First Republic, sans garantie sur un plan de sauvetage, s’effondre à Wall Street

AWP

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L’action clôture sur une chute de 43%, à 3,51 dollars, ce qui valorise la banque à 654 millions de dollars, alors qu’elle en valait plus de 20 milliards en début d’année.

La banque régionale américaine First Republic a de nouveau plongé vendredi à Wall Street après un court répit, les rumeurs sur une stratégie ou un plan de sauvetage se multipliant sans toutefois se concrétiser pour l’instant.

L’action a fini en baisse de 43% à la Bourse de New York, à 3,51 dollars, après avoir été suspendue à plusieurs reprises en cours de séance pour une volatilité trop importante.

Cela la valorise 654 millions de dollars, alors qu’elle en valait plus de 20 milliards en début d’année et plus de 40 milliards à son pic en novembre 2021.

Le sort de First Republic est en suspens depuis les défaillances rapprochées de trois banques américaines aux profils similaires début mars, c’est-à-dire concentrées sur une clientèle et/ou une zone géographique particulière.

Les autorités et d’autres établissements financiers étaient peu après venus à sa rescousse pour éviter qu’elle ne connaisse le même sort que Silicon Valley Bank et Signature Bank, à savoir la faillite après des retraits massifs soudains de la part de leurs clients.

First Republic a confirmé lundi soir que nombre de ses clients avaient aussi retiré des dépôts, plus de 100 milliards de dollars au total au premier trimestre.

Elle a pu compter sur les 30 milliards apportés par les autres banques dans ses comptes mais c’est insuffisant aux yeux des investisseurs, qui ont fait plonger l’action mardi et mercredi avant de lui accorder un répit jeudi.

La direction a bien présenté lundi soir quelques mesures visant à renforcer la santé financière de la banque. Elle a aussi souligné qu’elle étudiait des «options stratégiques» mais sans donner beaucoup de détails.

Intervention des autorités? Vente de la banque dans son ensemble ou de seulement certains actifs? Statu quo en misant sur une baisse prochaine des taux d’intérêt? Les rumeurs abondent depuis sur les possibles solutions mais sans aucune annonce officielle.

Action à zéro?

Pour Alexander Yokum, du cabinet CFRA, les deux scénarios les plus probables sont une prise de contrôle de l’établissement par les autorités avant d’en vendre les actifs à un prix réduit, ou qu’une ou des banques rachètent certains actifs de First Republic.

Les autorités pourraient toutefois être réticentes à sauver une troisième banque en peu de temps.

Le problème est qu’avec SVB et Signature Bank, l’agence qui garantit les dépôts bancaires aux Etats-Unis (FDIC) a suscité l’idée que tous les dépôts étaient protégés, y compris ceux au-delà de la limite légale des 250.000 dollars, alors qu’elle n’en a pas légalement l’autorité, a remarqué Sheila Blair, ancienne patronne de cette agence.

Si la FDIC ne le fait pas, «cela pourrait surprendre les gens et être perturbateur», a-t-elle ajouté alors qu’elle était interrogée sur la chaîne CNBC au sujet d’un risque de contagion au reste du secteur bancaire.

L’hypothèse d’un rachat de certains actifs par d’autres banques fait de son côté face à des obstacles importants dans la mesure où une majorité des prêts accordés par First Republic sont des prêts immobiliers à taux fixes, qui ont donc perdu de la valeur avec la récente hausse des taux d’intérêt, explique Alexander Yokum.

Le scénario d’un rachat simple par une autre banque est, pour une raison similaire, peu probable à ses yeux: le nouveau propriétaire devrait immédiatement intégrer dans ses comptes le fait que les actifs de First Republic liés à des taux fixes comme les prêts immobiliers ou les bons du Trésor ont perdu de la valeur.

Eric Compton, du cabinet Morningstar, a estimé dans une note jeudi que la banque ne valait presque plus rien en Bourse.

«A ce stade, nous estimons qu’il y a une forte probabilité que la banque ne s’en sorte pas et, même si First Republic survit, nous pensons que la dilution des actionnaires existants nécessaire pour redresser le bilan de la banque conduirait l’action à valoir zéro», y écrit-il.

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