Bonds Europe: le marché de la dette continue à profiter de la guerre commerciale

AWP

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A 18H00, le bund allemand à 10 ans s’est légèrement détendu, à -0,693%.

Les taux d’emprunt en zone euro ont poursuivi leur trajectoire baissière mardi, dans un contexte toujours dominé par l’escalade de la guerre commerciale sino-américaine, qui exacerbe l’aversion au risque des investisseurs et les pousse à se tourner vers les obligations d’Etat.

«Globalement, le contexte macroéconomique et géopolitique est assez anxiogène» compte tenu de «l’escalade verbale entre la Chine et les Etats-Unis» et d’indicateurs préoccupants, particulièrement en Chine mais aussi aux Etats-Unis et en Allemagne, a résumé auprès de l’AFP Eric Bourguignon, membre du directoire de Swiss Life AM France.

La première économie de la zone euro a ainsi enregistré un recul de 0,1% de son PIB au deuxième trimestre et tous les signaux pointent en direction d’une nouvelle contraction de l’activité du trimestre en cours, ce qui ferait officiellement entrer le pays en récession.

A cela s’ajoute, selon M. Bourguignon, le fait que «la courbe des taux américaine s’est à nouveau inversée entre le taux à dix ans et celui à deux ans», ce qui, «dans le contexte actuel, alimente l’inquiétude».

«Bien que le flux de nouvelles concernant la guerre commerciale est plutôt positif aujourd’hui puisque Donald Trump a laissé entendre qu’il y avait peut-être un espoir de reprise des négociations avec la Chine, les marchés n’y croient plus», a complété le spécialiste.

Après une nouvelle escalade des tensions commerciales vendredi, Donald Trump a en effet annoncé lundi que la Chine avait indiqué à son équipe, lors d’appels téléphoniques, qu’elle souhaitait revenir à la table des négociations sur le commerce bilatéral.

De son côté, le principal négociateur chinois, Liu He, a assuré que son pays était prêt à «résoudre calmement le problème par des consultations et la coopération». Un échange téléphonique entre Chinois et Américains n’a, en revanche, pas été confirmé.

Les investisseurs sont par contre «convaincus que la croissance mondiale va ralentir fortement et que l’Amérique, à plus ou moins brève échéance, entrera en récession», a souligné M. Bourguignon.

«Pression extrême» sur les taux longs

«Vu cet environnement, la pression est extrême sur les taux longs» puisque «les marchés obligataires américains et allemands sont par excellence des valeurs refuges qui, dans le contexte anxiogène actuel, jouent à plein leur rôle», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, il faut s’attendre, a-t-il estimé, à de nouvelles baisses de taux directeurs des banques centrales, la Fed ayant ouvert la voie le 31 juillet avant la réunion de la BCE le 12 septembre.

C’est pourquoi les marchés obligataires, «dans les pays les plus solides de la zone euro, se caractérisent par des taux planchers», a encore relevé le spécialiste.

A 18H00 (16H00 GMT), le rendement allemand à 10 ans («Bund») s’est légèrement détendu, à -0,693% contre -0,672% lundi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise. 

Celui de la France a également reculé, à -0,414% contre -0,377%, tout comme celui de l’Espagne, à 0,083% contre 0,120%.

La détente a été en revanche beaucoup plus marquée pour le taux d’emprunt italien à 10 ans, à 1,138% contre 1,317% alors qu’après une phase de tension, les pourparlers ont repris mardi après-midi entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) et le Parti Démocrate (PD centre gauche) pour tenter de former une nouvelle coalition gouvernementale.

Le rendement de même maturité du Royaume-Uni s’est, quant à lui, apprécié, à 0,502% contre 0,477%, au lendemain d’un jour férié outre-Manche.

Enfin, aux Etats-Unis, le taux à dix ans baissait, à 1,483% contre 1,535%, repassant sous le taux à deux ans, qui évoluait pour sa part à 1,526%, contre 1,539% lundi à la clôture. Le taux à 30 ans reculait, de son côté, à 1,965% contre 2,035%.

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