui fait tout de même 5% en 8 séances…Shanghai rend 0,6%, l’indice devrait se stabiliser, la Golden Week débute la semaine prochaine. Les futures européens indiquent une ouverture en léger recul alors que le future SPX grappille 7 points. C’est la prudence qui prévaut dans les salles de marché, la nervosité aussi.