Bonds Europe: nouvelle tension sur le marché de la dette

AWP

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Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Italie s’est nettement tendu à 3,424% contre 3,329% jeudi soir.

Les taux d’emprunts obligataires européens se sont à nouveau tendus vendredi, entraînés par la remontée des taux américains dans un contexte de bonne santé économique.

«Les Etats-Unis mènent la danse. Comme les taux américains remontent, les taux européens sont tirés à la hausse», explique Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis, interrogé par l’AFP.

Le mouvement de vendredi est, selon lui, «lié aux chiffres du chômage américain», avec un taux de chômage américain tombé à 3,7%, soit un plus bas niveau depuis décembre 1969.

Ces bons chiffres, qui s’ajoutent à d’autres indicateurs positifs publiés cette semaine, montrent que «l’économie américaine est en pleine forme et qu’elle n’a pas du tout besoin de taux d’intérêts très bas pour la soutenir», observe l’analyste.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a déjà relevé ses taux directeurs trois fois cette année, les portant à leur plus haut niveau depuis dix ans.

«Moins il y a de chômage, plus il y a de chances de voir les salaires augmenter et l’inflation accélérer», souligne M. Robin.

Par conséquent, «les investisseurs anticipent une normalisation plus rapide des taux d’intérêts», estimant que «la Banque centrale américaine est loin d’en avoir fini avec la hausse des taux», ajoute-t-il.

Ce mouvement de tension sur les rendements s’est répercuté sur les dettes des pays de la zone euro et en premier lieu sur les taux d’emprunts obligataires italiens.

«Les taux italiens montent plus que les taux grecs, ce qui signifie que la dette italienne est perçue comme plus risquée que la dette grecque», souligne M. Robin.

La dette grecque est la plus élevée de l’Union européenne (environ 180% de son PIB) et Athènes, après huit ans de crise, de plans d’aide et d’austérité, a obtenu en juin un allongement de dix ans des échéances de remboursement d’une grande partie de sa dette.

La dette globale de l’Italie représente plus de 130% de son PIB. Le gouvernement populiste italien s’est finalement résolu mercredi à abaisser sa prévision de déficit public, au moins à partir de 2020, dans l’espoir d’apaiser les craintes des marchés et de la Commission européenne.

Son projet initial prévoyait un déficit public à 2,4% du Produit intérieur brut (PIB) pour les trois prochaines années.

«En priorité, les investisseurs vendent de la dette italienne car ils considèrent que c’est celle qui est en ce moment la plus risquée avec les discussions budgétaires italiennes et un peu le sentiment anti-européen», a constaté M. Robin.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Italie s’est nettement tendu à 3,424% contre 3,329% jeudi à la fin de la séance sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Les pays considérés comme les plus solides en zone euro n’ont pas échappé au mouvement. Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a progressé à 0,573% contre 0,531%, celui de la France à 0,905% contre 0,874%.

Le rendement de même maturité de l’Espagne s’est également accru à 1,577% contre 1,563%, tout comme celui de la Grèce à 4,511% contre 4,496%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans est également monté à 1,722% contre 1,669%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis se tendait à 3,233% contre 3,187 jeudi, tout comme celui à 30 ans à 3,398% contre 3,348%. Le taux à deux ans s’établissait pour sa part à 2,893% contre 2,868%.

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