Pas une semaine sans rebondissement. De la fusion avec Investlab de Credit Suisse annoncée en juin au partenariat stratégique avec BNP Paribas du 21 octobre, en passant par l’acquisition de la plateforme du Nordic Fund Market en mars et la reprise du département de recherche basé à Zurich de fundinfo en juillet, le groupe de distribution de fonds B2B Allfunds vole de nouvelle en nouvelle et prétend aujourd’hui au titre de premier réseau en Europe, voire au monde. Etabli en Espagne en 2000 sur une initiative de Banco Santander Private Bank, avec le statut de banque, – puis partiellement repris à 50% par Intesa Sanpaolo en 2003 –, Allfunds administre et offre l’accès à plus de 1550 managers sur près de 85'000 fonds de placement pour un montant de plus de 500 milliards d’euros. Présent aujourd’hui en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne, au Luxembourg, aux Emirats Arabes Unis et en Suisse (depuis 2013), à Singapour, en Amérique du Sud et en Suède, le groupe voit la composition de son capital évoluer. Point de situation avec Stig Harby, directeur général de Allfunds International Suisse.

Nous sommes au croisement mais notre priorité est d’offrir des services indépendants aux marchés financiers en wealthtech et en recherche combinés à un statut de banque de gestion et de garde dans plusieurs juridictions. Ceci dit, la technologie est au cœur de notre métier et nous innovons constamment. L’an dernier, notre première acquisition historique fut la fintech Finametrix, ce qui nous permet de mettre des services digitaux et des outils de pointe au service de nos clients.

Il est toujours difficile de porter un regard sur soi-même mais, au risque de paraitre un peu banal, je pense que le succès est venu principalement de deux facteurs: l’absence de conflit d’intérêts et l’internationalisation précoce.

Il faut se souvenir que la plupart des plateformes de distribution ont été lancées par des banques pour servir leurs propres intérêts. En conséquence, plutôt que privilégier l’ouverture et le service aux clients externes, ces plateformes hésitent souvent entre plusieurs priorités internes. En particulier, favoriser les produits financiers-maison. Certes, Allfunds a été créé par Banco Santander mais avec un statut indépendant et une complète liberté d’action qui l’a dégagé des contingences du groupe financier dont il est issu. Allfunds n’a aucun produit financier en propre et est totalement axé sur les services techniques à l'industrie des fonds d'investissement. Nous sommes également purement B2B et ne nous engagerons jamais sur le marché retail sauf en white label pour le compte de nos clients.

Allfunds s’est intéressé à la distribution transfrontalière dès ses premières années, alors que les autres acteurs restaient positionnés sur un ou deux marchés domestiques où ils se sentaient forts. Dès l’arrivée de Sanpaolo au capital en 2003, nous avons ouvert une filiale en Italie puis deux ans après une second filiale au Royaume-Uni en 2005. L’expansion géographique s’est renouvelée tous les deux ans environ: Luxembourg en 2007, Amérique du Sud en 2009, Emirats Arabes Unis en 2011, Suisse en 2013, puis à Singapour en 2016 et en Suède cette année. Nous nous sommes donc très rapidement adaptés à toutes sortes de juridictions différentes. Le succès vient d’une combinaison de facteurs mais la présence locale me parait très importante. En outre, elle réduit la volatilité du business car nous sommes ainsi moins vulnérables aux changements réglementaires ou fiscaux dans un pays particulier.

L’alliance comporte plusieurs phases mais, en résumé, Credit Suisse a cédé à Allfunds Group sa participation dans la plateforme de distribution de fonds InvestLab – une opération qui sera finalisée en janvier prochain– pour créer en commun une plateforme internationale qui gèrera plus de 570 milliards de francs. Il est prévu que Credit Suisse ait une participation minoritaire au capital de la plateforme fusionnée. Outre la distribution, cette dernière reprend également les accords de service conclus par InvestLab. Avec cette alliance, Credit Suisse devient client au même titre que simplement fournisseur de la plateforme comme il l’était auparavant.

Cet accord permettra à BNP Paribas et à Allfunds de développer des services de distribution de fonds de nouvelle génération en s'appuyant sur leurs expertises respectives. L’accord prévoit que BNP Paribas utilisera Allfunds comme canal privilégié pour l'accès au marché des fonds de placement. Il est également prévu que BNP Paribas entre au capital d’Allfunds avec une participation minoritaire.

Les deux principaux actionnaires d’Allfunds sont toujours le fonds souverain singapourien (GIC) et la société de private equity de San Francisco Hellman & Friedman comme c’est le cas depuis 2017.

Pour enrichir et renforcer notre offre à la clientèle. La plupart de nos concurrents n’offrent pas ce service or il est très précieux car il nous permet de dialoguer avec les responsables des investissements et donc nous offre un deuxième point d’entrée sur le marché. L'expertise interne en matière d'investissement est également cruciale pour la mise au point de nouveaux outils et de solutions de gestion de patrimoine à l'intention de notre clientèle professionnelle.

Oui, nous venons d’ouvrir à Stockholm suite à l’achat de Nordic Fund Market (NFM) que nous avons repris du Nasdaq. D’autres bureaux en Amérique ainsi qu’en Afrique sont à l’étude.