Gonet: l'actualité des marchés au 31 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +3,6%, SPX +3,4%, Dow +3,2%, Russell +2,33%, SOX +3,8%, Eurostoxx +1,35%, SMI +1,98%.

Wall Street réalise une très jolie clôture. L'indice S&P500 (SPX) termine sa journée au plus haut de la session alors que tout avait fort mal commencé. A l'ouverture du marché des futures, alors que nous sommes en pleins rêves, le SPX indique une baisse de 2,5%, les investisseurs semblant échaudés par la prolongation de la durée des consignes de distanciation sociale concédée par le CEO des Etats-Unis. C'est graduellement que le marché se retourne durant la journée et à la cloche de 22h, plus de 950 millions de dollars sont présentés à l'achat, ce qui nous indique que le grand shopping n'est pas terminé à ce moment-là. Le marché des actions est apparemment en train de reprendre doucement ses esprits. On l'observe notamment en considérant l'évolution des différents secteurs hier. Les valeurs sensibles au Virus telles que les voyagistes ou encore les sociétés de prêts hypothécaires sont délaissées (on se dit que le redémarrage de la demande devrait être lent) en faveur des actions de logiciels, entre autres. Prenez Microsoft (MSFT +7%) qui annonce que l'utilisation de son service cloud a explosé de 775%. Aparté, au sujet du cloud c'est du côté d'Amazon qu'il faut regarder en premier lieu, le leader de ce marché. L'action Microsoft en profite pour récupérer sa moyenne mobile à 100 jours, ça ne fait vraiment pas de mal. Dans le secteur de la Pharma, ça bruisse d'espoir avec dans le rôle du maillot jaune Johnson&Johnson (JNJ +8%) qui est en tête de la course au vaccin contre le Covid-19. De son côté, Abbott Labs (ABT +6,4%) dispose désormais d'un test de dépistage du coronavirus qui prend seulement 5 minutes pour produire son résultat. Du côté obscur de la cote, on retrouve les banques, qui font le deuil de leurs dividendes à l'avance, l'Europe montrant l'exemple. En plus avec un rendement de l'emprunt US à 10 ans qui vient brièvement toucher les 0,60% en séance hier, ça n'aide pas vraiment. Ce matin il est de retour à 0,67%.

L'indice Dow Jones repasse au-dessus des 22'000 points, le SPX récupère les 2600 et revient se positionner tout près de sa prochaine résistance Fibonacci, qui se situe à 2645 points (2626 en clôture). Techniquement, si la résistance est cassée, le prochain point important se situe à 2790 points. Le Dow est en hausse de 15% depuis semaine passée mais perd encore 20% depuis 19 février. Notons aussi que la hausse d'hier n'est en aucun cas attribuable à des couvertures de shorts (positions vendues à découvert). Au contraire, il semble que de nouveaux shorts aient été ouverts hier. Le sentiment du marché est clairement en train de s'améliorer, lentement mais surement. Personne ou presque ne prête attention à l'horrible statistique de la Fed de Dallas, dont l'indice manufacturier s'écroule à -70 contre des attentes à -10...Il faut dire que la fin du trimestre est pour ce soir, de nombreux fonds de pension doivent probablement encore rééquilibrer leur allocation au profit des actions et au détriment des obligations.

La volatilité recule encore un peu, l'indice VIX (volatilité du SPX) baisse de 13% à 57. Pour les amateurs d'analyse technique, sa courbe Bollinger du haut est en train de se retourner et indique une direction vers le niveau de 48. Quoi qu'il en soit, il est bon de voir la volatilité refluer et de garder en même temps en tête qu'elle reste très élevée. Il faut garder la tête bien froide dans ce contexte.

Le pétrole traite au plus bas depuis 18 ans hier. Le WTI Light Crude vient brièvement renifler l'ambiance en-dessous des 20 dollars le baril pour revenir à 21,25 dollars ce matin, encouragé par une conversation téléphonique qui a eu lieu hier entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Il lui en faut peu...Cela dit on peut comprendre cet appel, un baril à 20 dollars n'est pas soutenable pour les deux pays à terme et la quarantaine globale implique probablement la plus importante chute de la demande (globale) de l'histoire. Et si en plus du côté de l'offre on ne s'entend pas pour réduire la production...

