Gonet: l'actualité des marchés au 13 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,56%, S&P 500 +0,93%, Nasdaq +1,53%, Russell 2000 +0,40%, SOX +3,31%, Eurostoxx +0,62%, SMI +0,42%.

J’ai connu un ours un jour…Hier la grande traque aux plantigrades monte en puissance, les taureaux investissent Wall Street et réalisent un véritable carnage. C’est une pluie de records qui s’abat sur les indices, tous pointant vers le haut.

Mais commençons par le début et une journée de lundi qui débute dans le calme, on se prépare à une semaine intense dans les salles de marchés, l’indice américain de prix à la consommation (CPI) sera publié cet après-midi et une farandole de banques centrales est au menu (Fed, BCE, Banque du Japon). L’indice S&P500 (SPX) attend patiemment que la vieille Europe aille au dodo, puis se met doucement en mode Space-X, après qu’on eut appris que le marché obligataire a aisément digéré 200 milliards de dollars d’émissions de Notes et de Bills par le Trésor des Etats-Unis. On se positionne de plus en plus en vue d’un CPI favorable, le FOMO (Fear Of Missing Out) fait son retour et les mastodontes de la tech continuent de tirer le reste de la cote vers le haut. Le podium du jour du SPX se compose de la tech, de la consommation discrétionnaire et des services de communication. Phénomène intéressant, la volatilité remonte, le VIX gagne 8,6% et clôture juste au-dessus de 15, ce qui est rassurant, les investisseurs achètent de la protection, la complaisance se dissipe quelque peu.

Le SPX revient à son meilleur niveau depuis avril 2022, il casse en clôture le niveau de 4325 points, son top en séance du 16 août 2022, qui l’avait envoyé mille points plus bas en deux mois, clôture hier 4338 points, prochaine grosse étape 4500 – 4505 points, soit 76,4% de retracement Fibonnacci de la baisse de 4818 points à 3491 points. Le Nasdaq100 (NDX) accélère à la hausse, il revient en territoire suracheté mais son momentum reste fort, sa prochaine résistance se situe à 15'272 points, clôture hier soir à 14'784 points. Le NDX surperforme ses pairs une fois de plus, porté notamment par Tesla (TSLA +2,22%) qui grimpe pour la 12e séance d’affilée, l’adoption par GM des chargeurs Tesla résonne comme un «game changer» dans l’industrie, Ford avait déjà montré la voie, il semble que la firme d’Elon Musk soit en train de gagner la bataille des bornes de recharge. En parlant d’énergie, le secteur boude la fête hier, pénalisé par un pétrole qui ne sait plus monter, le baril de WTI Light Crude recule à 67,46 dollars. Le dollar est plutôt faible, la paire EUR/USD revient tout près de 1,0800, l’or stagne à 1963 dollars et les rendements obligataires reculent, signe d’une forte demande dans les nouvelles émissions de Janet Yellen, le 2 ans revient à 4,55%, le 10 ans à 3,73%.

Notez qu’Apple clôture à son plus haut niveau de tous les temps, le titre semble en passe d’accélérer encore un peu plus et Tim Cook n’a pas mentionné le terme «IA» une seule fois lors de la keynote de plus de deux heures de la semaine passée, imaginez un instant s’il le faisait? Isaac Newton doit en faire des cauchemars dans sa tombe…

En ce qui concerne les valeurs individuelles, les grandes entreprises technologiques progressent bien, avec notamment Amazon (AMZN +2,54%) et META +2,3% qui tirent leur épingle du jeu. Les compagnies aériennes décollent de 2,35%, tout comme les croisiéristes. Les semi-conducteurs SOX +3,3% sont solides après deux semaines de performances moyennes. Broadcom (AVGO +6,3%) se distingue grâce à l'approbation attendue de l'UE pour l'acquisition de VMW. Les logiciels montent largement, en particulier Oracle (ORCL +6,1% en séance régulière, +3,5% après la clôture) grâce à ses titres sur l'intelligence artificielle. Les secteurs de l'automobile, des grands magasins et de la vente au détail de produits liés au logement sont pour la plupart plus vigoureux.

