Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Italie, et dans son sillage celui des pays du sud de l’Europe, se sont un peu détendus mardi, au lendemain d’une journée de forte tension en raison des inquiétudes que soulève la formation d’un gouvernement italien eurosceptique.

«Après le mouvement de tension sur la dette italienne hier, nous avons assisté à un peu de stabilisation aujourd’hui», a commenté auprès de l’AFP Gilles Pradere, gérant obligataire senior de RAM Active Investments, basé à Genève.

Les rendements des pays les plus solides, qui ont joué lundi leur rôle de refuge, se sont à l’inverse légèrement tendus.

Le président italien, Sergio Matarella, a demandé mardi de nouvelles consultations avant de décider s’il accepte ou non de nommer Guiseppe Conte, un juriste inconnu du grand public, proposé par le Mouvement 5 étoiles (antisystème) et la Ligue (extrême droite) pour diriger le gouvernement. Son refus imposerait de nouvelles élections.

Deux mois et demi après les élections en Italie, la coalition antieuropéenne en train de se mettre en place à Rome ne cache pas ses intentions de pratiquer une politique de relance en laissant déraper le déficit public et la dette.

«Le marché ne croit pas vraiment que ce programme puisse être appliqué puisque cela impliquerait des déficits énormes pour les finances publiques italiennes», a souligné M. Pradere.

«Il y a un peu de l’incertitude mais ce n’est pas vécu comme un risque systémique comme en 2011, lorsqu’il y avait un risque de remise en cause de l’euro», a-t-il ajouté.

Jusqu’à présent, les effets de la situation politique en Italie se sont essentiellement fait sentir sur les marchés financiers du pays, même si les taux des pays du sud de l’Europe ont subi la veille un effet de contagion.

Dans ce contexte incertain, «le marché est un peu dans l’attente», notamment de la nomination des différents ministres, en particulier de celui des Finances, a indiqué l’expert. Les investisseurs attendent également de voir quelles seront les mesures que ce gouvernement défendra.

A 18h00 (16h00 GMT), le taux d’emprunt à dix ans de l’Italie a fini en baisse à 2,328%, contre 2,390% lundi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de l’Espagne a aussi reculé à 1,457%, contre 1,508%, tout comme celui du Portugal à 1,962%, contre 2,005%.

En revanche, le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne a progressé à 0,560%, contre 0,523%. Celui de la France a effectué un mouvement moins marqué à 0,832%, contre 0,818%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans a augmenté à 1,523%, contre 1,476%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis montait légèrement à 3,074%, contre 3,060% lundi, comme celui à 30 ans à 3,216%, contre 3,202%. Le taux d’emprunt américain à deux ans s’établissait pour sa part à 2,570%, contre 2,566%.