La chronique des marchés de Vontobel au 1er octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

4 minutes de lecture

Nasdaq +0,05%, SPX flat, Dow +0,07%, Russell +0,36%, SOX +0,65%, Eurostoxx -1,47%, SMI -0,27%, Milan -3,72%.

 

Wall-Street clôture sa journée de vendredi au point mort. Peu ou pas de nouvelles majeures à se mettre sous la dent en cette fin de mois et de trimestre. Les indicateurs macro-économiques continuent de peindre un tableau plutôt flatteur de l'économie (revenus personnels des ménages, dépenses personnelles de consommation, indice du sentiment des consommateurs). Sur la semaine, l’indice S&P500 (SPX) abandonne 0,54% mais il progresse de 0,43% sur le mois. C’est son sixième mois consécutif de hausse. Et sur le trimestre, le SPX décolle de 7,2%! On n’avait plus vu une telle performance depuis décembre 2013. Est-il nécessaire de rappeler que, historiquement, du 1er octobre au 31 décembre, le SPX progresse d’environ 6%? Mauvais temps pour les ours il semble…

En très bref, ce trimestre écoulé les actions américaines ont été soutenues par des indicateurs économiques dynamiques et par la réforme fiscale de Donald Trump, tandis que les craintes liées aux tensions commerciales n'ont pas pour l'instant eu d'impact négatif sur l'économie américaine.

Les valeurs bancaires ont vécu une semaine très difficile, l’indice BKX chutant de 4,7%. Et pourtant le rendement du 10 ans US reste ancré au-dessus des 3%, ce matin à 3,07% alors que la courbe des taux se pentifie à nouveau quelque peu. Mais les valeurs bancaires n’ont d’yeux que pour l’Italie ces jours, les actions bancaires de la botte s’effondrant sous les coups de butoir budgétaires du gouvernement. La bourse de Milan se prend les pieds dans le tapis vendredi et chute de 3,72%, entrainant l’indice Eurostoxx qui rend 1,47%. Dans ce contexte, la baisse de 0,27% du SMI ressemble à une hausse. Les FAANGs (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) sont également à la peine vendredi. Facebook baisse de 2,6% après la révélation d'un cyber-piratage à grande échelle du groupe. La firme de Marck Zuckerberg annonce avoir découvert une faille de sécurité «dans l'après-midi du mardi 25 septembre». «Notre équipe d'ingénieurs a découvert un problème de sécurité touchant près de 50 millions de comptes», explique Facebook dans un communiqué, ajoutant que ses équipes ont d'ores et déjà corrigé la faille. Tesla poursuit sa descente aux enfers prévisible. L’action chute de 13,9% vendredi au lendemain de l'annonce de poursuites de la SEC contre Elon Musk. Tesla et Elon Musk vont chacun verser une amende de 20 millions de dollars et le fondateur du constructeur de voitures électriques haut de gamme va quitter son fauteuil de président tout en conservant celui de directeur général, a annoncé la SEC. Ah Twitter! Cela ne s’improvise pas. Quoi que…le président camerounais Paul Biya vient d’annoncer sur Twitter qu’il se représente aux élections présidentielles. Paul Biya est âgé de 85 ans et il utilise manifestement mieux Twitter qu’Elon Musk! Du côté des semi-conducteurs, cela va un peu mieux avec Intel qui progresse de 3,1% après avoir annoncé augmenter ses dépenses d’investissement (CAPEX). Boeing progresse de 1,3%, l’avionneur a décroché l'appel d'offres pour le prochain avion d'entraînement de l'U.S. Air Force, pour un montant pouvant atteindre 9,2 milliards de dollars sur la durée de vie du programme.

La volatilité reste faible, l’indice VIX abandonnant 2,3% à 12,12. Sur le front des monnaies, le dollar se renforce quelque peu contre un panier de monnaies, l’indice Dollar Index (DXY) à 95,28 ce matin. La paire euro/dollar à 1,1577 avec l’euro qui souffre des inquiétudes italiennes et le dollar qui est recherché suite à la Fed la semaine passée. L’euro / suisse reste relativement stable, à 1,1368. Le pétrole finit la semaine et le trimestre sur une note vigoureuse, l'attention des investisseurs se focalisant à nouveau sur les risques d'une pénurie de l'offre, à l'approche des sanctions américaines contre l'Iran, le 4 novembre prochain. Certains analystes envisagent sérieusement un baril de Brent à 100 dollars. Vendredi soir, le contrat à terme de novembre sur le Brent a fini à un nouveau plus haut depuis plus de 4 ans, à 82,72 dollars (+1,2%), tandis que le contrat sur le WTI a 1,57%, à 73,25 dollars le baril.

