Bonds Europe: Draghi fait plonger les taux européens

AWP

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Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a fini en forte baisse à -0,320% contre -0,247% lundi. Territoire négatif que la France a rejoint brièvement pour la première fois de son histoire.

Des propos de Mario Draghi laissant la porte ouverte à une nouvelle baisse des taux de la BCE ont fait plonger mardi les taux d’emprunt en zone euro, ce qui a même valu au rendement français à dix ans de brièvement passer en territoire négatif, une première dans son histoire.

Le taux d’emprunt français à dix ans a ainsi momentanément rejoint sous le seuil de zéro celui de la dette allemande de même échéance, ou «Bund», qui fait référence, cette dernière ayant pour sa part battu un nouveau record historique à la baisse, à -0,328%.

Le rendement obligataire de la France à échéance dix ans est en effet tombé jusqu’à -0,0018% peu après 15 heures, avant de repasser en territoire positif. Les taux de même échéance de l’Autriche et de la Suède sont également passés en terrain négatif.

«Nous nous attendions à une journée relativement calme avant la Fed demain et puis Mario Draghi a fait une déclaration tonitruante à Sintra puisqu’il a clairement expliqué que la Banque centrale européenne n’hésiterait pas à agir si la conjoncture l’exigeait, que ce soit à travers une baisse des taux ou une reprise même du programme de quantitative easing (rachats massifs par une Banque centrale de titres de dettes aux acteurs financiers, NDLR)», qui avait été interrompu à la fin de l’année dernière», a expliqué auprès de l’AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France. 

«De nouvelles réductions des taux directeurs et des mesures d’atténuation visant à en limiter les effets secondaires font toujours partie de nos outils», a indiqué le président de la BCE en ouverture du séminaire annuel de l’institution se tenant à Sintra, au Portugal.

«Conséquence: nous assistons à une chute assez brutale des taux d’intérêt», a relevé M. Bourguignon. «Même s’ils étaient dans une tendance fortement baissière, il y a une accélération du processus» dans le sillage des propos de M. Draghi, a-t-il ajouté.

«D’une manière générale, l’ensemble des dettes des pays périphériques (les moins solides de la zone euro, NDLR) réagissent un peu plus fortement que le taux allemand à dix ans, autrement dit les écarts de taux entre ces pays et l’Allemagne se réduisent encore davantage», a noté le spécialiste.

Début juin déjà, lors de sa traditionnelle réunion de politique monétaire, l’institut de Francfort avait discuté d’une baisse des taux, maintenus à leur plancher historique depuis mars 2016, mais sans que cette perspective ne paraisse aussi concrète.

«Nous n’attendions pas à ce stade un tel discours, surtout qu’il intervient peu de temps après les dernières déclarations de la BCE», a complété M. Bourguignon.

Mario Draghi «avait été assez modéré dans ses propos, ne fermant aucune porte mais ne suscitant pas spécialement d’espoir exagéré alors que là, c’est plus qu’une préparation à une baisse des taux, c’est quasiment une déclaration de la prochaine baisse des taux et/ou de reprise du quantitative easing», a encore estimé M. Bourguignon.

Réunion de la Fed

En outre «cela intervient à la veille d’une décision de la Fed dont on attend aussi probablement un discours qui attisera les espoirs de relâchement monétaire», même s’il «n’est pas du tout acquis (que la Banque centrale américaine) baisse ses taux demain», a-t-il poursuivi.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a débuté mardi, sous la pression de Donald Trump et des marchés, une réunion monétaire de deux jours, qui doit se conclure mercredi à 18H30 GMT par une conférence de presse de Jerome Powell, son président, après la publication du traditionnel communiqué et de nouvelles prévisions économiques.

Peu avant le début de cette réunion monétaire, le président américain a en effet accusé la BCE et son président Mario Draghi d’affaiblir «injustement» l’euro par rapport au dollar en évoquant de possibles «nouvelles baisses» des taux européens, ce que l’intéressé a immédiatement démenti. 

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a fini en forte baisse à -0,320% contre -0,247% lundi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a terminé également sur une nette détente, à 0,009% contre 0,104%, tout comme celui de l’Espagne, à 0,393% contre 0,521%, tandis que celui de l’Italie a reflué à 2,115% contre 2,294%.

Le taux du Royaume-Uni a baissé de son côté à 0,807% contre 0,847%.

Aux États-Unis, le rendement à 10 ans se détendait nettement à 2,058% contre 2,094% lundi, celui à 30 ans baissant à 2,549% contre 2,583%. Celui à deux ans s’établissait de son côté à 1,858%, contre 1,869%.

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