Bonds Europe: forte tension sur le marché de la dette

AWP

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Suite à des commentaires de la BCE, le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne s’est fortement tendu à 0,465% contre 0,369% mardi soir.

Le marché de la dette en zone euro s’est tendu mercredi après des commentaires de responsables de la Banque centrale européenne avertissant qu’une discussion sur la fin des rachats de dettes était au programme.

Selon des déclarations mercredi de Peter Praet, le chef économiste de l’institution, l’inflation en zone euro est en effet suffisamment remontée - à 1,9% sur un an au mois de mai- pour permettre un débat sur l’abandon du vaste programme de rachats de dette lors de la prochaine réunion de politique monétaire jeudi prochain.

Depuis mars 2015, la BCE a en effet acheté pour plus de 2.400 milliards d’euros d’obligations sur le marché, et elle continue de le faire au rythme de 30 milliards d’euros par mois.

Mais ce programme de rachat d’actifs (également appelé Quantitative easing ou «QE») devrait prendre fin avant 2019, voire dès septembre, entrouvrant la voie à une future hausse des taux.

En réaction, les taux d’emprunt de la zone euro ont enregistré une forte tension sur fond d’anticipation de hausses des taux.

«La semaine dernière, il y a eu un mouvement d’aversion au risque très classique, les taux italiens se tendant violemment et les taux allemands se détendant» fortement, rappelle auprès de l’AFP Eliezer Ben Zimra, gérant allocation d’actifs et dettes souveraines chez Edmond de Rothschild Asset Management.

Mais «aujourd’hui, le marché se réajuste aux déclarations d’un officiel de la BCE disant que la fin du +QE+ serait probable d’ici à la fin de l’année», ajoute le spécialiste.

Pas de «blanc-seing»

Ces déclarations arrivent au lendemain du discours devant le Parlement du nouveau chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, qui a confirmé sa volonté de mettre en place le programme anti-austérité de la coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue.

«La BCE n’a pas envie d’influer sur la politique italienne (...) Si elle était plus accommodante, elle donnerait un blanc-seing aux populistes» italiens, décrypte M. Ben Zimra.

«Si au contraire elle disait qu’elle allait acheter moins d’obligations italiennes, ce serait une attitude mal vue face au gouvernement populiste. Donc au final, en gardant son propre discours, cela lui permet de recréer des anticipations de hausse des taux et de montrer qu’elle n’est pas affectée par ce qui se passe en Italie», résume le spécialiste.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à dix ans de l’Allemagne s’est fortement tendu à 0,465% contre 0,369% mardi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a suivi la même tendance, à 0,804% contre 0,696%, tout comme celui de l’Italie à 2,939% contre 2,789%.

Le taux d’emprunt de même échéance de l’Espagne a fini à 1,502% contre 1,396%, tout comme celui du Portugal à 1,946% contre 1,855%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans est monté à 1,374% contre 1,283%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis grimpait à 2,966% contre 2,928% mardi, comme celui à 30 ans à 3,121% contre 3,084%. Le taux d’emprunt américain à deux ans s’établissait pour sa part à 2,518%, contre 2,492%.

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