Ce matin les marchés asiatiques sont mixtes avec Tokyo qui parvient à progresser, l’indice Nikkei en hausse de 0,52% à la cloche. Notons que la Chine restera fermée toute la semaine, que Hong-Kong était fermée aujourd’hui, que l’Inde n’ouvrira pas demain et que la Corée sera fermée mercredi.

En Europe, les marchés ouvrent sur une note prudemment optimiste. Les intervenants saluent l’accord de dernière minutes conclu entre le Canada et les Etats-Unis dans le cadre de la renégociation  de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). En revanche, l’Italie fait encore et toujours peur. Le quotidien  La Repubblica pense que Bruxelles va rejeter la proposition de budget émise par Rome. La bourse de Milan ouvre en légère hausse certes mais on peut raisonnablement se dire que cela n’est qu’un «dead cat bounce». Le marché obligataire reste d’ailleurs sous pression, le rendement du 10 ans italien s’écartant encore un peu plus et traitant à 275 points de base de son alter ego allemand le Bund. Si vous prêtez aujourd’hui de l’argent au gouvernement italien pour une durée de 10 ans, il vous rémunérera à raison de 3,22%. En Grèce c’est 4,1%, croisement de destins?

Accord bienvenu en Amérique du Nord donc. En revanche, rien de neuf du côté des discussions avec Pékin, si ce n'est que les deux dernières statistiques manufacturières chinoises montrent que la bataille douanière commence à peser. Et ce n'est pas fini. Vous lirez pas mal de commentaires ce matin sur la position de JP Morgan, qui a évolué sur ce point. Les stratèges de la banque ont modifié leur scénario de base: ils pensent que l'escalade va continuer entre Etats-Unis et Chine et que toutes les importations chinoises seront taxées en 2019 à hauteur de 25%.

Cette semaine nous suivrons notamment des discours de membres de la Fed dont deux apparitions du patron, Jerome Powell. Le parti conservateur anglais tient conférence, à l’occasion de laquelle Theresa May prendra la parole, ce sera mercredi. S’il faut retenir une statistique économique à suivre cette semaine, ce sera sans hésiter celle des créations d’emplois aux Etats-Unis qui sera publiée ce vendredi. Le marché estime que l’économie américaine a créé 190'000 emplois en septembre, à suivre de près.

En Suisse, Aryzta fait à nouveau parler d’elle et en bien pour une fois! La compagnie publie des résultats globalement en ligne avec nos attentes et annonce une augmentation de capital de 800 millions d’euros, notre analyste met sa recommandation et son objectif sous revue, l’action Aryzta en hausse de 24%. Les bancaires sont délaissées à cause de l’Italie, Nestlé reste bien orientée, elle est à nouveau une darling et on recherche les bonnes affaires avec des acheteurs dans Temenos, Sonova et AMS, AMS au sujet de laquelle notre analyste a émis un nouvel avis, positif, après avoir revu la situation. AMS est un achat, un titre volatile mais un achat, à long terme cela vaut la peine d’en détenir.

Le future S&P ignore totalement l’Italie et célèbre l’accord de l’ALENA, cela devrait apporter un support aux places financières du vieux continent.

Les actions Easyjet et Ryanair sont moins chères aujourd’hui que vendredi, en baisse de 4,7% respectivement 7,3%. Easyjet a été dégradée par Bernstein alors que sa consoeur vient d’émettre un avertissement sur bénéfices. Casino vend les activités immobilières de Monoprix pour 565 millions d’euros, l’action en hausse de 1,4%.

Bon anniversaire au Bitcoin qui va fêter ses 10 ans. Quelle croissance en si peu de temps! Et quelle décroissance cette année…

A lire aussi...