Bonds Europe: la dette continue à servir de refuge aux investisseurs

AWP

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Le taux d'emprunt à 10 ans de l’Allemagne a touché un nouveau plus bas historique à -0,219%.

Le marché de la dette a continué à servir de refuge aux investisseurs anxieux face à l’intensification du conflit commercial sino-américain, et les taux d’emprunts de l’Italie n’ont cette fois pas fait exception.

«Il est évident que l’aversion au risque est en train de croître, du fait des risques accrus liés à l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine», a observé auprès de l’AFP Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires de AllianzGI.

Et ce contexte offre un soutien conséquent aux titres de dette des pays de la zone euro, dont les taux d’emprunt sont à «48% en territoire négatif», a complété l’expert.

Le taux d’emprunt allemand à dix ans, ou «Bund», qui fait référence sur le marché de la dette européenne, a encore amélioré son record historique en touchant un nouveau plus bas en séance à -0,219%.

Vendredi il avait dépassé son précédent plus bas du 6 juillet 2016 (-0,205%).

«Les investisseurs commencent en outre à faire le tri» et des pays comme l’Espagne ou le Portugal ne sont plus pénalisés par des «surréactions à chaque nouvelle, bonne ou mauvaise», ce qui n’est en revanche pas le cas de l’Italie, selon M. Dixmier.

«Symptôme d’une volatilité qui commence à être plus importante, l’Italie fait l’objet d’ajustements» assez significatifs d’une séance à l’autre, a-t-il noté.

De fait, comme le montre l’écart (spread) important avec le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne, «la défiance des investisseurs reste importante, même si le marché n’intègre pas une véritable rupture» entre Rome et Bruxelles.

L’Italie, qui a jusqu’ici fait les frais sur le marché de la dette des querelles au sein de sa coalition gouvernementale et des tensions avec la Commission européenne sur son budget, a respiré un peu lundi, avec une belle détente.

Brèche dans le mandat de la BCE

Les investisseurs sont par ailleurs dans l’attente de la réunion de la Banque centrale européenne jeudi, et pour M. Dixmier, l’exercice s’annonce une fois de plus délicat.

«L’institution est dans l’impossibilité de normaliser sa politique monétaire, du fait de perspectives économiques mitigées, d’un environnement politique compliqué et d’une chute très brutale des anticipations d’inflation» par les investisseurs, a-t-il développé.

«Ce dernier point signifie que les investisseurs ne croient plus à la capacité de la BCE d’atteindre l’objectif d’inflation qu’elle s’est fixée, or c’est une grosse brèche dans ce qui constitue son seul véritable mandat», a-t-il souligné. 

La BCE présentera ses nouvelles projections d’inflation pour la zone euro jeudi, après les avoir rabotées en mars à 1,2% cette année.

«Et comme a priori, il y a peu de moyens» pour faire face à cette situation, a-t-il poursuivi, le marché se demande si elle va faire de la nouvelle vague de prêts géants bon marché (TLTRO) un moyen d’ajustement de sa politique monétaire» ou pas.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a fini quasiment inchangé à -0,203% contre -0,205% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a baissé à 0,198% contre 0,205%, tout celui de l’Espagne à 0,687% contre 0,710% et celui de l’Italie à 2,556% contre 2,665%.

Le taux du Royaume-Uni n’a pas fait exception, baissant à 0,860% contre 0,884%. 

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se stabilisait à 2,118% contre 2,125% vendredi, à l’instar de celui à 30 ans, à 2,563% contre 2,569%. Celui à deux ans s’établissait de son côté à 1,898% contre 1,922%.

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