Wall-Street se prend les pieds dans le tapis et chute. L’indice S&P500 (SPX) vit sa pire journée depuis le 8 février alors qu’il faut remonter au 18 août 2011 pour retrouver une journée aussi mauvaise que celle du Nasdaq 100 (NDX) hier. Les niveaux techniques sont en jeu un peu partout dans le marché, le future S&P casse les 2800 points, l’indice Nasdaq Composite clôture en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours alors que son petit frère, le NDX clôture pile sur la sienne. Le SPX ne s’embarrasse pas et casse ses moyennes à 100 et 50 jours pour s’approcher de sa 200. Les volumes d’échanges sont élevés avec 9,7 milliards d’actions échangées sur le NYSE (New York Stock Exchange) soit une hausse de 41% par rapport à la moyenne de ces 20 derniers jours. Et à la cloche, on a hier soir 6 milliards de dollars à la vente, autant dire donc que les vendeurs n’ont pas terminé leur travail. Sur la partie des fonds passifs, les ETFs (Exchanges Traded Funds), on assiste à une superbe capitulation avec des volumes d’échanges en hausse de 280% par rapport au volume journalier moyen, principalement sur les ETFs QQQ (NDX) et SPY (SPX).

Mais que s’est-il donc passé? Ce matin je lis plusieurs commentaires de type: «Alors que les marchés d'actions américains évoluent ces derniers temps à des niveaux records, les investisseurs ont brusquement pris conscience, mercredi, des risques croissants pesant sur l'économie mondiale, à commencer par le risque de guerre commerciale avec la Chine. Le climat entre les deux pays s'est encore tendu après de nouvelles déclarations de Donald Trump faites mardi soir»…trop facile, trop bateau, non, ce qui s’est passé hier est différent. Tout commence à l’ouverture avec un achat, un seul, de 6'000 puts sur le SPX à un strike de 2850. 6'000 puts de ce strike, cela correspond à un montant notionnel de 1,7 milliards de dollars et cela a généré des ventes de l’ordre de 700 millions de dollars d’un coup. Ça c’est le premier uppercut que le marché reçoit. En début de séance, ça fait mal. Ensuite on apprend qu’une adjudication obligataire US s’est mal placée, que l’appétit des investisseurs était faible, petit coup supplémentaire dans le dos du marché. En fin de séance, le SPX casse le niveau de 2820 et, devinez quoi, 2820 c’est le niveau auquel les CTAs (Commodity Trading Advisors, des gérants dont l’objectif est de générer des profits en traitant des futures et des options) sont entrés dans le SPX en avril de cette année. À 2820 ils se retrouvent donc à l’équilibre et en-dessous ils n’hésitent pas une seconde et vendent. C’est donc là qu’interviennent les ordres «stop loss», qui alimentent la baisse et font clôturer le SPX au plus bas de sa journée.

Et on vend ce qu’on détient le plus soit les valeurs de la tech, c’est bien normal, on protège ses profits.

Cette déroute boursière d’hier ne manque pas de faire réagir Donald Trump qui traite la Réserve Fédérale de «folle». Il ne supporte pas que cette dernière poursuive ses hausses de taux d’intérêts car le président américain craint que toute sa stratégie ne soit freinée voire bloquée par ce resserrement monétaire. Et Donald Trump a énormément à craindre d’un recul des marchés d’actions, surtout aujourd’hui, les élections de mi-mandat se profilant à l’horizon. Ironie de la situation, plus les bourses corrigeront, plus la probabilité d’un deal rapidement conclu entre les Etats-Unis et la Chine augmentera.

Et revoici un commentaire du type «vent de panique sur les places boursières asiatiques»…Factuellement, le Nikkei recule de 3,89%, Hong-Kong de 4,05% et Shanghai de 6%. Regardons maintenant les actifs dits «valeurs refuges». L’or? quasi inchangé à 1189 dollars l’once. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans? Il a baissé de 3,22% à 3,16% ce qui indique un retour des investisseurs certes mais pas un afflux massif. Le franc suisse? Il est passé de 0,9930 à 0,9890 contre dollar entre hier et ce matin, là non plus pas d’exode à constater vers notre monnaie. Le dollar? L’indice Dollar Index (DXY) qui indique l’évolution du billet vert contre un panier de monnaies, le DXY donc est en baisse depuis hier!  Alors non, il n’y pas de panique sur les marchés ce matin jeudi 11 octobre. On assiste à des désengagements importants dans les actions, qui ont été provoqués hier soir par les CTAs. Regardons maintenant la volatilité, l’indice VIX explose à la hausse, de 44% et traite désormais à 22,96. C’est une excellente nouvelle. Plus le VIX bondit violemment et rapidement, plus courte sera la correction. Une partie du marché est déjà en mode capitulation mais il manque encore ce que les traders nomment une «selling exhaustion». Alors ce matin on parle de LVMH, qui émet des commentaires négatifs sur la Chine, et donc la Chine va mal? Avec tout le respect dû à LVMH, prenons un peu de recul please.

Dans ce contexte, l’Europe ouvre en baisse de 1,1%. Le future Eurostoxx a ouvert à 3199 points et traite à 3224 en ce moment, techniquement son prochain support est à 3189.  

C’est un contexte de marché inquiétant pour le plus grand nombre certes, cela dit il est important de continuer à se concentrer sur les fondamentaux. L’économie américaine tourne à plein régime, la Fed tient bien son cap, les sociétés US vont également très bien, début de la saison du troisième trimestre demain avec JP Morgan, Citigroup et Wells Fargo. Les indices corrigent? et alors? cela arrive tout le temps et c’est bien normal. Cela offre de belles opportunités à ceux qui ne sont pas investis en actions et cela remet aussi les produits structurés en lumière, de superbes opportunités vont s’offrir ces prochains jours grâce au retour de la volatilité.

Il n’y rien de nouveau dans les marchés depuis hier. Ce qui suit n’engage que moi: La correction que nous vivons est probablement une superbe opportunité d’entrer progressivement dans le marché pour les retardataires. Rappelez-vous Warren Buffet, il doit bien rigoler et bien s’activer en ce moment le vieux sage…