Le taux d’emprunt à dix ans de l’Italie s’est tendu jeudi, reflétant les inquiétudes des investisseurs concernant la conjoncture du pays, tandis que ceux des autres pays européens ont peu varié.

Nous observons «une tension des obligations périphériques (des pays les plus fragiles de la zone euro, NDLR) depuis plusieurs jours et notamment de l’Italie», a observé auprès de l’AFP Nicolas Forest, directeur de la gestion obligataire chez Candriam.

Ainsi l’écart entre le taux italien à dix ans et le taux allemand de même échéance («spread») «est passé en quelques jours de 237 à 270 points, soit son niveau le plus élevé depuis le mois de février», a-t-il ajouté.

Cette hausse du rendement italien «s’explique par un certain nombre de remous politiques et des tensions, notamment avec la banque nationale italienne», selon M. Forest.

Par ailleurs, l’agence de notation financière Standard and Poor’s doit actualiser vendredi sa notation de l’Italie, «or nous ne pouvons pas exclure que cette dernière soit révisée à la baisse dans la catégorie BBB-, même si cela n’est pas anticipé aujourd’hui par le marché», a estimé M. Forest.

«Si jamais nous avions une révision à la baisse de la note de l’Italie, nous pourrions nous attendre à un mouvement d’écartement du +spread+ significatif», a complété le spécialiste.

La coalition populiste au pouvoir à Rome a adopté cette semaine un ensemble de mesures, notamment des déductions fiscales à destination des entreprises, afin de tenter de relancer la croissance exsangue de la péninsule.

L’Italie est entrée en récession au second semestre 2018 et les experts ne sont guère optimistes pour cette année, les pronostics oscillant entre la poursuite de la récession ou une très faible hausse du Produit intérieur brut (PIB).

Quant à l’Espagne, «il semble que les investisseurs ne s’inquiètent pas des élections législatives (programmées dimanche) car ils pensent que le PSOE (le parti socialiste du chef du gouvernement Pedro Sanchez, NDLR) va gagner, d’une part, et que, d’autre part, cela n’aura finalement pas beaucoup d’impact à court terme», a indiqué M. Forest.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a fini sans grand changement, à -0,012% contre -0,013% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a légèrement progressé, à 0,367% contre 0,345%, à l’instar de celui de l’Espagne, à 1,085% contre 1,070%.

La hausse a été en revanche plus prononcée pour le taux à dix ans de l’Italie, à 2,686% contre 2,632%. 

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique s’est légèrement détendu, à 1,153% contre 1,175%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se stabilisait, à 2,527% contre 2,518% mercredi, celui à 30 ans montait, à 2,948% contre 2,934%. Celui à deux ans s’établissait à 2,322% contre 2,318%.