La chronique des marchés de Vontobel au 13 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq -0,67%, SPX -0,71%, Dow -0,77%, Russell -0,24%, SOX -2,5%, Eurostoxx -1,94%, SMI -1,25%.

Wall-Street est chahutée avec la montée d'inquiétude en provenance de la Turquie. Les opérateurs craignent une contagion des problèmes turcs, l'exposition de certains établissements financiers pouvant générer certains problèmes. La livre turque s’effondre face au billet vert et la contagion se propage notamment au rouble russe, au rand sud-africain et au peso mexicain. En parallèle, la banque centrale indonésienne annonce être intervenue pour stabiliser sa monnaie et son marché obligataire. Nous voici donc de retour à un environnement d’aversion au risque avec des marchés émergents illiquides et mal-aimés. Dans ce contexte le dollar est toujours recherché, l’indice Dollar Index (DXY) a d’ailleurs cassé une importante résistance à la hausse. Ce matin l’euro se prend les pieds dans le tapis et traite à 1,1374 contre le billet vert et 1,1313 contre le franc. L’or ne joue plus du tout son rôle de valeur refuge et cote 1207$ l’once, le pétrole reste en retrait, le WTI Light Crude traitant à 67,38$ le baril, probablement tenu en respect par la force du dollar. 

Pour en revenir au marché des actions, je note que l’indice S&P500 (SPX) réalise sa première semaine de baisse depuis un mois et demi et que le Nasdaq termine dans le rouge après 8 séances consécutives dans le vert. Les ETFs (Exchange Traded Funds) répliquant les marchés émergents passent une bien mauvaise journée (EEM -2,1%, EWZ -4,4%, TUR -14,5), la courbe des taux 2/10 ans continue de s’aplatir et la volatilité bondit, l’indice VIX en hausse de 17% à 13 points. 

Un mot sur Tesla, qui se stabilise autour des 350 dollars. Ce weekend le PIF, le fonds public saoudien d’investissement, indique ne pas avoir d’intérêt à financier la firme d’Elon Musk…

Ce matin les places de bourses asiatiques sont en forte baisse, d’environ 2% pour les principales places financières. En Europe, l’ambiance n’est guère à la fête mais pas de panique à bord. L’Eurostoxx abandonne 0,7% dans des volumes d’échanges en hausse. Et d’ailleurs plusieurs secteurs sont en hausse, notamment les techs.

Cette semaine nous suivrons la suite des négociations autour du Brexit, les ventes au détail et la production industrielle aux Etats-Unis, le rapport mensuel de l’Opep, le taux de chômage, les ventes au détail et la production industrielle chinoise, en Allemagne le PIB, le ZEW (climat des affaires) et l’indice des prix à la consommation et en zone euro la production industrielle et le PIB.

Ça c’est la théorie…

En pratique tout le monde n’a d’yeux que pour Ankara. La Livre poursuit sa chute vertigineuse et traite proche de 7 livre pour un dollar. Au début du mois de mai, elle était déjà historiquement faible et cotait à 4…. Vendredi, Berat Albayrak, le nouveau ministre des finances qui est aussi le gendre du président, dévoilait son «nouveau modèle économique». A peine avait-il commencé à parler que le président américain, Donald Trump, annonçait dans un Tweet «le doublement des droits de douane» sur les exportations d’acier et d’aluminium turcs, les portant respectivement à 50% et 20%, au moment où la livre turque «dégringole rapidement face à notre dollar si fort!» Les Etats-Unis étant un débouché important pour l’acier turc (15% des exportations totales), la livre a poursuivi sa chute de plus belle après le Tweet trumpien. Tandis que la livre turque dégringolait vendredi, la banque centrale s’est bien gardée de relever son taux directeur, une mesure pourtant très attendue. Coutumier des théories économiques hétérodoxes, le président turc ne jure que par l’abaissement du loyer de l’argent, seule façon selon lui de lutter efficacement contre l’inflation qui affecte le pouvoir d’achat des ménages, avant tout celui de son électorat conservateur et pieux.

Au vu de l’évolution de la livre turque ce matin, on peut affirmer que le marché ne croit pas du tout à un revirement raisonnable du président Erdogan en l’état. En revanche, la baisse du rouble va probablement inciter Vladimir Poutine à faire entendre raison à son homologue à un moment ou un autre.

L’euro commence à devenir intéressant, contre le franc suisse il y a un support à 1,1150, je serais étonné que nous allions jusque-là (just my view). Cours actuel 1,1315.

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