Bonds Europe: le taux italien signe un nouveau plus bas historique

AWP

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Le taux d’emprunt italien à dix ans a signé un nouveau plus bas jeudi, sur fond de formation d’un gouvernement soutenu par une majorité inédite.

Le taux d’emprunt italien à dix ans, passé mercredi sous le seuil des 1% pour la première fois de son histoire, a signé un nouveau plus bas jeudi, sur fond de formation d’un gouvernement en Italie, soutenu par une majorité inédite.

«Le gros mouvement (sur le marché obligataire) revient bien évidemment à l’Italie avec un taux d’emprunt à dix ans qui évolue en dessous de 1%», a résumé auprès de l’AFP René Defossez, stratégiste obligataire de Natixis. 

Le rendement obligataire de l’Italie à échéance dix ans a en effet baissé dans la matinée jusqu’à 0,915%, contre un précédent plus bas historique de 0,975% la veille.

Le Premier ministre sortant Giuseppe Conte a accepté jeudi de former un gouvernement basé sur une majorité inédite entre les sociaux-démocrates et les inclassables 5 Etoiles, oeuvrant pour une Italie «plus juste» et un «retour au premier plan en Europe»

«Même si tout est loin d’être réglé, le fait d’éviter des élections anticipées (en Italie) est quand même une bonne nouvelle pour le marché», a expliqué M. Defossez, ce qui encourage l’appétit des investisseurs pour la dette italienne.

«Le fait aussi que la coalition (gouvernementale) soit plutôt considérée comme favorable au marché, avec la partie démocrate qui est assez orthodoxe sur le plan budgétaire», est perçu positivement par les investisseurs, selon lui.

Les rendements obligataires des autres pays de la zone euro ont de leur côté légèrement progressé, au lendemain d’une nouvelle plongée les ayant vu toucher également des planchers historiques.

Le taux d’emprunt allemand à dix ans est ainsi descendu en séance mercredi jusqu’à -0,728% tandis que son homologue français est tombé jusqu’à -0,456%.

Par conséquent, l’écart de rendement entre le taux allemand à dix ans et le taux italien de même échéance s’est encore réduit jeudi, signant un nouveau plus bas à 160 points de base, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis mai 2018.

Les taux français et allemands se sont notamment tendus après des propos du président de la Banque centrale des Pays-Bas, Klaas Knot, qui a jugé que la situation économique de la zone euro ne justifiait pas la reprise d’un programme de rachats de dette par la BCE, selon Bloomberg, au moment même où sa future présidente, Christine Lagarde, se prononçait en faveur du maintien de la politique monétaire actuelle de soutien à l’économie menée par l’institut.

Cela suggère «des débats assez vifs quant à l’avenir de la politique monétaire de la BCE» a jugé Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance.

Probabilité accrue de «no deal»

Par ailleurs, «le marché continue à porter un oeil attentif à ce qui se passe de l’autre côté de la Manche» après la suspension du Parlement britannique en amont du Brexit, a indiqué M. Defossez.

Avec Boris Johnson, «la probabilité d’un +no deal+ s’est encore accrue, la Banque d’Angleterre va vraisemblablement assouplir sa politique monétaire et les valeurs refuges en profitent», notamment le taux britannique à dix ans, qui a lui aussi signé ce jeudi un nouveau plus bas historique, a-t-il ajouté.

Outre-Atlantique, le taux des bons du Trésor américain à dix ans restait inférieur à celui sur les obligations à deux ans, un phénomène généralement considéré comme un signe avancé de récession par les économistes.

A 18H00 (16H00 GMT), le rendement allemand à 10 ans («Bund») a très légèrement augmenté, à -0,696% contre -0,718% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise. 

Celui de la France a également terminé en petite hausse, à -0,415% contre -0,439%, tout comme celui de l’Espagne, à 0,095% contre 0,055%.

La détente s’est en revanche poursuivie pour le taux d’emprunt italien à 10 ans, qui a fini à 0,977% contre 1,039% mercredi.

Le rendement de même maturité du Royaume-Uni s’est stabilisé pour sa part à 0,433% contre 0,439% après avoir signé un nouveau plus bas historique en séance à 0,427%.

Enfin, aux Etats-Unis, le taux à dix ans remontait à 1,515% contre 1,479%, sans toutefois repasser au-dessus du taux à deux ans (à 1,526% contre 1,500% mercredi à la clôture). Le taux à 30 ans progressait à 1,995% contre 1,971%.

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