Europe first!

Igor de Maack, DNCA

2 minutes de lecture

Une croissance mondiale soutenue par la zone euro.

Au plus haut depuis 10 ans, la croissance économique mondiale, donne lieu à des anticipations encore positives. La Banque Centrale Européenne (BCE) révise ses attentes pour 2018 de 1,8% à 2,3% dans la zone euro ainsi que la Réserve Fédérale Américaine (FED) de 2,1% à 2,5% pour la même période. Les indicateurs avancés, toujours bien orientés, offrent une visibilité excellente sur le 1er semestre. L’IFO, par exemple, demeure à son plus haut historique.

L’output gap s’est refermé et le marché du travail donne déjà quelques signes de tension dans les pays les plus dynamiques (Etats-Unis, Allemagne mais aussi dans les pays limitrophes, Pologne, Hongrie, etc.). Le chômage va poursuivre sa décrue. Ce sont chaque mois près de 100 000 chômeurs de la zone euro qui vont retrouver une activité et contribuer à la croissance. L’outil de production, aussi, apparait particulièrement sollicité en Europe et des investissements significatifs doivent voir le jour.

Depuis fin 2015 la croissance de la zone euro est supérieure à celle des États-Unis. Elle sera encore proche en 2018. Pour la première fois depuis 25 ans, elle n’est pas soutenue par le déficit budgétaire et par des politiques de relance, alors que cela restera le cas aux Etats-Unis et au Japon en 2018.

«L’outil de production, aussi, apparait particulièrement sollicité en Europe
et des investissements significatifs doivent voir le jour.»

La France est un des pays qui offre la meilleure visibilité politique ainsi qu’une dynamique et un climat économique très favorables. La confiance est là.

La croissance japonaise donne, elle aussi, le sentiment d’être repartie durablement, pour la première fois depuis 25 ans. Celle de la Chine, certes en ralentissement très graduel, reste parfaitement pilotée. Sur les pays émergents, si cela va mieux, le retour des tentations protectionnistes, apparait toujours comme une épée de Damoclès pour certains d’entre eux.

La thématique de l’inflation, sous-pondérée par les marchés depuis une dizaine d’années, sera essentielle en 2018. La hausse des prix sera progressive et probablement plus importante aux États-Unis, où le cycle est plus avancé. Un léger regain d’inflation devrait permettre aux Banques Centrales de valider la pertinence de leurs modèles et de leurs interventions passées. L’heure de vérité a maintenant sonné pour encore renforcer leur crédibilité.

Le Dollar plus faible d'ici à 12 mois

Toute sortie de capitaux de la zone euro représente un risque. Avec des déficits jumeaux qui dépassent 6% du PIB aux Etats-Unis, le dollar pourrait, en effet, être plus faible d’ici à 12 mois. La zone euro est quasiment en double-excédent, commercial et budgétaire, à l’exception de la France. L’euro est ainsi une monnaie forte qui va continuer à s’apprécier à moyen terme.

«Chi va piano va sano e va lontano». La tendance à la restriction monétaire, lente mais continue, est le signe d’un retour à la normale. Les Banques Centrales veillent à ce que l’huile qu’elles mettent dans les rouages pour faire tourner le moteur de la croissance ne se transforme pas en huile sur le feu. Pour elles, l’enjeu est peut-être de se montrer un peu moins «lisibles» pour prévenir les bulles naissantes.

Le couple rendement-risque est peu attractif sur les obligations. Sans croire au scénario de krach obligataire, il convient de rester vigilant sur la classe d’actifs qui touche un plancher en termes de rendement. La sécurité et la rareté font, cependant, que la dette d’État restera chère. Sa décorrélation aux actions justifie pourtant sa place dans une allocation d’actifs à des fins de diversification. Les titres indexés sur l’inflation sont à privilégier dans une logique de regain, même modéré, de la hausse des prix.

Les obligations corporate voient s’accumuler les risques de liquidité, de volatilité et de défaut. La catégorie investment grade, qui est la plus sécurisée, ne rapporte, par exemple, que 0,2% en taux nominal sur les maturités courtes, de 3 à 5 ans.

Le maître-mot pour trouver de la valeur en 2018 sera la mobilité, notamment sur les émetteurs d’obligations convertibles. La poursuite d’une normalisation monétaire en douceur doit, au contraire, inciter les épargnants à prendre un peu plus de risque sur les marchés actions.