La chronique des marchés de Vontobel au 19 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,27%, SPX +0,36%, Dow +0,01%, Russell +0,31%, SOX +1,54%, Eurostoxx -0,54%, SMI +0,69%.

Wall-Street s’emballe et n’écoute plus que ce qu’elle souhaite entendre. Pourtant la séance débute comme il se doit, c’est-à-dire en recul, les indices digérant lentement des résultats de sociétés franchement pas enthousiasmants, notamment dans le secteur technologique. Mais c’est sans compter sans John Williams, le patron de la Fed de New York et actuellement numéro deux de la Réserve Fédérale. Monsieur Williams donc, qui vote au FOMC (Federal Open Market Committee), déclare lors d’un discours que «La Fed devrait se montrer agressive face à des perspectives défavorables...La baisse des taux à long terme favorise de bonnes conditions financières...». C’en est presque choquant tellement cela semble gros, Alan Greenspan doit se dire que le monde a bien changé. Quoi qu’il en soit, le marché écoute et adore, les actions repartent gaillardement vers le nord et, Sur l'outil FedWatch du CME (Chigago Mercantile Exchange), la probabilité d'une baisse de taux le 31 juillet reste à 100%, mais le scénario «baisse d'un demi-point» passe de 34 à 71%. Notez bien que, après la clôture de Wall-Street, dans une réaction particulièrement rare, la Fed de New York publie un communiqué indiquant que Williams s'exprimait d'un point de vue académique et que sa déclaration «ne concernait pas de possibles décisions de politique monétaire qui seront prises à la prochaine réunion du FOMC». Le moins que l’on puisse dire est que le banquier central est sans doute allé un peu vite en besogne: il ne pouvait ignorer que les marchés boivent les paroles des membres de la Fed depuis plusieurs années et plus encore au cours des derniers mois. Je ne suis pas allé vérifier sur Twitter si Donald Trump lui a accordé la médaille du mérite…Un autre membre votant de la Fed, Richard Clarida, indique de son côté que «L'économie américaine est en bonne position avec un taux de croissance solide, mais les incertitudes ont augmenté».

Au-delà de cette «anecdote», le moral des investisseurs remonte hier avec la publication de Microsoft, après la cloche. Le groupe créé par Bill Gates continue à faire son chemin avec une régularité de métronome. Les résultats trimestriels battent les attentes, portés notamment par son activité dans le Cloud, l’action Microsoft en hausse de 2,7% dans le marché après-bourse. Pour autant, les résultats des entreprises restent globalement mitigés, comme l'illustrent plusieurs déceptions comme Netflix ou Publicis. Les deux semaines qui viennent, qui accueilleront plus de 600 publications d'entreprises cotées sur le S&P500 américain et le Stoxx 600 européen, permettront de juger de l'impact de la guerre commerciale engagée par les Etats-Unis avec le reste du monde.

Pour en revenir à la séance d’hier, on notera le secteur de l’or, qui bénéficie du décollage du métal jaune, l’once se hissant à 1443 dollars soit quasiment sur sa résistance de 1444 dollars. Cette hausse est à attribuer à… John Williams et ses commentaires (rappelons-le mitigés par sa propre institution). Le marché n’écoute véritablement que ce qu’il veut entendre. Attention à un repli potentiel de l’or donc. La volatilité recule de 3,2%, l’indice VIX à 13,53, le rendement de l’emprunt US à 10 ans est stable à 2,04%, le pétrole aussi à 56 dollars le baril de WTI Light Crude. L’euro reprend quelque poil de la bête contre dollar, à 1,1263 (courtesy of John Williams…) et la livre tente une échappée contre le billet vert en passant à 1,2530 ce matin. Les élus britanniques tentent d’évacuer le scénario d’un Brexit sans accord (Hard Brexit). Les secteurs sont orientés par les résultats de sociétés et ce sont les valeurs du tabac (Philip Morris PM +8,2%) et du rail qui s’en sortent le mieux.

A surveiller aujourd'hui, les prix à la production allemands de juin (8h00) puis l'indice préliminaire de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan aux Etats-Unis (16h00). Deux banquiers de la Fed doivent aussi intervenir lors de conférences, James Bullard (17h05) et Eric Rosengren (22h30). Les deux votent au FOMC. En termes de résultats de sociétés US, nous suivrons notamment AMEX (AXP), BlackRock (BLK), Schlumberger (SLB), Synchrony (SYF), State Street (STT), Citizens Fi (CFG), Regions Fi (RF), NVR, Inc (NVR), Kansas City South (KSU), Autoliv (ALV), ManpowerGroup (MAN) et Cleveland-Cliffs (CLF).

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert grâce à qui vous savez, Tokyo progresse de 2% et Shanghai de 0,78%. Le future Eurostoxx progresse d’un demi pourcent et son alter ego du SPX gagne 7 points. Nous sommes le troisième vendredi du mois, c’est le jour des trois sorcières (échéances des contrats futures sur indices, des contrats d’options sur indices et des contrats d’options sur actions), attendez-vous donc à une dernière heure de trading plus volatile qu’à l’accoutumé, les traders vont boucler leurs positions à ce moment-là. Les Etats-Unis annoncent avoir abattu un drone iranien, le marché ne sourcille même pas, John Williams veille au grain…

Oliver Zipse, le directeur de la production de BMW, va devenir président du directoire dès le 16 août à la place d'Harald Krüger. Le département américain de la Justice menace de bloquer le projet de fusion entre Sprint et T-Mobile US (Deutsche Telekom) si des annonces de cessions d'actifs n'ont pas lieu d'ici la fin de la semaine, selon des rumeurs concordantes. Vaudoise Assurances rachète Pittet Holding. Blackstone atteint 14 milliards de dollars de souscriptions pour son nouveau fonds infrastructures. Honeywell sous le coup d'une enquête pour corruption aux Etats-Unis et au Brésil. AT&T songerait à céder ses activités à Porto-Rico. PepsiCo en discussions pour racheter Pioneer Foods en Afrique du Sud. Assicurazioni Generali va racheter le portugais Seguradoras Unidas pour 600 millions d'euros.

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