La chronique des marchés de Vontobel au 18 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq -2,3%, SPX -2,08%, Dow -2,11%, Russell -2,32%, SOX -1,28%, Eurostoxx -0,94%, SMI -1,27%.

 

Wall-Street est très nerveuse, l’indice S&P500 (SPX) clôturant hier à son plus bas niveau depuis octobre 2017. On n’avait pas vu un si mauvais mois de décembre depuis 1980. Et pourtant la journée avait bien débuté mais le marché a peur, littéralement, de la décision de la Fed demain soir et plus particulièrement du message qu’elle nous délivrera quant aux hausse de taux (ou pas) l’an prochain. L’indice Nasdaq 100 (NDX) traverse facilement le niveau de 6500 points et la volatilité bondit, l’indice VIX en hausse de 13,4% à 24,52. Etonnamment, les secteurs défensifs ne sont pas recherchés et subissent le même sort que les autres. Les utilitaires et l’immobilier souffrent alors que les bancaires surperforment, vraiment étonnant. On observe clairement une réallocation d’actifs des actions vers les obligations, le rendement de l’emprunt US à 10 ans baissant à 2,83%. Le dollar rend enfin du terrain, il faut dire que la décision de la Fed approche à grand pas et il serait très étonnant que cette dernière tienne des propos restrictifs, un discours de faucon. Et pour peu que la Fed nous annonce un ralentissement du cycle de hausse des taux, voire une pause, ceci pourrait envoyer le billet vert au tapis. La paire euro/dollar traite à 1,1360 ce matin. Du côté de l’or noir, ce n’est pas la mine des grands jours, le WTI Light Crude se cassant littéralement la figure et traitant à 48,92 dollars le baril ce matin. Et dire que le dollar a baissé… L’or retrouve quelque couleur mais pas tant que ça, au vu de l’ambiance actuelle, l’once traite à 1248 dollars ce matin. La moyenne mobile à 200 jours se situe désormais à 1255 dollars, niveau important pour la suite.

Nous voici donc en plein dans l’œil d’un cyclone que l’on nommera «aversion au risque». Les performances sont chaque jour un peu moins bonnes, la plupart des investisseurs sont résignés et ne comprennent pas que le traditionnel rallye de Noël n’aie pas lieu. Tiens! Donald Trump est beaucoup moins prolixe qu’il fut un temps. Je note avec intérêt que l’indice AAIIBULL est au plus bas depuis 2016. Cet indicateur montre le sentiment haussier des investisseurs individuels aux Etats-Unis (American Association of Individual Investors). Les petits porteurs US sont donc pessimistes, l’histoire a bien souvent montré ce que cela signifie. En outre, les indices des Transports (TRAN), des bancaires et Russell 2000 (RTY) ont tous envoyé un signal «Tom Demark Sell Exhaustion». Techniquement cela implique un rebond à court terme, ce d’autant plus que le ratio put/call a bondi à son plus haut niveau depuis novembre 2016, en faveur des puts donc, ce qui indique que de nombreux investisseurs ont protégé leurs portefeuilles actions et ne vendront pas si la baisse se poursuit. Chez Vontobel, nous pensons que la chute des marchés actions ne reflète pas l’état réel de l’économie. Certes des signes de ralentissement émergent, qui pourraient inciter la Fed à réduire la voilure de ses hausses de taux, mais nous n’attendons pas de récession en l’état. Il est important de garder la tête froide, de repousser toute émotion et d’identifier des opportunités car c’est dans ce genre de contexte qu’elles apparaissent.

Ce matin, les places financières européennes ouvrent en baisse d’environ 0,5%, menées vers le bas par les secteurs de la santé, de l’énergie et de la communication. Zalando tente de rebondir après sa chute d’hier, provoquée par l’effondrement de son concurrent Asos. Les volumes d’échanges sont stables et vont probablement diminuer, le marché se figeant dans l’attente de l’annonce de la Fed demain soir. Donald Trump et ses sbires mettent une pression pas possible sur Jerome Powell afin qu’il ne relève pas les taux demain. Le point de vue du marché est clair, hausse de taux d’un quart de point demain il y aura.

Aujourd’hui nous suivrons les résultats de FedEx, de Micron, de Darden Restaurants et de FactSet. Nous serons attentifs aux ventes de maisons aux Etats-Unis et au rapport IFO allemand sur le climat des affaires. La faiblesse des indices européens (et aussi asiatiques) peut également être en partie attribuée au discours du président chinois Xi, qui n’as pas mentionné de réformes supplémentaires de soutien à l’économie, ce que de nombreux intervenants espéraient.

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