La chronique des marchés de Vontobel au 10 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq +0,04%, SPX -0,14%, Dow -0,29%, Russell +0,24%, SOX -1,08%, Eurostoxx +0,02%, SMI -0,33%.

 

Wall-Street s’ennuie ferme. C’est l’été et le flux de nouvelles ralentit. La saison des résultats de sociétés au deuxième trimestre est quasiment terminée avec plus de 90% des annonces effectuées. On sait déjà que cet exercice est historique, dans le bon sens du terme. Les statistiques économiques se font rares mais là aussi tout va bien, l’économie américaine tourne à plein régime. Les volumes d’échanges diminuent comme chaque année au mois d’août et le marché s’en trouve un peu plus vulnérable. On pourrait presque imaginer le faire bouger avec de la bigaille! La baisse du Nasdaq hier en fin de séance n’est due à aucune nouvelle particulière, simplement à un ou plusieurs vendeurs qui impactent le marché sans aucun problème. Le Nasdaq cela dit qui parvient à terminer sa séance très légèrement dans le vert et réalise donc sa première série de 8 journées de hausses consécutives en 2018. L’indice S&P500 (SPX) rend un petit peu de terrain alors que les petites et moyennes capitalisations (indice Russell 2000), sont recherchées, un bon signe, le Russell étant considéré comme un indicateur avancé. Au chapitre des secteurs, les banques abandonnent du terrain, impactées par l’énième aplatissement de la courbe des taux 2 à 10 ans, ce phénomène inquiétant tout un chacun car potentiellement annonciateur d’une récession si la courbe s’inverse (cela impliquerait que le 2 ans paierait mieux que le 10 et indiquerait une défiance des investisseurs vis-à-vis de l’économie américaine sur le long terme). Le pétrole (WTI Light Crude) ne parvient pas à rebondir, à 66,37 dollars ce matin, et pèse sur les valeurs de l’énergie. Les réseaux sociaux se portent comme un charme, bien aidés par Yelp, qui s’adjuge 26,7% après ses résultats…les médias apprécient les chiffres de Viacom et le secteur des télécoms applaudit les bénéfices de Century Link, qui bondit de 13%. A ce propos, je peux vous proposer un produit structuré sur le secteur des télécoms US, soit AT&T, Verizon et Century Link, à des conditions fort intéressantes. A discuter volontiers le cas échéant. L’indice New Yorkais FANG est pénalisé par Tesla (TSLA -4,8%).

Une fois n’est pas coutume, plongeons un instant un peu plus profondément dans le marché. Nous savons que l’indice Nasdaq teste régulièrement son plus haut niveau historique. Cela dit, son skew (un indicateur mesurant la perception de la volatilité du marché) reste élevé. Cela indique une demande excessive dans le marché pour des options puts. On peut donc conclure que de nombreux intervenants sont protégés contre une baisse éventuelle. Dans un autre registre, notons que les actions financières sont à regarder de près car le marché est sous-investi dans ce secteur. En 2008, elles pesaient à raison de 22% du SPX, aujourd’hui c’est 14,1%.

Ce matin l’Europe se réveille inquiète. C’est la Turquie qui commence à finalement infecter le sentiment général. Les tensions entre Washington et Ankara montent, la livre turque s’effondre, elle a perdu 37% depuis le début du mois de juillet et 66% depuis le premier janvier 2018. Et ce matin on apprend que la Banque Centrale Européenne s’inquiète de l’exposition de quelques banques européennes en Turquie: BBVA, Unicredit et BNP. Les trois valeurs abandonnent entre 3,4 et 3,7% depuis l’ouverture.

Début de séance européenne sous le sceau de l’aversion au risque donc avec les intervenants qui recherchent les bons du trésor américain (le rendement du 10 ans baissant à 2,88%), le dollar (eur/usd à 1,1463 et eur/chf à 1,1404) et la volatilité (l’indice V2X en hausse de 10%). L’or ne remplit absolument pas son rôle de valeur refuge, l’once reculant à 1208 dollars, probablement une réaction à la force du billet vert. Hormis les bancaires précitées, tous les secteurs reculent plus ou moins dans la même proportion, les volumes d’échanges se reprennent, il est normal que les intervenants réduisent quelque peu leur exposition aux actions, on veut voir ce qui va se passer en Turquie.

Je note au passage que BMW et Renault sont relevées par Morgan Stanley alors que JP Morgan dégrade Rolls-Royce. Cet après-midi nous suivrons la statistique des prix à la consommation aux Etats-Unis et pour le reste la planète se tournera vers Ankara, à 13h, à l’occasion de la première conférence de presse du président Erdogan depuis le début de la crise turque.

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