Goldman Sachs relève son objectif pour le SPX de 4000 à 4500 points, reflétant une probabilité de récession américaine plus faible (25% de probabilité de récession contre 65% de consensus). Bank of America note que le SPX a historiquement prolongé ses gains dans les 12 mois suivant l'entrée dans un nouveau marché haussier, comme cela a été le cas la semaine dernière. Jefferies mentionne un signal négatif potentiel de la forte hausse de l'écart AAII bull-bear (en hausse de 20 pp à +20%), qu'il attribue en partie à l'accord sur le plafond de la dette. La banque note que les hausses importantes et soudaines du sentiment tendent à précéder de moins bonnes performances, la performance moyenne sur 12 mois pour le SPX n'étant que de +340 points de base. Morgan Stanley n'est pas d'accord avec les appels à la fin du marché baissier suite au gain de 20% du SPX, soulignant son estimation du bénéfice par action du SPX pour 2023, très en dehors du consensus de 185 dollars.

Selon l’agence Bloomberg, l'inflation américaine a probablement suffisamment ralenti en mai pour permettre à la Fed de faire une pause demain soir. La croissance du CPI devrait ralentir à 0,1% d'un mois sur l'autre et à 4,1% d'une année sur l'autre, avec un indice de base à 5,2%. Une surprise à la hausse pourrait inciter la Fed à prolonger son cycle de resserrement, mais Citi pense que cela est peu probable. Le stratège Raghav Datla s'attend à un écart à la baisse, car le marché sort de deux publications consécutives inférieures aux prévisions. L'agence Bloomberg Economics estime qu'un ralentissement par rapport au consensus est plus probable qu'une accélération.

Goldman observe des «signes avant-coureurs» sur les marchés de capitaux et s'attend à une reprise du flux de transactions plus tard dans l'année, déclare Richard Gnodde, directeur international de Goldman. Les entreprises et les sociétés de capital-investissement s'intéressent activement aux fusions et acquisitions, mais l'écart entre les attentes des acheteurs et des vendeurs en matière de prix est encore trop important. Ces transactions devraient s'accélérer plus tard en 2023, indique M. Gnodde.

Au menu macro-économique du jour, en Europe, l'indice de confiance des financiers allemands (ZEW) sera publié à 11h00. A 14h30, place à l'inflation américaine de mai.

Les actions Nasdaq chutent de 12% après l'accord de 10,5 milliards de dollars conclu avec Thoma Bravo pour l'acquisition d'Adenza. La FTC va déposer une injonction pour bloquer l'acquisition d'Activision Blizzard par Microsoft. JPMorgan Chase va verser 290 millions de dollars à des victimes d'Epstein. Intel en pourparlers pour être l'investisseur principal dans le cadre de l'introduction en bourse d'Arm (Softbank). Infineon songe à transférer davantage de capacités de production aux Etats-Unis, selon le FT. Google (Alphabet) va faire l'objet d'une nouvelle plainte antitrust de l'Union européenne concernant son modèle d'affaires en matière de technologie publicitaire, selon Bloomberg. Airbnb gagne 6% après le report par la ville de New York de l'application de la loi obligeant la société à s'enregistrer pour obtenir une licence. Moody's a relevé à «positive» la perspective crédit d'UBS, notée «A3» long terme. Toyota commercialisera à partir de 2026 des véhicules électriques à batterie de nouvelle génération construits par sa nouvelle unité EV. Diablo IV (Activision Blizzard) dépasse… 666 millions de dollars de ventes mondiales cinq jours après son lancement.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en bonne hausse. Tout le monde attend sagement le trio de banques centrales Fed, BCE, Banque du Japon, mais la Chine prend tout le monde de court. On apprend ce matin que Pékin envisage une large relance avec un soutien immobilier et des réductions de taux, les taureaux rosissent de plaisir autour du globe. Tokyo grimpe de 1,8% à la cloche, le Topix élargi enchaine les plus hauts, tandis que le Nikkei225 traite à un top en 33 ans. Hong Kong avance de 0,67%, Shanghai grappille 0,15% et Séoul monte de 0,33%.

A lire aussi...