Ce matin le monde de la finance se réveille avec la douce impression que quelque chose pourrait bien être en train de changer. Cela a débuté en Chine où l'activité du secteur manufacturier a rebondi de manière inattendue en mars après s'être contractée à un plus bas historique. L'indice PMI manufacturier officiel a progressé à 52 en mars après avoir chuté à 35,7 le mois précédent, revenant ainsi au-dessus du seuil de 50 qui sépare contraction et expansion de l'activité. Les attentes des économistes se situaient à 45.

En Italie, le confinement pourrait être prolongé jusqu'au 4 mai, selon La Stampa, une décision frustrante pour les citoyens le cas échéant mais probablement désormais acceptée à contrecoeur par les marchés, l'idée étant de reculer pour mieux sauter. De son côté l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique qu'elle voit des signes de stabilisation de la pandémie en Europe. L'Italie a rapporté le plus petit nombre de nouveaux cas en près de deux semaines, l'OMS a de «fervents espoirs» que le pic approche en Italie comme en Espagne. Pour sa part, le Danemark devient le premier pays européen a fixer un calendrier de redémarrage de son économie, après Pâques et de façon graduelle. L'espoir renait dans les marchés et ceux-ci anticipent toujours les mouvements bien à l'avance. D'innombrables personnes sont toujours en souffrance dans le monde et ne voient pas le bout de leur tunnel, les marchés sont déjà presque en train d'en sortir.

On prend graduellement conscience que la récession est ou sera violente. Le marché a-t-il intégré cette idée-ci? Les avis divergent à ce sujet, aussi quant à quel sera le rythme de la reprise. Dès demain, le mois d'avril débutera durant lequel la communauté des investisseurs va tenter d'évaluer du mieux qu'elle le peut l'impact de cette pandémie sur la croissance, en quantité et en durée. Pour ce faire une série de statistiques économiques seront publiées, dont notamment les indices des directeurs d'achats (PMIs) et les créations d'emplois au mois de mars aux Etats-Unis, ce vendredi.

H de Hawai? les ministres du commerce du G20 se réunissent et déclarent vouloir prendre des «mesures nécessaires immédiates». Je ne suis pas convaincu que, dans un contexte de besoin urgentissime de masques, de gants et d'appareils respiratoires, ce genre de déclaration rassure tout son monde...

Une séance chargée en indicateurs macroéconomiques aujourd'hui, en particulier consommation des ménages et inflation en France, emploi allemand (9h55), estimation de l'inflation dans la zone euro (11h00), puis aux Etats-Unis indice PMI de Chicago (15h45) et indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00). Ce matin, la production japonaise a frémi.

Cette nuit et ce matin, les indices asiatiques traitent majoritairement dans le vert, à l'exception de Tokyo, qui recule de 0,88% en clôture. Hong Kong progresse de 1,16%, Shanghai de 0,2% et Séoul de 2,18%. Le future SPX se paie le luxe d'avancer d'encore 0,4% et l'Europe est indiquée en hausse de 1,4%.

Total ne demandera pas l'aide de l'Etat «par esprit de solidarité»... envers ses actionnaires? Ford et General Electric devraient produire environ 50'000 respirateurs sous 100 jours.

Je vous laisse avec Zoom, une société californienne de téléconférence qui est en hausse de plus de 40% depuis le 19 février (malgré les innombrables critiques dont elle fait l'objet sur les ondes de la RTS...). Zoom pèse désormais 42 milliards de dollars en bourse. A elle seule, elle est plus lourde que toutes les compagnies aériennes américaines réunies, ça laisse songeur. Durant la grande crise financière entamée en 2008, Harley Davidson avait brièvement dépassé General Motors en capitalisation boursière. Les situations de crise ouvrent toujours la voie à des exagérations boursières.

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