Les taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe ont poursuivi leur détente mardi, entraînés par l'Italie, dans un contexte géopolitique plus apaisé, permettant aux investisseurs de retrouver le goût du risque.

«Le mouvement de détente de lundi s'est poursuivi», a commenté auprès de l'AFP Guillaume Rigeade, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

Il a notamment été alimenté par une nouvelle concernant l'Italie. L'agence de notation financière Moody's a annoncé lundi en fin de journée qu'elle étendait sa période d'examen de la note de la dette italienne afin d'avoir «une meilleure visibilité» sur la situation du pays.

«Cette annonce a été perçue comme très positive par le marché, elle met une pression positive sur le gouvernement italien», qui doit présenter à la rentrée son budget 2019, a estimé M. Rigeade.

Fin mai, face aux mesures «coûteuses» programmées par la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, Moody's avait décidé de placer sous surveillance la note de l'Italie, en vue d'une possible dégradation.

Comme l'Italie est le «pays à la sensibilité la plus élevée aujourd'hui, elle a entraîné les autres pays européens, tandis que les taux allemands se sont un peu tendus dans ce mouvement classique d'appétit pour le risque», a détaillé l'expert.

Le contexte géopolitique plus apaisé a également permis aux investisseurs de retrouver le goût du risque.

«Les points de crispation que nous observons depuis quelques temps, tels que la guerre commerciale et la crise turque, n'ont pas été alimentés ces dernières heures, alors le marché souffle un peu», a décrit M. Rigeade.

En outre, «le marché est assez optimiste sur les discussions qui vont avoir lieu entre les Américains et les Chinois», a-t-il ajouté.

Une délégation chinoise se rendra mercredi et jeudi aux Etats-Unis afin de renouer le dialogue. Il s'agit des premières discussions du genre depuis le début de la guerre commerciale que se livrent les deux premières puissances mondiales.

Si le président américain Donald Trump a indiqué ne «pas en attendre grand chose», Pékin a assuré mardi «garder espoir» sur l'issue de ces pourparlers.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a légèrement progressé, s'établissant à 0,331% à 18H00 (16H00 GMT) contre 0,302% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même tendance, terminant à 0,672% contre 0,653%.

A l'inverse, le taux d'emprunt à dix ans de l'Italie s'est détendu à 2,988% contre 3,014%, tout comme celui de l'Espagne à 1,368% contre 1,390%, et celui du Portugal à 1,772% contre 1,794%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans est monté à 1,267% contre 1,223%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à dix ans des États-Unis progressait à 2,841% contre 2,819% lundi, à l'instar de celui à trente ans à 3,006% contre 2,985%. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,600% contre 2,585%.