Le marché de la dette s’est tendu jeudi, après de bons chiffres de croissance aux États-Unis qui ont conduit les investisseurs à se demander si la Réserve fédérale américaine ne serait pas du coup moins patiente.

«Le PIB américain en 2018 a dépassé les attentes, tout comme la croissance de l’activité économique dans la région de Chicago», a souligné auprès de l’AFP Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.

La croissance de l’économie des États-Unis a atteint 2,9% en 2018, un niveau inédit depuis 2015. Publiée peu après, celle de l’activité économique dans la région de Chicago a aussi surpris positivement, avec un net rebond en février.

«L’enchaînement de ces deux indicateurs a fait baisser la probabilité que la Fed ne fasse rien» et le marché, jusque-là «très attentiste», a commencé à se tendre, a-t-il ajouté.

«Les investisseurs attendent par ailleurs désormais des nouvelles du côté du Brexit et du côté des discussions entre la Chine et les Etats-Unis», selon lui.

Sur le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, a-t-il poursuivi, «même si nous avons eu la confirmation qu’il n’y aurait pas un Brexit sans accord dès le 29 mars, la menace ne disparaît pas tout à fait, le marché reste donc prudent» sur ce point.

Les députés britanniques ont en effet apporté leur soutien mercredi à la nouvelle stratégie de la première ministre, Theresa May, sur le Brexit, qui pourrait déboucher sur un report de la date du divorce, prévu pour le 29 mars.

Concernant le conflit commercial Etats-Unis-Chine, «les investisseurs sont également dans l’attente. Les deux pays ne semblent plus avoir envie de se faire la guerre, pour autant», les difficultés sont encore nombreuses, a estimé M. Robin.

Après l’optimisme des derniers jours, le représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer, a en effet refroidi l’atmosphère en affirmant mercredi qu’il restait «encore beaucoup à faire» avant de nouer un accord commercial avec la Chine.

«Le fait que cela ne suffise pas aux Américains que les Chinois s’engagent à acheter plus de leurs produits» fournit une illustration de la complexité du dossier, car «cela aurait constitué une façon plus facile de sortir du conflit», a complété M. Robin.

À 18H00 (17H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a progressé à 0,183%, contre 0,148% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France est également monté à 0,569%, contre 0,551%, tout comme celui de l’Espagne à 1,173%, contre 1,159%, tandis que celui de l’Italie a un peu reflué à 2,752%, contre 2,785%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans a grimpé à 1,302%, contre 1,274%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans montait également à 2,717%, contre 2,683% mercredi, à l’instar de celui à 30 ans, à 3,089%, contre 3,065%. Celui à deux ans s’établissait pour sa part à 2,522%, contre 2,498%.