Wall-Street ne se laisse pas perturber par les quatre sorcières (une échéance d’options et de futures qui se produit le troisième vendredi du troisième mois de l’année) et regarde vers le haut. À défaut de nouvelles fraiches, on reprend les dossiers du moment, tout un chacun semblant motivé par un accord probable à venir sur le commerce entre Pékin et Washington. Sur la semaine l’indice S&P500 (SPX) progresse de 3% alors que son compère des valeurs technologiques, le Nasdaq 100 (NDX) réalise sa meilleure performance hebdomadaire cette année en progressant de plus de 4%. Mais qu’est-ce donc qui motive tant les acheteurs? Le sentiment peut-être? Rappelons que, dans ce monde des marchés, deux sentiments animent les investisseurs mais jamais en même temps: la cupidité et la peur. Manifestement le premier a pris le pas sur le second. Et pourtant les raisons de vendre ne manquent pas. Vendredi par exemple, les statistiques économiques déçoivent (à nouveau) aux Etats-Unis avec la production manufacturière qui ressort en baisse en février, de 0,4%, et l'indice d'activité «Empire State» qui tombe à son plus bas niveau depuis près de deux ans. Autre exemple: le monde attend cet accord entre Trump et Xi et la rencontre entre les deux présidents est repoussée, au départ on disait mars, vendredi on parlait de avril au plus tôt et ce matin on entend juin. Un marché prêt à baisser aurait rendu les armes et corrigé vendredi. Et bien non, on continue d’acheter, Microsoft établit un nouveau record historique (malgré la faiblesse d’Adobe et Oracle, bravo papy MSFT!), les actions de semi-conducteurs s’envolent et même Boeing rebondit, timidement certes mais le titre reprend quelques couleurs. La volatilité, symbole de la peur s’il en est, recule, l’indice VIX traite à 13 points.

Le marché des actions se comporte souvent de façon immature, gardons cela en tête. On peut envisager que le fameux acronyme FOMO soit en train de faire son retour. FOMO indique Fear Of Missing Out, la peur de ne pas en être. De plus mettez-vous à la place des gérants de fonds qui auraient mis trop peu d’actions dans leurs portefeuilles depuis le premier janvier. Ils sont nombreux et doivent se dépêcher d’investir dans cette classe d’actif qui performe si bien depuis deux mois et demi, sinon les réunions avec leurs clients vont être fort pénibles…

Le marché obligataire est quant à  lui plus réaliste en termes de comportement. Voyez le rendement de l’emprunt US à 10 ans qui descend à 2,59%. Cela indique que des investisseurs achètent des obligations du gouvernement des Etats-Unis, considérées comme des valeurs refuges, de la protection en soi. Il y a probablement également du positionnement en vue de la réunion de la Fed de cette semaine.

Résumons: l’économie reste en croissance mais montre quelques signes de ralentissement, les résultats de sociétés sont bons, la guerre commerciale entre américains et chinois devrait bien se terminer, le Brexit progresse, à la sauce anglaise, mais il progresse et les banques centrales sont sur le pont. Elles ne sont pas omnipotentes mais elles font du bon travail. C’est dans ce contexte que les indices d’actions américains traitent près de leurs plus hauts historiques. Quid de la suite? Ma boule de cristal étant en révision, je me rabattrai sur la volatilité. Le VIX a beaucoup baissé, il permet d’acheter de la protection à bon compte. Personne ne sait quand cette vague de hausses cessera. On peut continuer à surfer dessus mais il ne faut pas oublier de porter un gilet de sauvetage.

Cette semaine sera riche en événements avec de nombreuses banques centrales qui annonceront leurs décisions quant aux taux d’intérêts. Nous aurons droit à la Réserve Fédérale des Etats-Unis mercredi soir, tout un chacun s’attendant au statu quo, c’est surtout le discours de son patron Jerome Powell qui est attendu. La Banque d’Angleterre (BoE) suivra jeudi, là encore le marché ne prévoit pas de changement. Les banques centrales russe et du Brésil annonceront également leur décision cette semaine.  En Europe les dirigeants de l’Union Européenne se réunissent jeudi et vendredi et discuteront surtout du Brexit. Le président chinois Xi vient faire du shopping en Europe, il passera par l’Italie et la France. Au chapitre des résultats de sociétés, nous suivrons notamment NIKE Inc (NKE), FedEx (FDX), Micron (MU), Carnival (CCL), General Mills (GIS), Cintas (CTAS), Darden Rest (DRI), Tiffany (TIF) et Conagra Brands (CAG). Enfin, au registre des statistiques économiques, nous observerons le chômage, l’inflation et les ventes au détail en Angleterre, les prix à la consommation au Japon, les ventes au détail et les prix à la consommation au Canada et enfin les commandes aux entreprises ainsi que les ventes de maisons existantes aux Etats-Unis.

Cette nuit et ce matin, les indices asiatiques traitent tous dans le vert avec surtout Shanghai, qui progresse de 2,5%. Les futures européens indiquent une ouverture autour de l’équilibre alors que le future SPX gagne 2 points. FOMO is it?

Un mot technique sur les indices américains. Une golden cross se profile sur nombreux d’entre eux. Une golden cross se forme lorsque la moyenne mobile à 50 jours croise la 200 jours vers le haut, c’est un signal haussier que les traders ne manquent pas de remarquer. Et bien j’en vois à l’horizon sur le Dow, le SPX, le NDX mais aussi les semis (SOX), les transports (TRAN), le Russell 2000 (RTY) et l’Eurostoxx ! Sur le SMI elle a déjà eu lieu.

Deutsche Post estime qu'il y a peu de possibilités pour sa filiale DHL de mener une acquisition d'envergure à cause de la menace antitrust. Caesars Entertainment et Eldorado Resorts discuteraient d'un rapprochement, selon Reuters. Principal Financial serait proche d'un rachat de la branche retraite de Wells Fargo. Alcon (Novartis) rachète Powervision pour 285 millions de dollars. Lyft débute cette semaine un roadshow en vue d'une entrée en bourse, sur la base d'une valorisation comprise entre 21 à 23 milliards de dollars. L'italien Nexi lancerait son entrée en bourse, pour une valorisation attendue voisine de 7 milliards d'euros, selon Bloomberg.

Le Département américain des transports pourrait enquêter sur la façon dont la FAA a accordé la licence de vol du B737MAX de Boeing, a appris le Wall Street Journal. Le Seattle Times, un quotidien édité dans le berceau de Boeing, a révélé dimanche que l'examen du système de contrôle automatisé de l'assiette de l'avion, le MCAS, n'aurait pas fait l'objet d'analyses suffisamment poussées. Ces interrogations interviennent après deux crashs pour le nouveau best-seller de l'Américain.

Commerzbank et Deutsche Bank ouvrent toutes deux en hausse de 3%, les fiançailles sont officielles.