La chronique des marchés de Vontobel au 22 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Dow flat, S&P 500 +0,30%, Nasdaq +0,92%, Russell 2000 +1,31%, Eurostoxx +1,21%, SMI +0,82%.

 

Wall-Street relève prudemment la tête, dans des volumes sentant l’approche de Thanksgiving à plein nez. L’indice S&P500 (SPX) rend une grande partie de ses gains en fin de séance mais parvient tout de même à clôturer dans le vert. On revit un scénario typique d’un marché à l’humeur versatile (pléonasme?), les valeurs défensives étant boudées (utilitaires, santé, produits de consommation courante) alors que la tech est à nouveau à la mode, avec quelques bémols cela dit, Apple ne parvenant pas à suivre ses consoeurs des FAANGs et terminant sa séance en baisse de 0,1%. Netflix fait également grise mine, le titre en recul de 1,8%. Nvidia repart quelque peu vers le sud et rend 2,9% supplémentaires. On recherche les secteurs de la vente au détail, des médias, de l’internet, des logiciels et des transports (bon ça les transports, un secteur considéré comme un indicateur avancé). Les titres de l’énergie profitent du rebond du pétrole, le WTI Light Crude récupérant 2% à 54,50 dollars le baril.

Parlons-en, de l’or noir. Rappelons-nous la «grosse bêtise» supposément commise en Turquie par le prince Saoudien Mohammed Bin Salman. Cela n’a pas du tout plu à Donald Trump. Or ce dernier souhaite que le pétrole baisse, ce qui se produit depuis quelques temps. Mais que se passe-t-il il y a quelques jours? L’Arabie Saoudite annonce qu’elle va réduire sa production quotidienne de 500'000 barils. C’est probablement là que la négociation débute avec Washington afin de permettre à MBS de revenir rapidement dans le club des dirigeants «fréquentables». Et le timing est incroyablement bon, un G20 se tient à la fin novembre. On a donc certainement fait comprendre au président des Etats-Unis qu’il serait opportun qu’il publie un tweet ou deux, puis qu’une photo de famille soit prise au G20 avec un MBS bien placé. Et Donald Trump s’est exécuté: «Les prix du pétrole baissent. Super!». «Comme une grosse réduction d’impôt pour l'Amérique et le Monde. Appréciez! 54 dollars, il était à 82 dollars. Merci à l'Arabie saoudite, mais allons encore plus bas!». Rendez-vous en fin de mois pour la photo…

Pour en revenir au marché, il est fort surprenant de constater que ni le dollar ni les taux d’intérêts ne réagissent à l’idée montante que la Fed pourrait faire une pause dans son cycle de hausses de taux, en début d’année prochaine. Le Câble baisse quant à lui, Theresa May rentrant les mains vides de Bruxelles. Sur le vieux continent on parle de sanctions possibles de la commission européenne à l’encontre de Rome mais le CDS (Credit Default Swap) italien s’améliore alors que le spread, l’écart de rendement entre le 10 ans italien et son alter ego allemand le Bund, revient à 310 points de base. Cela sent le bon vieux dicton «acheter la rumeur, vendre la nouvelle». La volatilité rend quelque peu de terrain, l’indice VIX en recul de 7,4% à 20,80, l’or fait du surplace à 1228 dollars par once et l’euro traite à 1,14 contre le billet vert et 1,1330 contre le franc.

Aujourd’hui les places financières européennes devront se passer de leur grande sœur New-Yorkaise, Wall-Street restant fermée pour Thanksgiving. Et demain elle ouvrira une demi-journée, les volumes d’échanges de ces deux jours seront donc faibles. Les futures européens ouvrent en légère baisse. Nous regardons Renault, qui a perdu 10% depuis l’annonce du scandale Carlos Ghosn. Depuis le début de l’année la baisse se monte à 30%. Le titre traite désormais à un P/E, un rapport cours en bourse / bénéfices à venir de 4, ce n’est pas assez cher... Son ratio «price to book» est de 0,5 ce qui signifie en théorie que, si l’on vendait aujourd’hui tous les actifs de Renault, on encaisserait le double de sa valeur en bourse. Le rendement du dividende est de 6%. L’action vaut 59 euros, notre recherche est à l’achat avec un objectif de cours à 88 euros. Carlos Ghosn est en prison. Cela va-t-il empêcher Renault de construire des voitures et de les vendre? Certainement pas. Rappelons-nous l’affaire VW, qui se porte mieux désormais. On peut acheter le titre en trois fois, le marché restant globalement nerveux, on peut faire un produit structuré dessus ou encore vendre un put.

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