La chronique des marchés de Vontobel au 16 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,20%, SPX +0,01%, Dow +0,01%, Russell -0,56%, SOX -0,60%, Eurostoxx +0,67%, SMI -0,21%.

Wall Street ne parvient pas à conserver ses gains du début de la séance de vendredi et clôture à l’équilibre, l’accord partiel conclu entre Pékin et Washington était intégré dans les prix, le marché l’avait anticipé. Nous voici donc à la croisée des chemins, cet accord tant espéré est sur la table, au Royaume-Uni le premier ministre Boris Johnson a désormais les coudées franches pour réaliser sa désunion d’avec l’Union Européenne, les banques centrales sont sur le pont comme jamais et inondent la planète de liquidités, façon Casa de Papel, des signes de redressement de l’économie apparaissent et les résultats de sociétés restent bons. Sur la partie géopolitique, les esprits semblent s’apaiser. Il semblerait donc que la situation globale actuelle soit plutôt encourageante. Le présent, le marché n’en a cure, c’est le futur qu’il renifle. Et dans le contexte actuel, il semble que les indices manquent quelque peu de «fuel» pour avancer plus encore vers le nord. Cela dit n’oublions pas la capacité phénoménale des marchés d’actions d’évoluer contre toute logique pendant longtemps. D’ailleurs, le simple fait que les banques centrales injectent de nombreuses liquidités dans le système chaque jour constitue un facteur de support très important. Par ailleurs, le Wall Street Journal publie un article fort intéressant ce weekend, qui indique notamment que l’indice CBOE Skew est monté à son plus haut niveau de l’année la semaine passée. Cet indice mesure la cherté des options permettant de vendre (puts) vis-à-vis de celles donnant le droit d’acheter (calls). Lorsqu’il monte, cela indique que les puts sont plus chers car plus recherchés. Et comme les puts constituent une forme d’assurance contre la baisse potentielle des indices d’actions, plus ils sont recherchés, moins le risque de baisse des indices semble élevé car cela indique que les investisseurs se sont protégés.

D’ailleurs la volatilité baisse fortement, l’indice VIX chutant de 9,4% à 12,63 ce qui pourrait être considéré comme une nouvelle émergence de complaisance. Rappelons que, lorsque la volatilité baisse, le coût d’acquisition des options fait de même. Ce qui est notable dans le contexte actuel, et assez rare, c’est que les investisseurs profitent de cette faible volatilité pour acheter des options puts. Le boxeur ne baisserait-t-il donc pas sa garde? La débâcle de décembre 2018 a probablement laissé des traces, personne ne veut la revivre. Trêve des confiseurs à l’horizon donc?

Le dollar se raffermit quelque peu, la paire eur/usd à 1,1140, le pétrole revient à 60 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or reste tout de même recherché, l’once traite à 1474 dollars. Le marché obligataire est calme, le rendement de l’emprunt US à 10 ans est stable, à 1,83%. Notons Apple (AAPL) qui progresse de 1,36% et envoie un signal technique de vente (Demark 13 Buy Exhaustion). Notons aussi que la Fed de New York continue d’inonder littéralement le marché repo, la liquidité s’assèche en cette fin d’année.

La Chine menace l'Allemagne de mesures de rétorsion sur son industrie automobile si Berlin bannit Huawei des appels d'offres 5G. La Comco devrait décider cette semaine d'interdire à ETA, la filiale de The Swatch Group, de livrer des mouvements horlogers à des tiers. International Flavors & Fragrances rachète la division nutrition de DuPont pour 26 milliards de dollars, en numéraire et en titres. Le principal partenaire industriel chinois de Daimler, BAIC, veut doubler ses parts à quelque 10% dans le constructeur allemand pour contrer son compatriote Geely. Boeing pourrait annoncer aujourd'hui le nouveau calendrier de son B737MAX, croit savoir le Wall Street Journal. En Allemagne, les syndicats appellent à la grève dans les centres logistiques d'Amazon.com avant les fêtes. Le Crédit Suisse vend son siège genevois pour 300 millions de francs à un fonds lié à Schroder, selon Schweiz am Wochenende. Joyeux Noël! Selon Finews Julius Baer préparerait une plan de licenciements substantiel, le titre en hausse de 1,8%... Lafarge Holcim progresse de 1%, l’action a été relevée à «surpondérer» chez Barclays Capital.

La lecture avancée de décembre des indicateurs PMI, qui mesurent la confiance des directeurs d'achats, sera disponible pour plusieurs pays aujourd'hui, tout au long de la matinée en Europe et à 15h45 aux Etats-Unis. L'indice Empire State (14h30) et l'indice des prix immobilier de la NAHB (16h00) seront aussi disponibles outre-Atlantique. Au Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre publiera le résultat de ses tests de résistance bancaires à 17h00.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,29% à  la cloche, le dollar/yen est à 109,45. Hong Kong rend 0,65% alors que Shanghai progresse de 0,56%. A Séoul, l’indice Kospi rend 0,1%. En Europe ce matin, les indices ouvrent en progression de 0,7%, le future SPX pour sa part gagne encore 10 points.

Un mot sur la COP25, qui s'est prolongée samedi alors qu'elle aurait dû se clôturer vendredi: malheureusement, rien n'en est ressorti puisque plusieurs pays majeurs comme les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite, le Brésil ou l'Australie ont refusé de s'engager sur de nouveaux objectifs environnementaux.

Dix stratèges interrogés par Barron's voient une hausse moyenne de 4% pour le S&P 500 en 2020, soutenue par une économie stable, une Fed accommodante et une hausse dans le secteur manufacturier. Les deux principaux jokers pour 2020 sont ce qui se passera entre les États-Unis et la Chine et qui remportera l'élection présidentielle américaine. Le groupe d'experts prévoit que la croissance du PIB américain ralentira pour s'établir à 1,9% en moyenne en 2020, comparativement à son estimation actuelle de 2,3% pour cette année. Le panel est largement d'accord avec Rick Reider de BlackRock, qui a déclaré: «Nous pensons que la consommation reste très solide, que la construction résidentielle reste en bonne santé et que les niveaux d'emploi et de salaire des consommateurs demeurent élevés». Alors que les investisseurs ne devraient pas s'attendre à de nouvelles baisses de taux d'intérêt pour augmenter encore les multiples boursiers en 2020, la Fed continue de les soutenir d'une autre manière. Les multiples d'évaluation se situant déjà à l'extrémité supérieure de leur fourchette historique, il faudra un retour de a croissance des bénéfices pour entraîner l'indice S&P 500 à la hausse en 2020. Les secteurs des services financiers, des soins de santé et de l'industrie ont tous été choisis par les panélistes pour l'année à venir, avec des valorisations plus attrayantes que le reste du marché. Brèves mentions positives pour United Parcel Service (UPS), Texas Instruments (TXN), United Airlines Holdings (UAL), Union Pacific (UNP) et Alaska Air Group (ALK).

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