Les dettes des pays du sud de l’Europe se sont octroyé un petit répit jeudi, après des séances de tension provoquées par l’arrivée d’une nouvelle coalition antisystème en Italie.

«Le marché de la dette fait une petite pause aujourd’hui même si les investisseurs ne sont sans doute pas au bout de leurs craintes» concernant les évolutions politiques en Italie, a souligné auprès de l’AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche chez SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

«Le marché obligataire reste attentiste et surveille la constitution du nouveau gouvernement italien», a-t-il complété.

Giuseppe Conte, chargé de former le prochain gouvernement italien, s’est attelé jeudi à la composition de son équipe, qui fait l’objet d’âpres négociations entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite).

Le nom qui pose le plus de problèmes est celui que la Ligue veut imposer pour le portefeuille de l’Economie: Paolo Savona, un ancien ministre (1993-1994) de 81 ans qui considère l’euro comme une «cage allemande» pour l’Italie.

«La situation n’est pas encore très grave et à ce stade les investisseurs n’envisagent pas un scénario catastrophique similaire à celui de la Grèce en 2011, mais les inquiétudes sont palpables», selon M. Lesné.

Pour autant, selon lui, le marché obligataire bénéficie de deux soutiens, à commencer par le fait que «les dernières nouvelles macroéconomiques ne sont pas aussi bonnes qu’attendu», ce qui pousse plutôt les investisseurs vers le refuge de la dette.

En outre, «comme les performances ont été bonnes en mai sur les actions, certains acteurs sont enclins à prendre quelques bénéfices et à se repositionner sur des actifs plus sûrs, comme les obligations», a-t-il ajouté.

A 18h00 (16h00 GMT), le taux d’emprunt à dix ans de l’Italie s’est stabilisé à 2,399% contre 2,401% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de l’Espagne a largement reflué, terminant à 1,392% contre 1,444%, tout comme celui du Portugal à 1,904% contre 1,956%.

Le rendement de même maturité de l’Allemagne a également reculé à 0,472% contre 0,507%, à l’instar de celui de la France à 0,759% contre 0,807%. L’annonce du président américain Donald Trump qu’il annulait son sommet avec le leader nord-coréen Kim Jong Un a en effet créé une petite aversion pour le risque, au profit du marché obligataire.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans a clôturé à 1,401% contre 1,439%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis reculait légèrement à 2,969%, contre 2,994% mercredi, comme celui à 30 ans à 3,120%, contre 3,152%. Le taux d’emprunt américain à deux ans s’établissait pour sa part à 2,504%, contre 2,523%.